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30 avril 2021 | La Revue POLYTECHNIQUE | Éditorial

Géocroiseurs : appel à des sentinelles (éditorial 4/2021)

Michel Giannoni

Repérer des astéroïdes dangereux dans les photos de la voûte céleste, pour transmettre leurs coordonnées aux astronomes, afin qu’ils affinent leurs calculs de trajectoire, est désormais à la portée de tous. C’est ce que permet le projet de l’Observatoire virtuel espagnol SVO (Spanish Virtual Observatory), qui compte actuellement quelque 4000 participants. Son principal objectif est de fournir au grand public, aux étudiants et aux astronomes amateurs, la possibilité d’identifier des astéroïdes qui pourraient, un jour, percuter la Terre.

Sur le site Internet du SVO (near.cab.inta-csic.es/main/ z?&newlang=fra), figurent des photos du ciel destinées aux chasseurs d’astéroïdes amateurs. Elles ont été réalisées par des télescopes situés au Chili, à Hawaï et au Nouveau-Mexique. Le principe consiste à photographier les mêmes régions du ciel à différentes époques, ce qui permet de trouver des géocroiseurs errants – dont l’orbite est souvent imprévisible –, alors que les étoiles restent fixes.

Les chercheurs du SVO ont annoncé que les 167 000 mesures effectuées par 3226 participants pendant les quinze premiers mois du projet, ont permis d’améliorer la connaissance des trajectoires de 551 astéroïdes potentiellement dangereux. À ce jour, le projet a permis de réduire à zéro sur une échelle de neuf, l’incertitude dans les paramètres orbitaux de quelque 400 000 géocroiseurs. Une trentaine de participants au programme ont permis, par exemple, de détecter les astéroïdes 2012 CJ56 et 2012 FC, plusieurs années avant leur découverte officielle.

Depuis un peu plus de dix ans, l’éventualité d’un choc avec la Terre, de l’un de ces vagabonds du ciel, est prise très au sérieux par les agences spatiales internationales. Car les exemples ne manquent pas. Il y a à peine plus d’un siècle, le 30 juin 1908, un astre errant a détruit la forêt sibérienne sur plusieurs centaines de kilomètres carrés, dans la région de la Toungouska. L’énergie déployée équivalait à un millier de fois celle de la bombe d’Hiroshima.

Plus près de nous, le 13 février 2013, l’astéroïde 2012-DA 14 de 50 m de diamètre, a frôlé notre planète à seulement 27 700 km, moins d’un dixième de la distance Terre-Lune, bien en-deçà de l’orbite des satellites géostationnaires. On ne l’avait détecté qu’un an plus tôt. Et deux jours après, une météorite de 19 m de diamètre a explosé au-dessus de l’oblast de Tcheliabinsk, à 1500 km de Moscou, blessant plus d’un millier de personnes.

Depuis 2007, l’Agence spatiale européenne coordonne le projet NEO-Shield, dont la mission consiste à évaluer les moyens de détournement ou de destruction d’une telle menace – envoi d’un percuteur cinétique, d’une charge explosive ou d’un vaisseau permettant d’exercer une force gravitationnelle. Dans ce cadre, le projet participatif de l’observatoire SVO représente une contribution importante à la sécurité de notre planète.