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20 août 2020 | Sécurité Environnement | Environnement

Du sel, de l’eau et des gigawatts

Georges Pop

Le 11 mars dernier, les membres de la direction des Salines Suisses ont donné, avec l’équipe de projet, le premier coup de pioche des travaux d’agrandissement de la centrale hydroélectrique de la Saline de Bex, aux abords de l’Avançon, la rivière qui longe le site de production. Le chantier devrait durer jusqu’à fin 2022. Il s’inscrit dans la stratégie de l’entreprise pour une une production de sel durable et respectueuse de l’environnement.
Les Mines et salines de Bex, filiales des Salines Suisses, ne se contentent pas d’extraire et de commercialiser le fameux Sel des Alpes, connu de la plupart des consommateurs romands. Depuis 1943, année de la construction de la centrale hydroélectrique qui alimente son usine, la société produit également son électricité propre, dont une partie est réinjectée dans le réseau au profit des foyers de la région.
 
Le premier coup de pioche des travaux d’agrandissement de la centrale hydroélectrique de la Saline de Bex a été donné le 11 mars dernier, en présence de l’équipe du projet. (©Salines Suisses)
 

Deux tiers de l’énergie pour le réseau
«Notre future centrale produira annuellement 15 GWh, soit environ 50 % de plus qu’aujourd’hui. Actuellement, nous utilisons la moitié de cette énergie pour nos besoins. Lorsque la nouvelle installation sera achevée, ce seront à peu près les deux tiers de l’énergie produite qui iront dans les réseaux », souligne Jean-Louis Meylan, directeur administratif et financier de la société. Selon les prévisions, le nombre de foyers alimentés passera ainsi de 1375 actuellement, à 2400 dans un peu plus de deux ans, pour moitié en ville de Bex.
L’agrandissement de la centrale actuelle, propriété exclusive des Salines de Bex, prévoit notamment l’élargissement des conduites, l’accroissement du débit total turbiné de 4,1 m3/s à 7 m3/s, ainsi que le passage de deux à trois turbines à axe horizontal de type Francis. Dans ce genre d’installation, l’eau entre sous une haute pression et transmet son énergie aux pales solidaires du rotor.
 

Des turbocompresseurs électriques sont utilisés pour extraire le sel de l’eau. Le procédé a été mis au point aux salines de Bex. (©Salines Suisses)
 
 

Anticiper le réchauffement
« Nous avons anticipé les conséquences probables du réchauffement climatique, avec des périodes de crues plus importantes, mais aussi plus courtes, ainsi que des périodes d’étiage plus longues, mais avec peut-être encore moins d’eau qu’aujourd’hui. Nous avons donc décidé d’installer trois turbines :deux très grandes, qui sont rentables à haut débit et une très petite qui peut aller chercher les tout petits débits. De cette façon, nous espérons turbiner pendant 365 jours par an, en enclenchant une, deux ou les trois turbines à la fois, en fonction des débits », précise Jean-Louis Meylan.
Pourquoi entretenir et agrandir sa propre centrale, plutôt que d’acheter l’électricité ? Le directeur administratif et financier des salines s’en explique : « Il faut savoir que la production de sel est très énergivore. Le sel est extrait des mines avec de l’eau chaude. Cette eau salée est ensuite acheminée à l’usine, en contrebas, par effet de gravité. Pour en extraire le sel, nous utilisons des turbocompresseurs électriques. Le procédé a été mis au point ici-même et a été adopté par toutes les salines. Mais il est très gourmand en énergie. C’est pourquoi nous avons choisi de la produire nous-mêmes. L’agrandissement de la centrale s’inscrit, quant à lui, dans notre stratégie qui consiste à mettre l’accent sur le développement durable et sur une production de sel respectueuse de l’environnement. »
Les travaux préparatoires du chantier de la nouvelle centrale hydroélectrique avaient déjà démarré en janvier. Le premier coup de pioche, le 11 mars dernier, a marqué le début officiel des travaux dont l’achèvement était initialement prévu pour la fin de l’année 2022. La fermeture des chantiers consécutive à la pandémie de Covid-19 va-t-elle bouleverser le calendrier des travaux ? « Il y aura certainement un peu de retard ! Mais j’espère qu’il ne sera pas trop long », confie Jean-Louis Meylan. Les coûts liés à cet agrandissement s’élèvent à 20 millions de francs.

 
À propos des Salines Suisses
Jusqu’en avril 2014, il existait en Suisse deux « monopoles du sel » : les Salines suisses du Rhin, dont dépendaient tous les cantons suisses, à l’exception du canton de Vaud, ainsi que la Principauté du Liechtenstein, et la Saline de Bex attachée au seul canton de Vaud. Jusque- là, les Salines suisses du Rhin n’étaient pas autorisées à vendre leur sel dans le canton de Vaud. Réciproquement, la Saline de Bex n’avait pas le droit de vendre sa production en dehors de son canton de Vaud.
À la fin 2013, les Salines suisses du Rhin et la Saline de Bex annoncèrent leur intention de fusionner pour former les Salines Suisses, tout en conservant leurs sites de production respectifs. À la suite de cette fusion, le Grand Conseil vaudois mit fin au monopole du sel, introduit au Moyen-Âge. Aujourd’hui, avec la production de sel des sites de Schweizerhalle, Riburg et Bex, les Salines Suisses assurent l’approvisionnement en sel de tout le pays. Près de la moitié de la production annuelle, qui s’élève à 600’000 tonnes environ, est utilisée sous forme de sel à dégeler pour assurer, en hiver, la sécurité de la circulation routière. Les autres produits couvrent tous les besoins et domaines d’application de la population, de l’industrie et du commerce suisses.
 
 
Jean-Louis Meylan
Directeur administratif et financier
Saline de Bex SA
Jean-Louis.Meylan@saline.ch
Tél. 024 463 04 86
www.seldesalpes.ch