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24 Februar 2014 | La Revue POLYTECHNIQUE 12/2013 | Recherche et développement

Une éolienne qui produit de l’eau

James Dettwiler

La société française Eole Water a développé une éolienne capable de produire de l’eau potable à partir de l’air ambiant. Les seuls consommables qu’elle utilise sont l’air et le vent. Cette technologie innovante permettrait de sauver des milliers de personnes.
À notre époque, l’accès à l’eau potable reste encore un problème pour plus de 2,4 milliards de personnes selon l’ONU. Pour de nombreuses régions pauvres du monde, l’eau est souvent polluée même avant d’être consommée, puis une seconde fois, avant le rejet des eaux usée dans la nature. Des populations doivent se contenter de moins de 3 l d’eau par jour. Avec la croissance démographique, l’eau deviendra sans doute source de conflits ces prochaines décennies. Il sera alors nécessaire de trouver des solutions alternatives pour faire face à cette pénurie programmée.

La société française Eole Water, installée dans les Alpes-de-Haute-Provence, a développé une éolienne un peu particulière, capable de produire quotidiennement plus de 1000 l d’eau potable. La technologie est basée sur un concept simple: transformer l’humidité de l’air en eau potable. Celui-ci, aspiré par l’éolienne, passe dans une turbine de ventilation, un condensateur d’humidité, puis par un compresseur frigorifique et un échangeur de chaleur, avant de se condenser. La puissance électrique de 30 kW nécessaire à ce processus est fournie par le vent, en faisant fonctionner un aéromoteur. Finalement, l’eau est acheminée, via un tube d’écoulement, dans un réservoir situé au pied du mât. Elle subit encore une reminéralisation avant d’être garantie potable. Ce principe exploite ainsi une immense ressource en eau potable, jusque-là totalement négligée.
 
Facile à installer
Cette éolienne, pesant plus de 11 tonnes et mesurant 30 m de haut, peut être facilement installée. Le vent est l’unique moteur de ce dispositif, qui ne rejette pas de CO2. De plus, il n’y a besoin d’aucune autre source énergétique annexe. En cas d’absence de vent, des systèmes de connexion électrique annexes ont été prévus, tels que des panneaux photovoltaïques, des lignes électriques ou encore des générateurs.
 
 
Une limitation des coûts de maintenance
Les régions éloignées où l’on peut faire face à diverses contraintes d’ordres environnementales, techniques ou humaines, peuvent entraver l’entretien des infrastructures de l’éolienne. Pour faire face à ces problèmes, les technologies utilisées pour la construction de l’éolienne permettent un fonctionnement autonome, toute en limitant les opérations de maintenance. Les composants sont de très haute qualité, spécialement conçus pour supporter les climats les plus extrêmes. Cette éolienne est équipée d’un mât monté sur des vérins hydrauliques télescopiques, pouvant résister à des vents violents de plus de 180 km/h. Le générateur est conçu avec un entraînement direct sans boîte de vitesse. Un frein mécanique et électrique est capable d’offrir une protection contre les vitesses trop élevées. Des volets garantissent une protection contre les milieux ayant de fortes densités de particules, telles que le sable ou la poussière. Un dispositif automatique de nettoyage interne limite les interventions de lavage. Un système de surveillance à distance permet de signaler à une équipe technique tout problème ou dysfonctionnement.
Après plus de 18 mois de recherche et développement, le modèle d’éolienne WMS1000 a été transporté, il y a deux ans, à Abu Dhabi afin de subir différentes phases de tests dans les conditions climatiques difficiles du Moyen Orient. Sans être complètement déployée, elle a fourni d’excellents résultats. Prochainement, elle devrait être rapatriée en France pour y être installée.