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25 Januar 2012 | La Revue POLYTECHNIQUE

Éditorial (1/2012)

Confirmations ou infirmations
A l’aube d’une année nouvelle, on aime faire le bilan de celle écoulée et on ose des prévisions sur celle à venir. Et en 2011, le monde scientifique n’a pas manqué d’événements de tout premier ordre.
Le plus surprenant a sans doute été l’annonce, faite par des physiciens du CERN, d’un phénomène totalement inattendu: des neutrinos qui se déplaceraient plus vite que la lumière ! Le conditionnel est de rigueur, bien que de nouvelles mesures effectuées par les chercheurs de l’expérience Opera confirment la découverte, après de multiples vérifications des systèmes de mesure du temps et de la distance. On attend donc avec impatience les résultats du projet Minos, que doit nous révéler le réacteur nucléaire du Fermilab à Batavia, près de Chicago. Les Américains, qui avaient d’ailleurs déjà détecté un premier signe d’une telle anomalie, sont en train d’améliorer leur système de mesure, si bien qu’on devrait avoir confirmation – ou infirmation – du phénomène dans le courant de l’année.
L’autre événement scientifique majeur de 2011 nous vient également de la prestigieuse Organisation européenne pour la recherche nucléaire. Il concerne l’un des plus grands défis actuels de la physique, à savoir l’existence – ou l’inexistence – du boson de Higgs. La réponse à cette question doit permettre de confirmer – ou de remettre en question – le modèle standard de la physique des particules.
Les observations les plus récentes, réalisées dans les détecteurs Atlas et CMS, montrent que la particule mythique, qui expliquerait la masse de ses congénères, pourrait bien sortir du bois. Les physiciens de l’expérience Atlas n’ont pas encore analysé toutes les données enregistrées par leurs instruments, mais ils ont relevé des signes de la présence du boson de Higgs dans un intervalle de masse de 116 à 130 GeV. La statistique obtenue est cependant encore insuffisante pour confirmer la découverte, c’est-à-dire pour exclure la présence d’une simple fluctuation statistique.
Quant aux observations réalisées avec le détecteur CMS, elles présentent une probabilité inférieure à celle d’Atlas, mais les chercheurs ont pu analyser l’ensemble des données enregistrées. Ils estiment que l’intervalle de masse est plus étroit, compris entre 115 et 127 GeV.
Les deux détecteurs ont ainsi relevé des signes presque identiques de l’existence de la particule fantôme, mais on ne peut encore exclure qu’il s’agisse tout simplement d’aléas statistiques. La récolte des données va donc se poursuivre et nous aurons très probablement une réponse définitive quant à l’existence ou non du boson de Higgs avant la fin 2012.
Les résultats collectés l’an dernier dans le Grand collisionneur de hadrons et dans le Laboratoire du Gran Sasso ouvrent des perspectives nouvelles dans le domaine de la physique des particules et de la structure de la matière. Nul doute que l’année qui commence nous en apprendra bien davantage encore.
 
par Michel Giannoni