Abonnements
zur Bereicherung
25 November 2014 | Sécurité Environnement | Unkategorisiert

Éditorial (4/2014)

Un espoir pour la prévention des éruptions solaires
Le 13 mars 1989, une éruption solaire provoqua d’importantes variations du champ magnétique terrestre, qui entraînèrent un effondrement du réseau électrique du Québec. Cet événement, survenu pendant la guerre froide, fit craindre à certains, qu’une attaque nucléaire avait lieu. Le 23 juillet 2012, plusieurs éjections de masse coronale, faisant suite à d’intenses éruptions solaires, ont manqué de peu notre planète. Si ce phénomène s’était produit neuf jours plus tôt, la tempête solaire aurait frappé la Terre de plein fouet, perturbant le réseau électrique, la navigation aéronautique, rendant les satellites et GPS aveugles.
Prévoir les éruptions solaires, comme on prévoit un orage, pourrait donc être capital pour la sécurité de notre société placée sous le signe de la haute technologie. Et justement, des chercheurs du CNRS et du CEA sont parvenus à identifier et à caractériser un phénomène précurseur de ces sautes d’humeur de notre étoile.
A l’aide de données satellitaires et de modèles, ces scientifiques ont pu suivre l’évolution du champ magnétique solaire dans une zone à comportement éruptif. Ils ont observé qu’une structure caractéristique, en forme de «corde magnétique», apparaît progressivement dans les jours précédant l’éruption. Constituée d’un enroulement torsadé de lignes de champ, elle émerge et se déploie à la surface du Soleil, formant une boucle de plusieurs millions de kilomètres de long. Et c’est cette vaste structure qui, en se disloquant, permet l’éjection de la masse coronale ainsi que l’expulsion de milliards de particules, qui pourraient frapper la Terre quelques jours plus tard.
Une éruption survenue dans la nuit du 12 au 13 décembre 2006 a conduit à une avancée importante. La région du Soleil concernée était observée par le satellite japonais Hinode. Des données sur le champ magnétique de la photosphère, plus froide et plus dense que la couronne, ont ainsi pu être recueillies et ont permis de calculer l’évolution de l’environnement magnétique dans la couronne.
Les travaux de ces chercheurs proposent une méthode qui pourrait être très utile pour la prévision des phénomènes. En se basant sur des données magnétiques accumulées en temps réel et sur des modèles numériques adaptés, on pourrait, à terme, prévoir la météorologie de notre étoile et prévenir ainsi les conséquences sur Terre des tempêtes solaires. Mais pour être validée, cette méthode prévisionnelle devra être confirmée par l’observation d’autres éruptions que celle du 12 septembre 2006.
 
Par Michel Giannoni