Le drone d’inspection qui se faufile partout
Georges Pop
Basée à Paudex, dans le canton de Vaud, la start-up Flyability, spécialisée dans la fabrication de drones d’inspection destinés à l’industrie, annonce avoir testé avec succès son modèle Elios 2, dans des environnements difficiles ou dangereux, tout au long de l’année dernière. L’entreprise s’attend à une progression sensible de ses affaires, après l’ouverture, en 2020, d’un bureau à Denver, aux États-Unis, ainsi qu’une levée de fonds de série C, d’un montant de 7 millions d’euros injectés par le fond Future Industry Ventures, basé au Luxembourg, et par Swisscom Ventures, la branche capital-risque de Swisscom.

À Barcelone, après de violentes intempéries, le petit drone a repéré, sans difficulté, le point de rupture d’un collecteur d’eaux usées. © Flyability
Fondée en 2014 par Patrick Thévoz, diplômé en microtechnique à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), et Adrien Briod, ingénieur au Laboratory of Intelligent Systems (LIS) de l’EPFL, l’entreprise Flyability s’est spécialisée dans la conception de drones capables d’accomplir des inspections de sécurité, à coûts réduits, dans des endroits difficiles d’accès, confinés ou inaccessibles à des inspecteurs humains. Les deux fondateurs s’attendent, pour l’année en cours, à un développement substantiel de leur entreprise, grâce à l’investissement de 7 millions d’euros, apporté conjointement par le fond Future Industry Ventures et Swisscom Ventures, convaincus par les récentes missions, couronnées de succès, exécutées par le drone Elios 2.

Le drone Elios 2 présente un diamètre inférieur à 40 cm. Sa taille modeste lui permet de se faufiler dans pratiquement n’importe quel espace nécessitant une inspection. © Flyability
Petit mais bien équipé
Doté d’une cage sphérique, qui protège ses hélices, le drone Elios 2 présente un diamètre inférieur à 40 cm. Sa taille modeste lui permet de se faufiler dans pratiquement n’importe quel espace nécessitant une inspection. L’engin est équipé d’une caméra thermique, ainsi que d’une caméra 4K (Ultra HD), offrant une vision en temps réel. L’enregistrement vidéo, ou les images fixes en 12 MP (12 millions de pixels), permettent de repérer les microfissures, les dépôts, ainsi que les traces de corrosion, sur un sol, un mur ou un plafond. Le drone dispose d’un éclairage rasant, étanche à la poussière, de 1000 lm, le plus puissant jamais installé sur un drone commercial, selon ses concepteurs, qui insistent sur la stabilité de leur engin, ainsi que sur sa très grande maniabilité.
La centrale de Tchernobyl passée au peigne fin
L’année dernière, l’équipe chargée du démantèlement de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, a fait appel à Flyability afin de filmer l’intérieur de l’édifice, pour repérer d’éventuels déchets, potentiellement radioactifs. Un mur de 70 m séparait les télépilotes du réacteur No 5, qui était en fin de construction au moment de la catastrophe, le 26 avril 1986. Malgré cet obstacle, Elios 2 a pu montrer que les piscines du réacteur en chantier étaient vides, et qu’il n’y avait pas de déchets dangereux à proximité. En Russie, le drone suisse a été sollicité pour contrôler l’état d’un pont ferroviaire métallique, enjambant un fleuve. Le passage constant des convois, ainsi que l’étroitesse de l’ouvrage, ne permettaient pas une inspection humaine sécurisée. À Barcelone, en Espagne, le petit drone a repéré, sans difficulté, les dégâts dans un vaste collecteur d’eaux usées, consécutifs à des intempéries. Les exemples de son efficacité ne manquent pas.

Le drone Elios 2 a montré que les piscines du réacteur No 5 de la centrale de Tchernobyl étaient vides. © Flyability
L’entreprise emploie actuellement une centaine de collaborateurs. Elle embauche du personnel hautement qualifié, ce qui témoigne de son optimisme pour l’avenir. Pour chaque achat de drone, Flyability offre une journée de formation au maniement de sa petite machine volante.