Environnement et sécurité
Par Georges Pop
Après tant de désastres, souvent simultanés, il est décidément temps que cet été s’achève. Les crues, les inondations, les canicules, les sècheresses, et les incendies de forêts de ces dernières semaines, se sont succédé sans répit, ne laissant derrière eux que morts, sans-abris, ruines et désolation. De la côte pacifique de l’Amérique aux rives de la Méditerranée, de l’Europe du Nord à la Chine, de la Sibérie au souscontinent indien, rares sont les régions de la planète qui n’ont pas eu à pâtir, sous diverses formes, des sursauts extrêmes de la nature.
En raison de la pire sècheresse qui touche l’île depuis 40 ans, Madagascar connaît l’une des plus terribles famines de son histoire. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), plus d’un million de Malgaches ont sombré dans l’insécurité alimentaire, alors que des milliers d’autres meurent de faim.
Tous ces phénomènes sont-ils liés entre eux ? Ont-ils un rapport avec le dérèglement climatique consécutif aux émissions de dioxyde de carbone, d’origine essentiellement anthropique, ainsi qu’avec l’effet de serre qui en résulte ? Pour le monde de la science, la réponse est oui. Et il se pourrait bien que les catastrophes de cet été ne nous aient offert qu’un avant-goût de ce qui nous attend. D’autant que les émissions mondiales de CO2 devraient atteindre un niveau inégalé d’ici 2023, puis continuer de croître, si l’on en croit le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Dans un entretien à la presse chinoise, le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le Finlandais Petteri Taalas, a expliqué que les catastrophes de cet été n’étaient, sans doute, qu’un début. Selon lui, le réchauffement va entraîner une aggravation des phénomènes extrêmes sur la planète. « Nous avons toujours eu des phénomènes météorologiques extrêmes, mais en raison du changement climatique, nous avons commencé à les voir plus souvent, et ils sont plus intenses », a-t-il déclaré.
Dans un récent rapport, l’OMM soulignait d’ailleurs que les bouleversements climatiques constituaient une menace pour la santé, la sécurité alimentaire, les ressources en eau et le développement socio-économique de l’humanité, surtout dans les pays les plus pauvres, en Afrique, notamment. Ce continent est d’ailleurs aux premières loges. Selon le cabinet Verisk Maplecroft, une société mondiale de conseil en risques et en stratégie, basée à Bath, au Royaume-Uni, le changement climatique fait courir un risque extrême à deux tiers des villes africaines, et menace près de la moitié du PIB continental.
Cet été nous montre que les pays du Nord n’allaient pas être épargnés pour autant.
Certains de nos lecteurs nous ont demandé pourquoi nous avions associé, dans une même revue, les thématiques de l’environnement et de la sécurité. Les événements de ces dernières semaines leur ont assurément apporté quelques éléments de réponse.