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25 janvier 2012 | Sécurité Environnement | 1-Non classifié(e)

Éditorial (1/2012)

Nuages sur les raffineries
Le pétrole brut, contentant plusieurs centaines de produits, est toujours raffiné dans un ensemble d’opérations physico-chimiques qui permettent d’en tirer différents carburants, du bitume et toutes les bases pour la pétrochimie. Habituellement, les grands groupes pétroliers purifiaient eux-mêmes leurs extractions, comme dans la plus grande raffinerie du pays, à Cressier (NE). Mais ce raffinage nécessite de lourds investissements et ne produit que des marges fluctuantes. Ces dernières années, les opérateurs ont vendu et fermé des raffineries en Europe pour en rouvrir de plus grandes là où se trouve la croissance, c’est à dire en Asie.
Fondé en 1993, Petroplus, domicilié à Zoug et coté à Zurich, est devenu un acteur important sur le marché, grâce à une série d’acquisitions au début des années 2000, quand les grandes compagnies pétrolières se sont recentrées sur leur cœur de métier, l’exploration-production des hydrocarbures. Ce groupe, qui se concentre sur la seule transformation du brut, subit la crise sans précédent du secteur en Europe. Les onze banques qui financent le raffineur ont gelé une ligne de crédit d’un milliard de dollars. Incapable d’acquérir la matière première, le groupe doit fermer temporairement trois de ses cinq sites de raffinage, à Anvers (B), à Petit-Couronne (F) et à Cressier.
Des nuages planent également sur la deuxième raffinerie du pays, celle du groupe libyen Tamoil à Collombey (VS). Deux plaintes pénales des cantons de Vaud et du Valais sont en cours, suite à des pollutions ponctuelles et chroniques. La crise du secteur a pris une dimension franchement politique, obligeant les autorités à un grand écart entre le maintien des emplois et le respect de la législation environnementale. Pourtant, l’approvisionnement n’est pas menacé. Il peut facilement être suppléé par l’importation en camion, en train, sur le Rhin et au travers du pipeline pour produits finis qui relie Marseille à Genève, exploité à la moitié de ses capacités.
Les raisons de cette crise du raffinage? Un peu comme dans d’autres secteurs industriels: des surcapacités structurelles, le recul de la consommation, qui s’est accéléré depuis la crise économique et la flambée des cours du brut en 2008, et l’aversion des banques au risque, a fortiori quand il s’agit de secteurs en difficulté. Le phénomène ne devrait pas s’inverser. Il n’y aura pas de rebond de la consommation de pétrole, notamment du fait du développement de voitures moins gourmandes en carburant, d’un parc automobile mature et de l’essor des véhicules électriques. Les nuages qui pèsent sur les raffineries européennes sont-ils un premier signe du déclin de l’économie industrielle pétrolière contemporaine?
 
Par Sandro Buss