Une technologie de pointe pour contrôler les pistes de l’aéroport de Bâle-Mulhouse
Georges Pop
Au mois de septembre dernier, l’EuroAirport de Bâle-Mulhouse a inauguré un véhicule appelé à révolutionner les opérations de vérification de l’état des pistes sur les aéroports. Ce véhicule, équipé par l’entreprise vaudoise Infralab SA, a achevé en quelques heures un travail qui exigeait jusqu’ici près d’un mois. La surveillance de l’état des pistes et des voies de circulation des avions est une opération essentielle pour garantir la sécurité du trafic aérien.

Le véhicule acquis par l’aéroport de Bâle-Mulhouse a effectué en quelques heures des vérifications qui, habituellement, nécessitent près d’un mois de travail. © EuroAirport
Pour la première fois, dans la nuit du 8 au 9 septembre dernier, un véhicule chargé de caméras, de capteurs laser 3D et d’un serveur embarqué, a parcouru et vérifié, à la vitesse de à 70 km/h, chaque centimètre carré de la piste principale de l’aéroport de Bâle-Mulhouse. À l’affût de la moindre altération de l’état de la surface de la piste, ses capteurs ont réalisé le relevé de l’intégralité des 3,9 km de la piste principale, en moins de quatre heures. Jusqu’à présent, ce contrôle des dégradations de la piste était fait à pied, durant l’arrêt nocturne du trafic aérien, entre minuit et 5 h du matin, par une équipe de techniciens de l’EuroAirport. Cette mission exigeait près de 25 nuits d’observation méticuleuse, sous l’éclairage des lampes électriques et des phares des véhicules suiveurs, quelles que soient les conditions météorologiques.

L’entreprise Infralab SA possède une flotte de véhicules équipés pour contrôler l’état des chaussées. © Infralab SA
Un spécialiste du contrôle des chaussées
Le véhicule, testé avec succès sur la piste 15/33 de l’EuroAirport, est une fourgonnette de série de la marque Mercedes qui a été entièrement équipée par l’entreprise Infralab SA, basée à Servion, dans le canton de Vaud. Cette société se présente comme « un bureau d’ingénieurs civils et un laboratoire d’analyse des matériaux de construction, travaillant de manière indépendante des fabricants de matériaux ou des entreprises ». Elle dispose d’une flotte de véhicules de mesures, capables de vérifier l’état des chaussées en circulant dans le flux du trafic. Les valeurs collectées, reportées dans une banque de données, permettent de gérer l’entretien des réseaux routiers.
« Par le passé, nous avons déjà procédé à la vérifications des pistes de Cointrin, de Kloten, ainsi que celles de plusieurs aérodromes militaires. Ce qui est nouveau, c’est la technologie qui a été utilisée à Bâle- Muhlouse. Jusqu’à aujourd’hui nos véhicules ARAN (Automatic Road ANAlyser) étaient équipés d’un système d’acquisition des images en 2D, qui repérait les altérations par contraste. Les images étaient interprétées par un opérateur, sur un écran. Le nouveau système est beaucoup plus performant. Il comprend un scanner laser qui procède à un maillage des surfaces en 3D. La résolution est de 1’ordre du millimètre carré et tout est automatique. Le seul inconvénient est que le système n’est pas opérationnel sur une surface humide », explique Jean-Louis Cuénoud, le directeur d’Infralab SA.

Les véhicules ARAN détectent les dégradations des chaussées, afin de gérer leur entretien. © Infralab SA
Une première franco-suisse
Seul aéroport binational au monde, l’EuroAirport affirme être un pionnier en France dans l’introduction de cette nouvelle technologie, aux côtés de deux autres partenaires : Groupe ADP (anciennement Aéroports de Paris et le Service d’infrastructure de la défense (aéroports militaires). En ce qui concerne les aéroports suisses, c’est la première fois qu’une technologie de détection basée entièrement sur l’imagerie 3D est utilisée dans un aéroport. Outre Infralab SA, la société française Technologies nouvelles, basée à Nanterre, spécialisée dans les études et les expertises d’ingénierie de la route et des déplacements, a été associée au projet.