25 April 2016 |
La Revue POLYTECHNIQUE
Une peinture numérique à partir d’une photo
Un «selfie» transformé en tableau de Van Gogh ou Matisse ? La photo de sa belle-mère transformée en une création de Mirò ? C’est possible grâce à DeepArt, un projet basé sur un puissant algorithme, qui réalise une peinture numérique à partir de n’importe quelle photo.
Les machines ne se contentent plus de battre des champions aux échecs ou au jeu de Go. Désormais, elles ont aussi la fibre artistique et réalisent des tableaux à faire pâlir plus d’un adepte du pinceau. Rien à voir avec un filtre photographique: c’est à partir d’un écran blanc que l’ordinateur exécute le tableau demandé. Un algorithme développé en Allemagne à l’Université de Tübingen, est mis aujourd’hui à disposition du public sur une plate-forme conçue par Lukasz Kidzinski, chercheur au Laboratoire d’ergonomie éducative de l’EPFL.
Le procédé, s’il est simple à expliquer, fait tout de même appel aux dernières avancées en matière de «Deep Learning»: en l’occurrence des algorithmes d’apprentissage automatique ayan un haut niveau d’abstraction, utilisés pour la reconnaissance faciale ou la vision par ordinateur, par exemple. Dans le cas de DeepArt, l’utilisateur soumet une photo à l’ordinateur et lui demande de créer un tableau suivant un style ou un artiste particulier. «L’algorithme va alors analyser l’image pour en extraire les éléments principaux, comme un visage ou un objet», explique Lukasz Kidzinski. Le programme va ensuite peindre une image en comparant sans cesse les éléments de départ avec le tableau dont il doit s’inspirer. Après une dizaine de minutes de calculs, le résultat est prêt: l’ordinateur restitue une œuvre originale et unique.
Dorénavant, n’importe qui peut accéder à la puissance de DeepArt et lui soumettre sa propre photo, grâce au site internet développé à l’EPFL en collaboration avec les chercheurs de l’université de Tübingen. Histoire de découvrir par soi-même si la machine a autant de talent qu’un humain. La réponse semble être positive, à en croire le résultat d’un questionnaire (http://turing.deepart.io) proposé aux visiteurs du site, qui devaient différencier le tableau d’un maître de celui de la machine. Résultat: il a été impossible de faire la différence, les gens répondant de la même manière que s’ils avaient choisi au hasard.