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08 September 2013 | La Revue POLYTECHNIQUE 09/2013 | Recherche et développement

Corps et esprit sont reliés par le rythme cardiaque

Des chercheurs de l’EPFL ont pu démontrer que le rythme cardiaque renforçait les liens entre le corps et l’esprit. Le cerveau analyse cette information interne, en conjonction avec les signaux visuels, afin de construire une conscience de soi.
Nous ne sommes généralement pas conscients des battements de notre coeur. Pourtant, ce rythme intérieur contribue à la perception de notre propre corps, selon une récente étude menée à l’EPFL. Ce travail démontre que les signaux émis par nos organes internes se combinent aux informations visuelles, afin de permettre l’émergence d’une conscience de soi. Il fera l’objet d’une publication fin 2013 dans la revue Psychological Science.
«Nous savons depuis une décennie déjà que les organes internes jouent un rôle important dans les phénomènes d’identification de soi», explique Olaf Blanke, co-auteur et chercheur à l’EPFL. «Ce qui est véritablement innovant dans notre approche, c’est que nous avons pu découvrir que ces signaux internes s’intègrent aux signaux visuels».
Face au miroir, nous savons que l’image réfléchie n’est pas à proprement parler notre corps. Ce simple constat, qui semble presque trivial, repose en réalité sur un travail constant du cerveau, qui analyse quantité d’informations, à différents niveaux de conscience, afin de différencier soi et non-soi.
Cependant, il est possible de tromper notre esprit, de sorte que nous percevions une représentation extérieure comme notre propre corps. Il faut pour cela lui fournir des informations sensorielles conflictuelles. Ce genre d’expérience montre que les informations extérieures contribuent à la perception de soi.
 
Le renforcement de la conscience en soi
Une représentation du cœur et de ses battements est-elle également en mesure de contribuer à renforcer la conscience de soi? Les chercheurs de l’EPFL ont mis au point une expérience dans le but de répondre à cette question. Un sujet porte des lunettes vidéo, lui présentant une image de son propre corps en temps réel, comme s’il se trouvait deux mètres devant lui. Dans le même temps, un électrocardiogramme mesure les battements du cœur. La représentation virtuelle du corps du sujet est entourée d’une silhouette lumineuse, qui clignote de manière synchrone – ou asynchrone – au rythme cardiaque.
 
Une représentation synchronisée à leur rythme cardiaque
 Pour les 17 sujets qui ont participé à l’expérience, la sensation d’identification au double virtuel était sensiblement plus forte lorsque la silhouette clignotait de manière synchrone avec le rythme cardiaque du sujet.
«Quand les sujets voyaient une représentation synchronisée à leur rythme cardiaque sur leur double virtuel, ils tendaient à le ressentir plus fortement comme leur propre corps», explique Jane Aspell, qui a coordonné le travail scientifique avec Lukas Heydrich, au sein du Laboratoire de neurosciences cognitives de l’EPFL. «L’expérience leur faisait ressentir leur soi comme hors de leur propre corps, plus proche de leur double virtuel. Cette étude montre pour la première fois que des signaux visuels qui transmettent des informations sur l’activité interne de notre corps, les battements cardiaques en l’occurrence, peuvent être utilisés pour modifier la manière dont les gens expérimentent leur propre corps et leur soi».
L’illusion mise en place par les chercheurs de l’EPFL appuie la théorie selon laquelle les organes internes déterminent la manière dont nous nous approprions notre corps. Elle illustre également de manière surprenante comment il est possible d’altérer la conscience de soi.
Un film à propos de cette recherche peut être visionné sur le site Internet:
 
EPFL
1015 Lausanne
Tél.: 021 693 96 21
Laboratoire de neurosciences cognitives (http://lnco.epfl.ch)
Centre de neuroprosthétique (http://cnp.epfl.ch)