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27 décembre 2022 | Sécurité Environnement 06/2022 | Sécurité

La journée de formation de la Société Suisse de Sécurité au Travail

Cedric Favre

Réunis au Palais de Beaulieu à Lausanne le 16 novembre dernier, plus de 330 préposés à la sécurité et à la santé au travail se sont retrouvés pour la journée francophone de formation de la Société Suisse de Sécurité au Travail (SSST). Comme précédemment dans les deux autres régions linguistiques, quatre thèmes ont été abordés. Une présentation de Promotion Santé Suisse a clôturé la journée.

La gestion des produits chimiques

Jean-Marc Vaucher, ingénieur de sécurité CFST, directeur de DVCI Sàrl

Le cheminement des matières dangereuses est jalonné de risques. Que ce soit lors du transport, du stockage, de l’utilisation, du recyclage ou de l’élimination de ces produits, les dangers sont omniprésents. Les causes d’accident proviennent à 84 % de défaillances humaines, dont des défauts de maîtrise du procédé (non-respect des procédures, manque d’informations, incompétences, erreurs de calcul, de dimensionnement, stockage inapproprié, mauvais choix de matériaux, mauvais mélanges, engins inappropriés utilisés dans la zone, etc.). Le transport, l’utilisation et la commercialisation des produits chimiques font l’objet de réglementations. Tout projet d’entreposage de matières dangereuses doit faire l’objet d’un concept de protection incendie. Celui-ci doit être soumis à l’autorité de protection incendie avant le début des travaux. Les entrepôts de matières dangereuses doivent faire l’objet d’un concept d’entreposage. L’orateur a terminé sa présentation par quatre exemples concrets, récents, en Suisse, l’un de ces accidents ayant coûté la vie à deux personnes.

Les drones dans le secteur professionnel

Stanley Schmitt, PDG et fondateur de Vertical Master

L’utilisation de drones devient de plus en plus universelle. Plusieurs domaines sont concernés :

  • L’agriculture
  • Le sauvetage
  • La publicité
  • Le transport
  • La construction
  • La sécurité
  • Le cinéma
  • Le nettoyage
  • L’inspection

Ces engins volants (ou navigants) permettent de filmer, de transporter et de larguer des marchandises ou d’émettre des informations. Ils peuvent être exploités pour divers services (poste, commerce, etc.) ainsi que par l’industrie (couloirs aériens, pilotage automatique et programmé…). La Suisse compte plusieurs constructeurs de drones, ainsi que diverses entreprises spécialisées dans le développement de logiciels destinés aux drones.

Risques liés aux drones

Ces appareils volants de diverses tailles peuvent provoquer des accidents ou la paralysie de certaines installations :

  • Chute de l’appareil sur une personne ou un groupe de personnes
  • Collision aérienne avec un autre usager du ciel (hélicoptère, avion, drone)
  • Immobilisation d’un aéroport
  • Sans compter les usages militaires de certains modèles.

Apport des drones dans la sécurité Le survol d’une zone sinistrée peut réduire les délais d’appréciation de la crise et gagner en réactivité. Il complète et précise les informations recueillies au sol, ce qui peut faire gagner du temps (déploiements, zones difficiles d’accès, recherches). Il permet alors d’anticiper une évolution ou un événement aggravant (pollution, incendie de forêt, etc.). Afin de garantir la sécurité des intervenants, il peut voler dans des milieux difficile d’accès ou non permissifs. - Un intérêt tactique : recueillir des informations au plus près des événements, sans incidence sur le dispositif en place et sans déploiement de matériels complémentaires. - Un intérêt d’appui et de renseignement au profit des centres opérationnels de gestion de crise : recueillir des informations dans les zones connexes, afin de planifier l’action des renforts ou de prévoir l’évolution des événements. Ordonnance sur les aéronefs de catégories spéciales (OACS) Les drones « grand public » ne peuvent voler qu’en restant dans le champ de vision du pilote. En outre, le survol d’un rassemblement de plus de cinquante personnes n’est pas autorisé à moins de 100 m . En outre, le vol de ces engins ne peut pas se faire à moins de 5 km d’un aérodrome ou d’un aéroport. Une assurance responsabilité civile (RC) pour un montant minimum d’un million de francs est nécessaire pour des drones de plus de 500 g. L’attestation d’assurance doit être sur le pilote durant les périodes de vol. Les vols de nuit sont autorisés en Suisse. Durant une manifestation publique d’aviation, aucune demande à l’OFAC n’est nécessaire, si seuls des OACS (planeurs, cerfs-volants, parachutes, ballons captifs, aéronefs sans occupant) y participent. Spécificités du canton de Vaud Il est interdit de faire voler un drone à moins de 300 m des bâtiments publics suivants : - Hôpitaux et cliniques disposant d’un héliport - Établissements pénitentiaires - Police cantonale - Tribunaux Les prochaines normes européennes vont s’appliquer également en Suisse où un brevet d’aptitude de pilote à distance sera nécessaire.

Protection des données

Raoul Diez, directeur, conseiller en cybersécurité, CLUSIS

La protection des données comprend deux axes : l’application des lois et la protection contre les cybermenaces. Pendant une heure, l’orateur a exposé à l’auditoire les enjeux et comment s’y protéger. « Près de 90 % du contenu de la Toile échappe aux moteurs de recherche classiques : le Deep Web ou Darknet, là où l’on achète, vend ou échange des données sensibles, cartes bancaires, informations confidentielles, y compris des programmes de piratage dans le plus grand anonymat, via le navigateur TOR (avec des bitcoins) ». Source : Internet Livestats : http://www. internetlivestats.com/ En janvier 2021, il y avait 7,8 milliards d’internautes, dont 5,2 milliards sur des téléphones mobiles, ce qui correspondait à 66 % de la population mondiale. Windows caracolait – et caracole toujours – largement en tête des systèmes d’exploitation, avec 75 % du marché. D’où le développements de logiciels malveillants et de rançongiciels. Pour se protéger, que faire ? L’attitude à adopter : - Ne pas ouvrir les boîtes aux lettres privées sur l’ordinateur du bureau. - Ne pas donner accès aux appareils à une personne inconnue. - Attention aux clés USB, CD, disques externes (cas Stuxnet). - Mettre en place un système de sauvegarde permettant de revenir à une situation J-1. Les messages dont il convient de se méfier : - S’ils proviennent d’un expéditeur que vous ne connaissez pas et si le message est rédigé dans une langue que vous n’utilisez pas couramment. - S’ils ne contiennent pas d’objet, de corps, de signature ou s’ils sont très laconiques. - S’ils contiennent des caractères spéciaux du style ¦ # § ¬ | ¢. - S’ils sont écrits dans un français approximatif. - S’ils encouragent à ouvrir une pièce jointe pour obtenir plus d’information. Un employeur a le droit de limiter, voire d’interdire, l’usage des moyens d’information et de communication (ordinateur, téléphone) à des fins privées. Il peut, par exemple, prévoir dans une directive que les employés n’ont le droit d’utiliser leur téléphone ou leur messagerie électronique qu’à des fins purement professionnelles. Pour limiter les séances privées de navigation sur Internet, l’employeur peut notamment bloquer l’accès à certains types de sites (cours boursiers, pages « roses », etc.) ou déterminer des créneaux horaires pendant lesquels il est permis de naviguer à des fins privées (pendant les pauses ou après 18 h, p. ex.).

Instructions de travail

Pascal Vez, responsable Sécurité, Hygiène et Environnement (SHE), Migros Industrie

L’employeur veille à ce que tous les travailleurs occupés dans son entreprise, y compris ceux provenant d’une entreprise tierce, soient informés de manière suffisante et appropriée des risques auxquels ils sont exposés dans l’exercice de leur activité et instruits des mesures de sécurité au travail. Cette information et cette instruction doivent être dispensées lors de l’entrée en service ainsi qu’à chaque modification importante des conditions de travail ; elles doivent être répétées si nécessaire (OPA Art. 6 al.1). De plus, la directive CFST 6512 chapitre 5.5 sur les « Equipements de travail » spécifie : - Une instruction approfondie est nécessaire lorsque les travailleurs utilisent pour la première fois un équipement de travail. L’instruction doit se baser sur le manuel de service et la notice d’instructions du fabricant et être répétée à intervalles réguliers. - L’instruction effectuée doit être consignée. Ces documents doivent au moins comporter les indications suivantes : à qui, par qui et quand l’instruction a été dispensée et en quoi elle a consisté. Il faut également toujours vérifier l’aptitude des personnes choisies pour effectuer les activités en question, s’assurer qu’elles peuvent travailler en toute sécurité avec leur équipement de travail et qu’elles ont bien compris l’instruction. Une formation concernant l’utilisation des équipements de travail est nécessaire si les travaux qu’ils permettent d’exécuter impliquent des dangers particuliers (conduite de chariots élévateurs, travaux à la tronçonneuse, etc.) et chaque fois que l’utilisation de l’équipement de travail reste réservé à certaines personnes. Tous les niveaux hiérarchiques doivent être formés. Les codes QR s’invitent sur certaines machines pour les consignes du sécurité.

Promotion Santé Suisse

Reto Kälin

Les chiffres sont alarmants : - 30 % des personnes actives sont épuisées psychologiquement. - 43 % de toutes les nouvelles rentes AI sont dues à des troubles psychiques. - Le stress coûte 7,6 milliards de francs par année aux employeurs, ce qui correspond à 1500 francs par année et par personne active en Suisse. Mais que peut-on faire ? Une plateforme institutionnelle définit le paysage de la gestion de la santé en entreprise (GSE). En ce qui concerne la gestion des absences et la réintégration, il existe de nombreux services et offres spécialisés proposés par des assurances d’indemnités journalières en cas de maladie et des assurances invalidité. La fondation Promotion Santé Suisse est active dans le cadre de la promotion de la santé en entreprise. Les thèmes de l’activité physique, de l’alimentation et du stress y jouent un rôle central. Promotion Santé Suisse se concentre sur le thème de la santé mentale et du stress. La santé des apprentis au coeur des préoccupations Environ 30 % des 16 - 24 ans sont stressés au travail et pratiquement dans la même proportion, épuisés sur le plan émotionnel. D’autre part, le risque d’accident est deux fois plus élevé que chez les autres employés. Un outil, dont le groupe cible est constitué par des responsables de la formation professionnelle, va être déployé prochainement. Les responsables de la formation professionnelle sont en effet les personnes qui peuvent exercer une influence sur les apprentis dans leur travail quotidien. La santé mentale, la sécurité au travail et la protection de la santé, accidents non professionnels inclus, sont les trois thèmes abordés dans l’outil d’aide pour les apprentis.