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28 Juli 2013 | La Revue POLYTECHNIQUE 08/2013 | Beförderung

L’EPFL présente un avion modulaire

Le projet Clip-Air est un avion composé d’une aile volante sous laquelle on accroche des capsules de passagers ou de fret. Plus qu’un nouvel engin volant, ce concept révolutionnerait la configuration des aéroports. Pour la première fois, une maquette de l’avion Clip-Air a été présentée dernièrement au salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, près de Paris.
Prendre l’avion dans une gare. Embarquer dans une capsule pour rejoindre l’aéroport par le rail et, sans quitter son siège, s’envoler vers une autre ville. Développé depuis 2009 à l’EPFL, le projet Clip-Air est un appareil modulaire composé d’une aile volante sous laquelle on peut accrocher un, deux ou trois capsules selon les besoins. Il s’agit d’un concept qui prépare le transport aérien de demain, plus souple, plus proche des besoins, plus rationnel et moins énergivore. Pour la première fois, une maquette de l’avion Clip-Air a été, du 17 au 19 juin 2013, présentée au salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, près de Paris.
 
© EPFL / TRANSP-OR / LIV / ICOM
 

 
Le projet reste très futuriste, ce qui n’empêche pas les scientifiques de s’imposer les contraintes les plus strictes en terme de faisabilité technique. «Nous devons encore faire sauter plusieurs verrous, mais nous sommes persuadés que cela vaut la peine de s’intéresser à un tel concept, en rupture avec les avions actuels et qui peut avoir un impact sociétal énorme», résume Claudio Leonardi, chef du projet Clip-Air.
L’idée maîtresse de Clip-Air est d’apporter la souplesse du rail au transport aérien. L'avion Clip-Air comprend, d’une part, la structure porteuse avec l'aile, les moteurs, le cockpit, le carburant, le train d’atterrissage et, d’autre part, la charge transportée, les passagers avec ou sans fret. La capsule équivaut donc à un véritable fuselage d’avion, mais dépourvu de ses attributs habituels. L’aile volante peut accueillir jusqu’à trois capsules d’une capacité de 150 passagers chacune.
 
© EPFL / TRANSP-OR / LIV / ICOM
 

 
Une nouvelle génération de carburant
Les premières études théoriques montrent le potentiel du projet Clip-Air en terme de capacité de transport; ceci grâce à une gestion plus efficace et plus flexible de la demande, un taux de remplissage plus performant, une flexibilité accrue de l’offre et des avions qui ne volent plus à vide. Des gains supplémentaires proviendraient des économies de maintenance, de stockage et de gestion.
Le projet Clip-Air entend aussi répondre aux préoccupations environnementales et aux objectifs fixés par l’ACARE (Conseil européen pour la recherche et l’innovation dans l’aviation) de réduire de 50 % les émissions de CO2, d’ici à 2020. Avec un carburant classique, la consommation sera déjà moindre puisqu’un avion Clip-Air peut transporter autant de passagers que trois A320 avec deux fois moins de moteurs. En d’autres termes, voler avec trois modules sous la même aile sur 4000 km consomme, au stade actuel du projet, moins de carburant que trois avions de même capacité volant indépendamment, à vitesse et altitude égales.
 
© EPFL / TRANSP-OR / LIV / ICOM
 

L'ambition du projet Clip-Air est aussi d'imaginer d'autres types de carburants, moins polluants que ceux d'aujourd'hui. Plusieurs pistes (hydrogène liquide, biocarburant, carburant classique) ont fait l’objet d’études et montré la pertinence de l’architecture modulaire du point de vue de la consommation globale.
 
Une révolution dans la mobilité
Aujourd’hui, l’avion Clip-Air pourrait se fondre  tel quel dans un aéroport. Avec sa capsule autonome, de la taille d’un wagon de chemin de fer - environ 30 m de long pour 30 t -, le concept est compatible avec le rail. A terme, il pourrait donc révolutionner la configuration des aéroports et la mobilité multimodale. L’embarquement dans la capsule, du fret comme des passagers, pourrait se faire non seulement dans les aéroports, mais aussi dans les gares ferroviaires ou sur un site de production.
 
© EPFL / TRANSP-OR / LIV / ICOM
 

En termes techniques, les premières études montrent que le projet est faisable, même si de nombreux défis restent à relever. «Le développement du concept passe par la réalisation de simulations aérodynamiques et par un démonstrateur sous la forme d’un modèle réduit volant de 6 m environ, doté de mini-réacteurs. Il permettrait, à ce stade, de continuer à explorer le vol et de démontrer la faisabilité du projet», précise Claudio Leonardi.
 
Le projet Clip-Air implique aujourd’hui des chercheurs issus de trois laboratoires de l’EPFL (TRANSP-OR, LIV et ICOM). Il est coordonné par le Centre de transport de l’EPFL.
 
Une vidéo du projet peut être vue sur le lien Internet http://bit.ly/clipair-tube.