Des « combustibles solaires » respectueux de l’environnement
Georges Pop
La société suisse Synhelion SA, un spécialiste des carburants de synthèse produits en recourant à l’énergie solaire, annonce la conclusion d’un accord de partenariat avec l’éditeur américain de logiciels Ansys, pour développer sa technologie et permettre la mise au point de récepteurs solaires plus performants. L’entreprise helvétique a l’intention de bâtir la première usine industrielle de production de « combustibles solaires » au monde, en 2023.
La société suisse Synhelion SA, pionnière dans la fabrication de carburants de synthèse produits en recourant à l’énergie solaire, dont le siège principal est situé à Lugano, dans le canton du Tessin, et l’éditeur de logiciels américain Ansys, basé à Canonsburg, en Pennsylvanie, annoncent avoir conclu un accord de partenariat pour développer la mise au point de combustibles durables, capables de remplacer les énergies fossiles dans tous les secteurs des transports. L’entreprise helvétique dit vouloir utiliser les logiciels de simulation développés par son nouveau partenaire, pour tester ses méthodes innovantes et concevoir des récepteurs solaires plus performants.

Le récepteur solaire de l’entreprise Synhelion SA peut atteindre des températures de plus de 1500 °C. © SYNHELION
Des carburants synthétiques à base d’eau et de CO2
Sur la base d’une « simulation multi - physique » – un procédé numérique qui reproduit le comportement d’un modèle théorique –, les ingénieurs de Synhelion SA ont trouvé le moyen, grâce à la chaleur du Soleil, de transformer une adjonction d’eau (H2O) et de dioxyde de carbone (CO2) en carburants synthétiques de type kérosène. Ces combustibles sont à même de faire marcher, sans modification, les réacteurs des avions, les propulseurs des navires, ainsi que les moteurs des poids lourds et des voitures. Lors de leur combustion, ces carburants ne libèrent dans l’atmosphère que le dioxyde de carbone utilisé pour leur production. Selon leurs concepteurs, ils sont donc neutre en carbone, car seul le CO2 de l’air ambiant est utilisé pour leur production.
Un réacteur thermochimique produit ces carburants
Pour synthétiser ces carburants, les ingénieurs utilisent des miroirs qui reflètent la lumière du Soleil et la concentrent vers un récepteur, dans lequel circule un fluide caloporteur dont la température peut atteindre plus de 1500 °C. Ce fluide alimente un réacteur thermochimique qui produit les carburants, selon un procédé standard.
L’excès de chaleur est récupéré dans un stockage d’énergie thermique (TES) pour permettre un fonction - nement en continu du processus. Les combustibles liquides ainsi obtenus, qui ont une densité d’énergie très élevée, peuvent être stockés pendant une longue durée sans compromettre leur qualité. Ces « carburants solaires » ont la même composition chimique que celle des combustibles conventionnels. Ils contiennent toutefois moins d’impuretés, ce qui signifie qu’ils émettent moins de gaz nocifs lorsqu’ils brûlent.
Synhelion SA indique qu’elle sera prête à lancer la première usine industrielle de production de « combustible solaire » au monde à partir de l’année prochaine. Vers 2030, elle prévoit d’augmenter sa capacité pour produire 875 millions de litres de « kérosène solaire » par an, soit suffisamment pour couvrir la moitié environ de la consommation suisse de ce type de carburant. Le secteur du transport émet annuellement quelque 8 milliards de tonnes de CO2. « Nous travaillons pour que ce nombre devienne nul », souligne l’équipe de Synhelion SA.
Synhelion SA
CH-6900 Lugano
info@synhelion.com
www.synhelion.com
À propos de Synhelion SALa société Synhelion SA a été fondée en 2016 dans le but de produire des combustibles de synthèse en recourant à l’énergie solaire. Outre son siège social de Lugano, elle dispose de bureaux à Zurich, ainsi qu’à Bergisch Gladbach, en Allemagne. Elle est actuellement dirigée par ses deux cofondateurs, Gianluca Ambrosetti, un physicien expert en nanotechnologies, et Philipp Furler, un ingénieur en thermochimie solaire. L’année dernière, le groupe AMAG, premier importateur automobile de Suisse, a pris une participation dans l’entreprise, via son fonds pour le climat et l’innovation. L’entreprise, qui jouit également du soutien du ministère fédéral allemand de l’Économie et de l’Énergie, a annoncé, au mois de novembre dernier, avoir levé 16 millions de francs en série B pour la construction de sa future usine. |