27 Februar 2017 |
La Revue POLYTECHNIQUE
Un des inventeurs de la souris fête son jubilé
Pierre-Yves Kohler*
L’entreprise Ciposa a été partie prenante du développement de la première souris d’ordinateur, de la carte à puce et de la première machine d’assemblage librement programmable destinée notamment aux secteurs horloger et médical. À l’occasion de son 50e anniversaire, nous avons rencontré Jürg Nufer, directeur général de cette PME.
Dans les années 80, Ciposa travaille en collaboration avec l’EPFL et participe à la mise au point de la première souris déjà dotée de sa fameuse boule et de ses trois touches fonctionnelles. Jürg Nufer, directeur général de cette PME d’une quarantaine de personnes située à Hauterive, près de Neuchâtel, précise: «Ciposa a toujours été à la pointe de l’innovation. Si nous nous plaçons dans le contexte de l’époque, parler d’un dispositif tel que la souris, alors que les écrans des ordinateurs étaient noirs et que seuls des caractères blancs ou verts et des lignes de codes y figuraient, c’était très visionnaire». Mais cette vision peut coûter cher si l’entreprise innove alors que le marché n’est pas prêt: le retour sur investissement s’en ressent et l’entreprise doit réajuster son tir, être attentive et s’armer de patience.»
Quel rapport entre la carte à puce et l’écran tactile flexible ?
À l’époque, Ciposa aide à créer une première version de carte à puce pour un client australien, le «Metropolitan Transport Trust» de Tasmanie. L’entreprise était alors rattachée à la Câblerie de Cortaillod, laquelle fut ensuite reprise par le groupe Alcatel. «Dans le passé Ciposa fonctionnait un peu comme une start-up d’ingénieurs, développant des idées et des solutions, mais laissant le soin de l’industrialisation à d’autres» explique Jürg Nufer.
Il y a une dizaine d’années, un virage stratégique est pris: rien ne sert en effet d’investir si le retour d’investissement n’est pas assuré. Aujourd’hui Ciposa continue d’innover, mais de manière plus réfléchie, plus industrielle, voire même plus orientée vers le marketing. Elle est, par exemple, pionnière dans les machines de bande à bande pour la réalisation d’écrans tactiles flexibles, une solution technique qui devrait se développer largement au cours des prochaines années. «Nous sommes prêts à faire face à la demande de machines et, même en cas de grandes commandes, nous pourrons satisfaire nos clients» ajoute Jürg Nufer.
Tout comme la première machine d’assemblage librement programmable sur le marché, les réalisations sont conçues sur des bases modulaires, qui permettent la mise en place de solutions innovantes et personnalisées de manière rationnelle, comme on le verra dans la suite de cet article.
«Nous sommes prêts à faire face à la demande de machines et, même en cas de grandes commandes, nous pourrons satisfaire nos clients». (Jürg Nufer, directeur général de Ciposa SA)
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Des tendances lourdes dans l’horlogerie
Dans le domaine automobile ou médical, l’automatisation et la traçabilité sont des paramètres acquis depuis longtemps. Ils le sont un peu moins dans l’horlogerie, mais aujourd’hui, tous les groupes horlogers souhaitent organiser des processus qui leur assurent plus de qualité, de répétabilité et de souplesse, ceci tant en termes de production de composants que d’assemblage. Les sous-traitants horlogers mettent également en place de telles solutions pour leur permettre d’offrir davantage à leurs clients, notamment par la livraison d’assemblages et non plus simplement de composants isolés.
Automatiser de telles solutions implique des compétences particulières en microtechnique, en systèmes de vision et en industrialisation. Avec sa machine programmable d’assemblage, Ciposa répond à ces «nouvelles» exigences.
Des gammes de produits standard et spéciaux
Ciposa propose un service de développement de machines spéciales d’automatisation sur mesure, mais aujourd’hui, son «cheval de bataille» est la possibilité de mettre en place des solutions finement adaptées aux besoins de ses clients, par le biais de personnalisations de machines standard.
La machine Cimod AS.4, par exemple, est une plate-forme d’automatisation modulaire flexible et évolutive pour les micro-assemblages. Constituée de modules éprouvés, c’est une machine adaptée aux besoins du client, qui est mise au point rapidement et sans risque de devoir «essuyer les plâtres» d’un développement repartant de zéro. Les systèmes bande à bande Optoline pour la réalisation de circuits imprimés (exposition par LED UV sur les deux faces) sont conçus dans la même logique.
Une région qui rime avec passion et précision
«Notre région est vraiment le berceau de la machine de précision. Par exemple, lorsque nous avons décidé de refroidir les axes de notre machine d’assemblage pour en assurer la haute précision et la répétitivité, nous avons pu nous reposer sur un savoir-faire qui fait vraiment partie de notre ADN régional. Il y a une vraie culture de la précision, de la minutie et de la qualité, qui est partagée entre les fabricants, les sous-traitants et les écoles techniques. C’est un plus que nous pouvons offrir à nos clients» explique Jürg Nufer. Chez Ciposa les équipes en place sont jeunes et les ingénieurs, tout comme les chefs de projets, qui conçoivent des solutions pour les clients, ont chaque jour l’occasion de démontrer qu’ils partagent cette culture.
Une présence mondiale
Si les machines d’assemblage sont aujourd’hui principalement demandées par le marché suisse de l’horlogerie, les autres domaines s’y intéressent également. Des machines de bande à bande, comme celles destinées à la réalisation d’écrans tactiles, sont déjà installées partout dans le monde, en particulier en Asie, aux États-Unis et en Europe. Bien que méconnue dans le canton de Neuchâtel, la marque Ciposa véhicule avec fierté les valeurs de l’industrie neuchâteloise et de l’Arc jurassien que sont la précision, la qualité, l’innovation et l’audace.
Ciposa SA
2068 Hauterive
Tél.: 032 566 66 00
www.ciposa.com
* Directeur de FAJI SA, 2735 Bévilard