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25 Februar 2019 | La Revue POLYTECHNIQUE

L’industrie suisse perd de sa force d’innovation

Le nombre d’entreprises industrielles suisses investissant dans la recherche et le développement a connu une baisse entre 1997 et 2014. C’est l’une des principales conclusions d’une nouvelle étude de l’Académie suisse des sciences techniques.
La Suisse, qui figure régulièrement dans le peloton de tête des études et des classements internationaux en matière d’innovation, est l’un des pays les plus innovants du monde. Ces études évaluent toutefois l’économie dans son ensemble, conditions-cadres comprises, mais ne fournissent que peu d’indications sur la force d’innovation des différentes divisions industrielles. L’Académie suisse des sciences techniques (SATW) a donc procédé à un examen plus approfondi et en a tiré des conclusions inquiétantes.

Les entreprises industrielles helvétiques, en particulier les PME, semblent en effet perdre de plus en plus de terrain en termes de force d’innovation et de compétitivité. C’est une mauvaise nouvelle pour un pays dépendant d’une industrie d’exportation concurrentielle au niveau international.
 
Moins d’entreprises, moins de recherche, moins de présence en Suisse
L’étude se fonde sur les données récoltées lors de l’enquête sur l’innovation menée par le Centre de recherches conjoncturelles KOF. À l’heure actuelle, ces données couvrent la période allant jusqu’à 2014 compris. Elles font apparaître que le nombre d’entreprises industrielles suisses ne cesse de diminuer.
Cette évolution se reflète également dans le Swiss Engineering Index: depuis six ans, la Suisse a perdu chaque année quelque 4000 emplois à plein temps dans le secteur de l’industrie. Il est inquiétant de constater qu’entre 1997 et 2014, aussi bien sur la scène nationale qu’à l’étranger, de nombreuses PME ont réduit leurs efforts dans le domaine de la recherche et du développement, les secteurs de la chimie, des machines, de la métallurgie, du textile et de l’habillement, ainsi que de l’horlogerie étant particulièrement touchées. On décèle également des signes de migration des activités de recherche et développement à l’étranger, parmi les PME de l’électrotechnique et de la métallurgie, par exemple.
 
Quelques divisions industrielles particulièrement éprouvées
L’étude illustre le succès des efforts de recherche et développement des entreprises industrielles suisses en matière de nouveaux produits. Si les efforts de recherche et de développement des PME dans certaines divisions (pharma, bois ou métallurgie) ont porté leurs fruits, le tableau n’est pas aussi réjouissant pour les divisions électronique/instruments, machines et chimie. Ici, le chiffre d’affaires des PME réalisé avec de nouveaux produits a chuté, malgré des dépenses en recherche et développement proportionnellement plus élevées. Quant aux résultats des PME de la division textile/habillement, ils ne manquent pas d’inquiéter: ces entreprises ont proportionnellement abaissé leurs dépenses de recherche et développement et leur chiffre d’affaires réalisé avec de nouveaux produits a diminué. Un changement des conditions-cadres, une concurrence accrue ou encore l’effondrement de certains marchés peuvent expliquer cette évolution.
 
Renforcement de la recherche appliquée et du développement
En Suisse, la recherche universitaire est financée par le secteur public. Les entreprises industrielles, quant à elles, supportent leurs dépenses liées à la recherche. Ce modèle semble avoir atteint ses limites. Les résultats de l’étude suggèrent que les PME de l’industrie suisse, en particulier, éprouvent des difficultés croissantes à supporter les coûts élevés liés à la recherche et au développement. Et pour celles qui courent ce risque, le succès est de moins en moins au rendez-vous. Les grandes entreprises externalisent la recherche vers des pays où les mesures incitatives gouvernementales sont plus nombreuses.
Ces développements doivent susciter une réflexion. Compte tenu des aides publiques à l’industrie accordées par la majorité des pays industrialisés, un débat politique doit avoir lieu: la Confédération doit-elle soutenir davantage les entreprises industrielles dans leurs efforts d’innovation et leur proposer des mesures incitatives appropriées?
 
À propos de la SATW
L’Académie suisse des sciences techniques (SATW) est le principal réseau suisse d’experts dans le domaine des sciences techniques. Elle est en contact avec les plus hautes instances scientifiques, politiques et industrielles du pays. Ce réseau se compose de membres individuels, de sociétés membres et d’experts, tous nommés par leurs pairs. Sur mandat de la Confédération, la SATW identifie les évolutions technologiques capitales sur le plan industriel et informe le monde politique et la société de leur importance et de leurs conséquences.
Organisation professionnelle, la SATW propose une expertise indépendante, objective et globale sur les technologies. Son but est de favoriser l’expression d’opinions fondées. Elle encourage également l’intérêt et la compréhension de la technologie par le grand public, en particulier par les jeunes. Elle est politiquement indépendante et à but non lucratif.
 
 
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