25 Januar 2017 |
La Revue POLYTECHNIQUE
Éditorial (1/2017)
Une année riche en découvertes
Marquée par des découvertes scientifiques majeures, 2016 a bien mérité d’être nommée l’«Année de la physique». Voici un florilège de ce qu’elle nous a apporté.
L’événement le plus extraordinaire a sans doute été la découverte, au mois de mars, des ondes gravitationnelles, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle astronomie ne dépendant plus uniquement des ondes électromagnétiques. Cerise sur le gâteau, la révélation de ces vibrations de l’espace-temps, prédites par Einstein il y a un siècle, a permis de confirmer l’existence des trous noirs. Une expérience de laboratoire a également démontré que ceux-ci émettent un très faible rayonnement, comme l’avait prévu Stephen Hawking en 1974.
La découverte de Proxima b, l’exoplanète la plus proche de la Terre, a créé l’émoi chez les astronomes. Orbitant dans la zone habitable de son étoile, elle pourrait posséder une atmosphère, ainsi que de l’eau – et pourquoi pas la vie ?
De nouvelles mesures de la taille du proton, effectuées à l’Institut Paul Scherrer, ont révélé des valeurs plus faibles que celles précédemment établies. Encore inexpliquée, cette anomalie serait due à une force inconnue, qui pourrait remettre en cause le modèle standard. Mais on envisage d’autres hypothèses.
Au niveau des exploits, la réussite du tour du monde de Solar Impulse 2, l’avion solaire mis au point par l’EPFL et piloté par Bertrand Piccard et André Borschberg, ouvre la voie à la réalisation de drones mus par l’énergie solaire, ainsi que d’avions à propulsion électrique. Le 8 avril, l’entreprise californienne SpaceX est parvenue à apponter le premier étage de sa fusée Falcon 9 sur une barge dans l’océan Atlantique.
L’année 2016 marque également l’achèvement de la mission Rosetta, la sonde de l’ESA qui avait déposé l’atterrisseur Philae sur la comète Tchouri. Les observations qu’elle a transmises de cet astre fait de rocs et de glaces, ont bouleversé la vision que nous avions de ces objets primitifs du Système solaire.
Quelques déceptions ont gâché la fête, notamment celle de ne pas avoir découvert une nouvelle particule, qui aurait expliqué un étrange signal émis par le grand collisionneur de hadrons du CERN. Près de 400 articles ont été publiés sur le sujet, portant la signature de 855 chercheurs. Cette hypothèse, qui a agité le monde de la physique, a été démentie le 5 août, l’explication résidant dans des fluctuations statistiques.
Mais que nous réserve la nouvelle année ? Bien des mystères restent à élucider. La matière noire et l’énergie sombre sont toujours aussi énigmatiques. Leur existence est même contestée par certains physiciens. Mars, Europe ou Encelade sont-ils propices à la vie ? L’union de la gravitation et de la mécanique quantique est toujours du domaine de la théorie. Quant à la nature du temps, dont l’origine ne peut être décrite avec les outils actuels de la physique, elle nous échappera sans doute encore longtemps.

par Michel Giannoni