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15 Januar 2016 | La Revue POLYTECHNIQUE 11/2015 | Wissenschaft

Pour la science, la Suisse et l’Europe doivent avancer ensemble

Dans le cadre d’un voyage à Bruxelles auprès d’éminents représentants de l’Union européenne, les présidents des deux écoles polytechniques fédérales, Patrick Aebischer (EPFL) et Lino Guzzella (EPFZ), ont relevé l’importance pour la Suisse, d’être associée au programme de recherche européen Horizon 2020.
La Suisse scientifique doit pouvoir accéder sans entrave au réservoir de talents et, par conséquent, être pleinement associée au programme de recherche européen Horizon 2020. C’est ce qu’ont clairement expliqué les présidents des deux écoles polytechniques fédérales de Zurich et de Lausanne après des discussions avec des représentants de l’Union européenne.

«La Suisse compte parmi les pays les plus innovateurs au monde. De nombreux comités internationaux le confirment année après année. Tout le monde serait perdant si les universités suisses étaient exclues de la compétition que se livrent les pays européens sur le plan de la recherche», a expliqué Lino Guzzella, président de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ). Son homologue et président de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), Patrick Aebischer, a relayé les craintes des deux prestigieuses hautes écoles: «La science fut la première victime de l’acceptation de l’initiative contre l’immigration de masse. Et il y a tout lieu de craindre que nous serons de nouveau les premiers à subir des conséquences négatives si nous ne trouvons pas une solution contraignante pour l’accord sur la libre circulation des personnes d’ici à la fin de 2016.»
Les deux présidents accompagnés de leurs responsables de recherche ont rencontré plusieurs représentants de haut rang de l’Union européenne. Des réunions bilatérales se sont ainsi déroulées avec Jean-Pierre Bourguignon, président du Conseil européen de la recherche (ERC), Robert-Jan Smits, directeur général de la recherche et de l’innovation de la Commission européenne, ainsi qu’avec les deux commissaires de l’Union européenne Carlos Moedas et Tibor Navracsics. Carlos Moedas est chargé de la recherche, des sciences et de l’innovation tandis que Tibor Navracsics est responsable des politiques en matière d’éducation et de formation, de culture, de jeunesse et de sport.
Les discussions avec les représentants de l’Union européenne ont montré que les deux parties partageaient une conception commune et que la Suisse devait être membre à part entière de l’espace européen de la formation, de la recherche et de l’innovation.
 
Un accès indispensable au réservoir de talents
Patrick Aebischer et Lino Guzzella ont souligné l’urgence de transformer le statut provisoire dont bénéficie actuellement la Suisse, en une association à part entière, car seule une pleine participation aux programmes européens de recherche permettra d’écarter les incertitudes latentes qui pèsent sur les scientifiques. Dans le septième programme cadre pour la recherche et le développement technologique (FP7, 2007-2013), la Suisse fut le cinquième meilleur pays en termes d’obtention de bourses ERC. Par habitant, aucun autre pays européen n’a réussi à obtenir davantage de moyens compétitifs d’encouragement à la recherche que la Suisse. «L’ouverture et le libre accès au réservoir de talents constituent un des facteurs de succès des universités suisses», a affirmé Patrick Aebischer.
Une association à part entière serait également importante pour l’Europe, ceci afin de poursuivre les relations étroites en sciences tissées avec la Suisse, dans certains domaines depuis des décennies. Il suffit de penser à des organisations de recherche comme l’Agence spatiale européenne (ESA), l’Observatoire Européen Austral (ESO) ou le CERN, qui sont depuis de nombreuses années des lieux de travail de chercheurs européens. La Suisse est depuis longtemps très bien intégrée au sein de la recherche européenne et la non-participation à Horizon 2020 aurait sans doute des répercussions négatives à long terme pour l’ensemble des partenaires.
 
L’excellence passe par la concurrence
L’orientation internationale de la recherche suisse est également attestée par le fait que près des trois quarts des bourses ERC des universités suisses ont été accordées à des chercheurs non suisses. Cette situation a également été mise en évidence par les deux présidents des écoles polytechniques lors des discussions avec les représentants de l’Union européenne. L’exclusion de la Suisse des programmes européens fermerait la possibilité de faire une carrière scientifique attractive dans les universités suisses à de nombreux chercheurs de l’Union.
La Suisse en profite bien entendu aussi, a souligné Lino Guzzella. «Outre le fait d’apporter de l’argent aux universités suisses, les bourses ERC nous permettent surtout de nous exposer à la concurrence. Elles jouissent d’un énorme prestige et elles peuvent être déterminantes dans la décision des jeunes talents scientifiques d’opter pour Lausanne ou Zurich, plutôt que pour une autre grande université de renom». Et Patrick Aebischer de compléter:
«L’exclusion des programmes européens pénaliserait les deux EPF lors du recrutement, en particulier de jeunes professeurs, par rapport aux autres pays.»
Les chercheurs en provenance de l’Europe et d’autres pays qui travaillent dans les deux EPF contribuent non seulement à la renommée de la place scientifique suisse, mais encore à renforcer l’économie nationale, puisqu’une fois leur master ou leur doctorat en poche, nombre de diplômés restent en Suisse et deviennent des ingénieurs ou des scientifiques très prisés, ou y fondent leur propre entreprise.