25 März 2019 |
La Revue POLYTECHNIQUE 03/2019 |
Flash
Création d’un ADN artificiel
L’équipe de Steven Benner, de la Foundation for Applied Molecular Evolution, basée à Alachua, en Floride, a réussi à créer un ADN artificiel de huit lettres en synthétisant quatre bases qui n’existent pas à l’état naturel. La nature se contente de quatre bases s’assemblant par paires dans la double hélice formant l’ADN: l’adénine (A), la thymine (T), la cytosine (C) et la guanine (G). Le système créé artificiellement comprend les quatre lettres originelles, plus quatre bases baptisées Z, P, S et B.
Ce nouvel alphabet remplit quatre des cinq critères requis pour qu’un système moléculaire puisse être considéré comme vivant. Le premier est la capacité à renfermer de l’information. Le jeu des huit bases en offre d’ailleurs une densité plus grande que l’alphabet naturel. La deuxième condition est la capacité de transférer cette information à un autre système moléculaire. L’équipe a développé une enzyme pour fabriquer de l’ARN, ces fragments complémentaires aux séquences d’ADN, qui remplissent quantité de fonctions, comme concourir à la production de protéines.
Le troisième critère est que cette information permette aux molécules de faire quelque chose qui puisse être retenu par la sélection naturelle. En l’occurrence, des ARN se sont révélé capables de se replier pour tordre un composé et le rendre fluorescent. Le quatrième critèreest la capacité à évoluer. Là, la stabilité de la structure en double hélice est essentielle; elle doit pouvoir se conserver alors même que des mutations, sous la forme de changements dans l’ordre des lettres, interviennent. C’est bien le cas dans les hélices de cet ADN artificiel, contrairement à d’autres assemblages synthétiques.