Abonnements
zur Bereicherung
14 Juli 2014 | La Revue POLYTECHNIQUE 04/2014 | Énergie

La volatilité des prix de l’économie énergétique

Pour la sixième fois, le Conseil mondial de l’énergie (CME) a demandé aux acteurs de l’économie et de la politique énergétiques quels étaient les sujets sensibles qui leur «causaient des nuits blanches». Dans le monde et en Europe, ce sont la volatilité des prix de l’énergie, la récession mondiale et l’incertitude d’un accord sur le climat, qui viennent en tête de liste en 2014.
Au niveau mondial, la volatilité élevée des prix de l’énergie a supplanté le souci d’un accord sur le climat comme sujet de préoccupation majeur: le passage du charbon au gaz (de schiste) aux Etats-Unis, tout comme la consommation croissante de charbon en Europe, l’effondrement de l’industrie solaire, ainsi que le centrage accru de l’Australie et de l’Amérique du Nord sur l’Asie en sont la raison. Mais les deux thèmes restent cette année encore - avec la récession mondiale et l’accès plus difficile au marché des capitaux qui en découle - les problèmes les plus cruciaux et les plus critiques pour les acteurs du secteur énergétique. Pourtant, malgré toutes les incertitudes, il est nécessaire d’agir. Alors qu’elle est beaucoup moins liée à des incertitudes que les sujets majeurs, l’efficacité énergétique est toujours considérée comme un autre champ d’action prioritaire. En revanche, les aspects géopolitiques comme les questions à propos de la Chine, de l’Inde ou du Moyen-Orient ne figurent plus cette année en haut de la liste des priorités.

Même si, dans les scénarios qu’il a publiés récemment, le Conseil mondial de l’énergie (CME) souligne avec beaucoup de fermeté la grande importance que revêtent les développements techniques concernant le captage, l’utilisation et le stockage du gaz carbonique (Carbon Capture, Utilization and Storage CCUS) pour l’approvisionnement énergétique dans le futur, la tendance des dernières années se poursuit: alors qu’en 2009 encore, le CCUS était un sujet ayant des implications encore très incertaines, qui suscitait donc beaucoup d’attention, il disparaît progressivement du radar des acteurs énergétiques.
 
 
L’Europe lutte contre la récession mondiale
En Europe, les incertitudes quant à la croissance restent importantes après la crise, si bien que la récession mondiale est le premier des grands sujets de préoccupation. La volatilité des prix vient en seconde position. L’incertitude concernant un accord mondial sur le climat - qui était l’année dernière le sujet majeur en Europe comme dans la synthèse globale - reste une des grandes préoccupations en 2014, mais n’occupe plus que la troisième place. Actuellement, les entreprises européennes d’approvisionnement énergétique luttent - en raison des surproductions temporaires d’énergies renouvelables - contre les prix bas, alors que les consommateurs sont confrontés à des coûts élevés. Concernant les priorités plutôt «sûres», où aucune surprise n’est attendue, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique restent, cette année encore, en haut de la liste. Mais, dans ces domaines aussi, les incertitudes ont globalement augmenté depuis 2009. En raison du prix du gaz carbonique (CO2) en pleine déliquescence, ils n’ont pas pu profiter du système européen d’échange de droits d’émission. A cela vient s’ajouter une troisième priorité, qui a sensiblement gagné en importance ces dernières années auprès des acteurs européens, à savoir le manque d’interconnexion régionale.
 
Les prix de l’énergie et l’économie énergétique suisse
Dans le moniteur énergétique suisse, qui a pour la deuxième fois fait l’objet d’une étude séparée cette année, deux sujets, pour lesquels il existe certes un grand besoin d’agir, mais où les incertitudes rendent la prise de mesures difficile, figurent tout en haut de la liste des préoccupations: la question des possibilités de stockage de l’électricité (comme l’année dernière déjà) et - c’est nouveau - le souci et l’incertitude concernant la volatilité élevée des prix de l’électricité. Ceci est directement lié aux évolutions des stratégies énergétiques et des modèles de subvention en Allemagne, en Europe, ainsi qu’en Suisse et à leurs conséquences, en particulier pour la gestion des eaux en Suisse et nos lacs de retenue.
Suite à la Stratégie énergétique 2050, probablement, l’énergie nucléaire et la préoccupation liée aux accidents nucléaires ont disparu du radar. Les sujets géopolitiques ont également été relégués au second plan. Les énergies renouvelables ainsi que - avec une vigueur de nouveau accrue - l’efficacité énergétique restent des sujets importants, bien que maîtrisables pour les acteurs suisses.
 
Le Conseil mondial de l’énergie
Fondé en 1923, le Conseil mondial de l’énergie CME (World Energy Council, WEC) est, avec plus de 3000 organisations membres issues de plus de 90 pays, la première organisation non gouvernementale (ONG) du monde pour les questions énergétiques. Les travaux du Conseil mondial de l’énergie se distinguent par une approche dite «bottom-up» pour élaborer les bases de travail, qui s’appuie sur un réseau dense de dirigeants et de praticiens.
A travers le «World Energy Issues Monitor», le CME met à disposition un instrument qui permet de saisir et de classer du point de vue stratégique, les principaux sujets de politique énergétique et climatique, ayant une influence sur les décisions prises au plus haut niveau. Il paraît tous les ans et doit être compris comme un outil de travail pour les gouvernements des différents Etats et leur économie énergétique, dans la mesure où il décline le trilemme énergétique - soit le conflit entre sécurité de l’approvisionnement énergétique, justice sociale et compatibilité environnementale - au niveau mondial et régional, tout en présentant l’évolution au fil des ans.
Le Conseil suisse de l’énergie (www.worldenergy.ch) est le comité suisse membre du CME.
Le «World Energy Issues Monitor 2014» a été présenté le 18 février 2014 dans le cadre de l’«Africa Energy Indaba» à Johannesburg.
 
Conseil suisse de l’énergie
Wolfgang Kweitel
Tél.: 031 388 82 83
www.worldenergy.ch