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24 avril 2020 |
La Revue POLYTECHNIQUE 02/2020 |
Navigation
Des hybrides sur le Léman
Georges Pop
Des bateaux dotés d’une technologie hybride assureront bientôt le transport des frontaliers entre la France et la Suisse. La CGN annonce avoir commandé deux nouvelles unités, plus respectueuses de l’environnement que celles qui naviguent actuellement. La première sera opérationnelle en 2022 sur la ligne Lausanne – Évian-les-Bains, la seconde un an plus tard entre Lausanne et Thonon.
La Compagnie générale de navigation sur le lac Léman (CGN) annonce avoir commandé deux nouvelles unités, plus respectueuses de l’environnement que celles qui naviguent actuellement. D’un coût unitaire de près de 30 millions de francs, chaque bateau aura une capacité de 700 places, dont 600 places assises à l’intérieur. « Cet achat est historique », selon Benoît Gaillard, le président de la compagnie, qui souligne que c’est la première fois depuis la mise en service du Lausanne en 1991, que la compagnie fait construire de nouveaux bâtiments.
Dotés d’un système hybride parallèle pour leur propulsion et munis de coques légères en aluminium, ces deux nouveaux bâtiments présenteront une consommation réduite de plus de 40 % par rapport aux unités conventionnelles de la compagnie. Ils seront équipés de panneaux solaires sur le toit, pour un apport d’électricité d’appoint.
Les éléments des deux nouvelles unités de la CGN seront fabriquées sur le chantier naval Shiptec AG, à Lucerne, qui offre des solutions de propulsion hybrides diesel-électrique EcoProp, développées par le groupe Siemens. L’assemblage final sera, quant à lui, réalisé en totalité au chantier naval d’Ouchy.
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D’un coût unitaire de près de 30 millions de francs, ces deux nouveaux bateaux présenteront une consommation réduite de plus de 40 % par rapport aux unités conventionnelles. (© CGN)
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Des bateaux plus propres et moins bruyants
La conception de ces nouvelles unités est le résultat d’un long processus. « Nous voulions une diminution sensible des émanations de CO2, des nuisances sonores réduites, un moindre impact des vagues de nos bateaux sur le rivage et moins de rejets polluants. Nous avons d’abord sollicité trois bureaux d’ingénieurs, avant d’en retenir un seul, puis procédé à un appel d’offres pour le constructeur. Notre cahier des charges comprenait plusieurs critères, notamment le prix, la technologie et la qualité. Notre choix s’est finalement porté sur Shiptec AG, qui possède l’expérience de ce type de construction », explique Irwin Gafner, directeur technique de la CGN.
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Les éléments des deux nouvelles unités de la CGN seront fabriquées par le chantier naval Shiptec AG, à Lucerne, qui a une longue expérience dans la construction de navires lacustres. (© Shiptec AG)
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De nombreux essais en bassin
À elle seule, selon le directeur technique de la CGN, la forme de la coque a exigé de nombreux essais. « Nous avons construit des dizaines de maquettes à l’échelle 1/16, afin de parvenir à un résultat convaincant. Elles ont toutes été testées dans un bassin à Southampton, au Royaume-Uni. La forme hydrodynamique, dépourvue de bulbe, que nous avons retenue, ainsi que le choix de l’aluminium, beaucoup plus léger que l’acier, ont permis une diminution de 20 % de la consommation de ces bateaux, par rapport à nos autres unités. Le 20 % restant est à mettre au crédit du système hybride de propulsion », précise-t-il.
À la vitesse de 15 km/h, à l’approche et au départ des ports, les deux bateaux navigueront à l’électricité. Au-delà, jusqu’à 33 km/h, qui est la vitesse de croisière des nouvelles unités, les deux moteurs diesel prendront le relais, rechargeant du même coup les batteries. « Grâce à ce dispositif, nous avons pu renoncer à l’installation d’un groupe électrogène alimenté au diesel », précise Irwin Gafner, qui ajoute : « Avec 40 % de consommation d’énergie en moins, nous avons encore 60 % à conquérir. Ce sera le défi de ces prochaines années ».
Dotés d’un équipage de quatre personnes, les bateaux feront 60 m de long, 12 m de large, 11 m de haut et pèseront 315 t, 417 t en pleine charge. L’architecture, ainsi que le stylisme de ces nouvelles unités ont été conçus aux Pays-Bas, par les bureaux d’architectes navals Van Oossanen et Omega. Les deux navires seront dotés de vitrages panoramiques, de quatre terrasses extérieures, de plusieurs « zones silence », de salons sur les ponts principaux, ainsi que d’un ascenseur afin de permettre un accès sans restriction aux personnes à mobilité réduite.
La nouvelle offre « Naviexpress »
Dès la mise en service du premier bateau, la CGN précise que, entre Lausanne et Evian, la fréquence passera à 45 minutes entre chaque départ le matin et le soir, contre 1 heure 20 actuellement. La mise en service du second bateau, livré avant la fin 2022, puis mis en exploitation début 2023, permettra d’accroître l’offre de 50 % entre Lausanne et Thonon, et de tripler celle entre Nyon et Yvoire, en redéployant la flotte de transport actuelle.
La mise en service du premier bateau sera accompagnée par le lancement d’une nouvelle offre baptisée « Naviexpress ». Sous cette dénomination, indique la CGN, « s’exprime l’ambition d’une desserte transfrontalière renforcée, plus flexible, plus efficace et avec un confort supérieur ».
En lançant cette nouvelle offre, la compagnie estime pouvoir doubler sa part de marché dans les déplacements liés au travail sur la région lémanique. Elle avance aussi le fait que, pour un passager, les émissions de CO2 seront 30 fois moins élevées par rapport au même trajet fait en voiture. Reste à savoir si la CGN envisage, à terme, de remotoriser certaines de ses anciennes unités pour les rendre moins polluantes. « Nous y songeons et nous en discutons », confie Irwin Gafner qui, « pour le moment » n’en dira pas plus.
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Données techniques
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Irwin Gafner
Directeur technique
CGN
Tél. 021 614 62 22
www.cgn.ch
Shiptec AG
Tél. 041 367 66 95
info@shiptec.ch
www.shiptec.ch
