Abonnements
zur Bereicherung
25 Kann 2012 | La Revue POLYTECHNIQUE 05/2012 | Sécurité

L ’EPFL propose des cours liés à la gestion du risque

Propos recueillis par James Dettwiler

Durant les mois de mai à juillet 2012, le groupe de sécurité chimique et physique et le service Sécurité et santé du travail de la FSB à l’EPFL, sous la direction du maître d’enseignement Thierry Meyer, organise quatre formations continues liées au thème de la gestion du risque.
La revue POLYTECHNIQUE: Nous voici dans le bureau de Thierry Meyer à l’EPFL. Que représente la sécurité en chimie?
Thierry Meyer:Les dangers concernant la chimie sont des dangers liés à la réactivité des produits ou des substances. Si ces derniers étaient inertes, donc sans réactivité et sans intérêt, notre préoccupation quant aux risques et à la gestion des risques serait tout autre. On désire que les substances soient réactives, sinon on aurait un monde inerte et donc sans vie, mais la conséquence de cette réactivité, c’est les dangers qu’elle engendre. Ainsi, la sécurité en chimie consiste en premier lieu, à connaître et à maîtriser la réactivité des différentes substances. L’objectif est donc de la gérer pour faire ce que l’on souhaite et d’éviter de faire ce que l’on n’aimerait pas ou ne pas savoir ce qu’il pourrait arriver. Donc parler de la sécurité en chimie, c’est d’abord savoir et maîtriser ce que l’on est en train de faire. Pour cela, il faut connaître les substances, leurs propriétés, savoir avec quoi et comment elles réagissent, avec quoi elles sont incompatibles, ce qu’elles peuvent donner et les effets qu’elles ont sur l’être humain, l’environnement et les matériaux. Les produits chimiques peuvent avoir des propriétés dangereuses de par la substance elle-même, son état physique et par ce que l’on fabrique.
 
Est-ce la première fois que vous donnez ces cours?
T. M.: La formation longue, sur le Risk Management, est une nouveauté présentée cette année, qui aura lieu en 2013. Deux autres cours de formations courtes, traitant du risque chimique et de l’utilisation des lasers, sont déjà donnés depuis deux ans. Actuellement, d’autres cours sur d’autres dangers sont en préparation. De plus, nous allons offrir un cours intensif de 4 jours sur «la gestion des risques - mise en pratique» fin 2012.
 
Que contiennent ces cours?
T. M.:La formation longue, sur le Risk Management , traite de la gestion des risques vue par des ingénieurs et des praticiens. Notre but est de donner les principes et les outils fondamentaux en insistant sur les besoins spécifiques liés à la pratique. On ne veut pas faire que de la théorie et distribuer de la documentation.
Les autres formations, qui sont des formations courtes de deux jours, traitent, pour l’une, de la sécurité en chimie et pour l’autre, de l’utilisation des lasers. Elles s’adressent à des personnes du domaine ou qui veulent rentrer dans ce domaine.
Les cours qui traitent de la sécurité en chimie, au nombre de deux, s’adressent à un tout public. La théorie est abordée, ainsi que la reconnaissances des dangers et l’utilisation des mesures de protection adéquates. Et finalement, des mises en situations pratiques en laboratoire sont réalisées en insistant sur les savoir-faire.
Le cours traitant des lasers insiste sur leur utilisation et leurs dangers, la façon dont on doit les utiliser, comment s’en protéger et comment les gérer.
La formation intensive en gestion des risques, de quatre jours en français, se concentre sur la mise en pratique des concepts de gestion du risque, tels que la systémique, la gouvernance, les outils et la gestion de crise, avec un fort accent sur la mise en pratique de ces concepts.
Les gens apprécient ces formations, qu’elles soient courtes ou longues, du fait qu’il n’y a pasque de la documentation ou de la théorie, mais des exemples et des applications pratiques. En effet, un point important est aussi comment mettre en pratique, c’est-à-dire présenter la théorie, les outils ou dans certains cas comment il faut faire et surtout comment appliquer les choses.
 
Quel est le public cible?
T.M.: Ces cours s’adressent soit à des personnes ayant de la pratique dans un des domaines, soit à des personnes voulant découvrir ces domaines. Si l’on prend la chimie, par exemple, on va distinguer les personnes manipulant des produits toxiques, des personnes responsables de la gestion de ces produits. Quelque soit le parcours des participants aux cours, on ne s’adresse pas à de purs théoriciens à qui l’on démontre des choses spectaculaires, mais bien à des praticiens. Ceux-ci peuvent avoir différents niveaux: des opérateurs, des responsables de laboratoire ou de services, jusqu’à des gestionnaires (managers). On veut ainsi montrer ce qui se passe dans la vie réelle et pratique de tous les jours. Les cours peuvent donc être modulés en fonction des besoins des participants.
 
Y a-t-il des pré-requis pour suivre ces cours?
T. M.: Non, excepté pour la formation longue sur le Risk Managment, car c’est une formation certifiée par le service académique. Il faut, par exemple, faire valoir un niveau universitaire ou un équivalent professionnel sans titre universitaire. Dans ce dernier cas, il est nécessaire de démontrer une expérience professionnelle amenant ces personnes aux mêmes responsabilités; il n’y a aucune raison de les écarter. Par contre, ce cours n’est pas destiné à des opérateurs ou à des étudiants.
 
Quel est l’historique de vos cours ? … Suite à une forte demande?
Pour l’historique, les demandes proviennent de particuliers, d’entreprises, mais également du domaine académique. Des audits et du consulting nous ont permis d’approcher et de cerner les différents besoins en formation continue, car ces demandes peuvent être de nature très diverses. On nous a simplement demandé, et parfois avec insistance, si l’on pouvait leur fournir des formations dans ces domaines. Elles peuvent également venir du milieu académique, c’est-à-dire d’autres universités, d’autres écoles ou de gymnases. Des enseignants des gymnases romands nous ont demandé très récemment, par exemple, de faire un cours d’une journée adapté à leur besoins, sur les risques chimiques. Nous avons répondu favorablement et le succès a été au rendez-vous.
Non seulement, il y a une demande, mais nous avons aussi une obligation morale à faire partager nos connaissances et notre expérience. Pourquoi ne pas les partager avec ceux qui ont des problèmes et ceux qui ont leurs propres compétences pour ainsi mettre en pratique les synergies.
 
Etes-vous les premiers dans l’Arc lémanique à organiser ce genre de cours ? Etes-vous novateur ?
T. M.:Il n’existe que peu de cours de ce genre. La Suva (Caisse nationale suisse d'assurance en cas d'accidents), par exemple, donne des formations. Et dans le domaine privé, des cours sont aussi donnés par des organismes, des entreprises, souvent à l’interne, ainsi que par des bureaux de consulting. Mais notre grande force, c’est d’aller au-delà de la simple théorie, ce n’est pas de se concentrer sur les directives et sur du papier, mais bien de mettre l’accent sur la mise en pratique et l’apport de solutions adaptées qui nécessitent ces bases théoriques.
Oui, dans ces cours-là, on est assez novateur. Il existe autour de nous un certain nombre de formations et de cours sur les mêmes sujets. On se rend compte que des personnes ayant suivi d’autres cours ailleurs, reviennent chez nous pour une formation. Par exemple, parce qu’il y avait un manque ou un besoin de savoir comment appliquer concrètement les concepts enseignés dans leur entreprise. Le taux de satisfaction des participants est très élevé, car on répond à leurs besoins, à leurs questions, on prend le temps de leur expliquer la théorie et surtout de la mettre en pratique.
 
Ces cours vont-ils être donnés chaque année?
T. M.: Oui, on essaye de les inscrire dans la durée. Nous nous sommes rendus compte que les personnes qui suivent nos cours, souhaiteraient avoir des niveaux plus avancés. On y travaille actuellement. Mais nous attendons d’avoir un peu de recul et plus de personnes formées pour voir dans quelle direction aller de manière adaptée. Ces cours sont vraiment dans l’esprit d’une formation continue qui évolue avec la technique et dans la durée. Ce que l’on enseignait il y a dix ans sur la sécurité a passablement changé, nous devons donc continuellement adapter nos formations à la réalité du terrain, qu’elle soit technique, économique, législative ou pratique.
 
Pour la conception de vos cours, êtes-vous en partenariat avec des entreprises privées?
T. M.: Oui, nous sommes en contact avec des entreprises privées spécialisées dans le domaine de la sécurité. Nous avons également des partenaires publics, comme la Suva, des inspecteurs cantonaux ou fédéraux, par exemple. L’objectif n’est pas de croire que nous sommes les seuls à détenir les compétences ou les connaissances. Ce qui importe, c’est de rassembler les bonnes personnes pour les bonnes formations, c’est-à-dire de trouver les personnes qualifiées pour expliquer les différentes problématiques. Donc oui, nous faisons très volontiers appel à l’externe ou à l’interne, tant à l’UniL qu’à l’EPFL. Nous allons chercher les compétences là où elles sont. En fin de compte, il faut penser au public que l’on a en face de nous, ce sont eux qui comptent.
 
Quelles sont les formations nécessaires pour devenir un intervenant dans ces cours?
T. M.:Les compétences… l’expérience! Il n’y a pas de formation (rires) pour y venir! C’est en fin de compte la bonne personne, tout simplement, que nous recherchons. Peu importent les papiers qu’elle possède. Si c’est la personne adéquate, elle va délivrer le bon message et c’est cela que nous voulons.
 
Dans les descriptifs de vos cours, vous mentionnez: «… ils permettent de faire une réorientation de carrière». Que signifie ce point?
T. M.:Nous avons des personnes venant suivre nos cours parce qu’elles désirent soit modifier leur poste travail ou alors tout simplement en changer. Pour cela, il leur est nécessaire d’acquérir certaines compétences demandées par leur entreprise actuelle ou future.
 
Durant ces cours, surtout pour les thèmes liés aux dangers chimiques au laboratoire et à la manipulation de produits chimiques, allez-vous faire des travaux pratiques?
T. M.: Oui! Par exemple, sur deux jours de formation, nous arrivons à environ 50 % de pratique, soit un jour sur deux. Nous faisons de la manipulation de produits, les bons gestes à effectuer, comment reconnaître les dangers, où aller chercher l’information et comment l’exploiter, comment trier les produits et comment les entreposer. Par exemple, on donne aux participants un exercice qui consiste à trier une vingtaine de produits. Puis, on leur demande comment ils les rangeraient chez eux, dans leur armoire de stockage. Toujours orienté vers ce qu’ils pourraient rencontrer dans leur milieu de travail. De plus, certaines personnes viennent avec leurs propres problèmes ou questions. Nous leur donnons des pistes pour qu’elles puissent déjà entreprendre des premières démarches. Notre objectif est de faire en sorte qu’elles soient capables de comprendre et d’appliquer les connaissances acquises durant la formation.
 
Le nouveau cours de formation longue est intitulé «Engineering Risk Management». Pour quelle raison est-il donné en anglais? Est-ce par rapport au certificat appelé «Certificate of Advanced Studies» (CAS)? Ou y’a-t-il une forte demande de la part d’un public anglophone?
T. M.:Non, il n’y a aucun rapport avec le type de certificat délivré. Ce cours est d’abord donné en anglais parce que beaucoup de personnes peuvent être soit des managers, soit des responsables, et c’est souvent leur langue de travail. En le donnant en anglais, nous nous sommes dits que nous pourrions toucher un public plus large. Nos cours sont souvent suivis par des étrangers parlant anglais… cette langue s’impose gentiment. On maintient donc la possibilité de donner nos cours en anglais. Mais nous allons proposer un cours intensif en français sur un sujet similaire. Il n’ira pas dans la même direction, mais dans la même thématique générale pour un public plus large.
 
Quels sont les types de certification que vous délivrez?
T. M.: Pour la formation continue Risk Management qui est un CAS (Certificate of Advanced Studies), ce sont des certificats universitaires qui sont délivrés par le système académique. Les personnes qui suivent ce cours sont enregistrées à l’EPFL. C’est pour cette raison qu’il y a des pré-requis. Il faut donc être d’un niveau universitaire ou avoir une équivalence professionnelle reconnue. Pour les autres formations, plus courtes ou intensives, on donne des certificats de participation qui sont délivrés par notre unité de formation continue et pour certains, des crédits de formation ECTS.