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25 avril 2019 | Sécurité Environnement | Astronautique

Édito (1/2019)

Pourquoi une telle atonie ?
La manifestation des jeunes pour le climat a rassemblé, le 15 mars dernier, plus d’un million d’écoliers, collégiens, étudiants de plus de cent pays, sur tous les continents. Jamais dans l’histoire de l’humanité, on n’avait assisté à une telle mobilisation d’une ampleur mondiale, pour une cause vitale pour les générations futures et pourtant négligée par la majorité de la classe politique et des milieux industriels. Alors pourquoi une telle atonie malgré l’urgence ? Voici quelques éléments de réponse:
Contrairement à la jeune génération qui vient d’exprimer sa crainte, la plupart des responsables politiques – mais aussi de leurs électeurs – ne seront plus de ce monde dans le dernier quart du XXIe siècle. Ainsi, dans une logique parfaitement égoïste, ils se fichent comme de l’an quarante de l’état de la planète à l’horizon 2100. Ce qui n’est pas le cas des jeunes, mais voilà, eux n’ont pas encore le droit de vote !
La complexité des événements (climatiques, biologiques, physiques…) et leur évidence échappant parfois à une description phénoménologique, peut masquer leur caractère d’urgence. Une vague de froid aux États-Unis, par exemple, apportera des arguments aux climatosceptiques, alors qu’elle est justement due à la fonte de la calotte glacière.
La dilution de la menace dans le temps est une autre explication. S’il était prouvé qu’un astéroïde allait percuter la terre en 2020, nul doute que toutes les grandes puissances «mettraient le paquet» pour parer ce risque.
Les premiers touchés seront les pays pauvres qui eux, justement, n’ont pas les moyens de lutter contre le réchauffement climatique. Les pays riches seront moins touchés par les inondations, les famines et les déplacements de populations, tant pis pour les autres !
Les moyens économiques à mettre en œuvre, tout comme la volonté politique et sociologique pour, par exemple, interdire les 4x4 et les SUV dans les villes, obliger le ferroutage, taxer les carburants d’aviation, etc. font défaut. Nous ne sommes pas prêts socialement et psychologiquement à vivre dans un monde qui demande davantage de concertation, d’efforts, plus d’écoute, plus de coopération, plus d’interactions…
Le conservatisme, la résistance aux changements, l’inertie, le sentiment d’impuissance, l’ignorance, sont d’autres facteurs expliquant les raisons pour lesquelles ce sont les jeunes plutôt que les ainés qui s’inquiètent de l’avenir de la planète. La gestion du quotidien importe plus que les incertitudes de l’avenir.
Pour conclure, les premières lignes du livre de Jacques Attali Une brève histoire de l’avenir, publié en 2006, illustrent parfaitement la situation actuelle: «Aujourd’hui se décide ce que sera le monde en 2050 et se prépare ce qu’il sera en 2100. Selon la façon dont nous agirons, nos enfants et nos petits-enfants habiteront un monde vivable ou traverseront un enfer en nous haïssant.» C’est malheureusement la seconde assertion qui est la plus probable.
 
Par Michel Giannoni