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27 décembre 2022 | Sécurité Environnement 06/2022 | Environnement

L’humus préserve la fertilité et l’humidité des sols

(G.P. avec AFP)

Lancé en avril 2021 par Agroscope et repris dans la revue N°3/2021, le centre de compétence de la Confédération dans le domaine de la recherche agronomique et agroalimentaire, ainsi que par l’Université de Zurich, le projet « La preuve par le slip » avait pour but d’obtenir des informations sur la qualité du sol, avec l’aide de la population. Les premiers résultats ce cette campagne montrent que l’humus joue un rôle fondamental pour la préservation, la fertilité et l’humidité des sols.

En avril 2021, afin de vérifier la qualité des sols suisses, un millier de volontaires, issus de toutes les régions du pays, avaient enterré des slips en coton dans des jardins, des prairies, des champs ou des cultures, en suivant les instructions d’Agroscope et de l’Université de Zurich. Ce projet, baptisé « La preuve par le slip » avait pour but d’obtenir des informations sur la qualité du sol et sa capacité à dégrader rapidement ces culottes. Les premiers résultats de cette campagne montrent que l’humus joue un rôle fondamental dans la préservation et la fertilité des sols, tout en les protégeant lors des périodes de sécheresse. Les données de 880 sites ont été prises en compte dans les analyses.

Plus il y a d’humus, plus la dégradation est rapide

Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont examiné la vitesse à laquelle les slips enterrés se sont décomposés. Il est apparu que la teneur en humus est l’un des facteurs les plus importants pour la vitesse de décomposition et donc pour la santé des sols. « Plus le sol contient de matière organique, plus les millions d’organismes du sol ont de la nourriture et plus la décomposition des slips est rapide », explique Franz Bender, chef de projet chez Agroscope, ainsi qu’à l’Université de Zurich. Les résultats de cette recherche ont montré que ce sont les jardins privés qui présentent la plus forte teneur en humus. « Cela s’explique surtout par l’utilisation accrue de compost. Le compostage libère de précieux éléments nutritifs qui servent également de nourriture aux organismes du sol », constate Franz Bender. Dans les champs cultivés, la teneur en humus est en moyenne de 23 % plus faible que dans les jardins. En conséquence, les slips se sont décomposés plus lentement. L’étude a en outre prouvé l’importance de la teneur en humus pour le régime hydrique du sol. « Plus un sol contient d’humus, plus il est à même de stocker de l’eau », souligne le chercheur.

L’humus « moteur du sol »

« Si nous voulons préparer l’agriculture à affronter les sécheresses futures, tout en maintenant un rendement élevé et durable, nous pouvons agir sur la teneur en humus », estime Marcel van der Heijden, l’un des scientifiques chargés de ce programme. Selon lui, « l’humus agit comme un moteur pour tout le réseau alimentaire du sol. Il permet à l’écosystème du sol de fonctionner de façon optimale et donc de stocker davantage d’eau ». Afin de stimuler la formation d’humus, les chercheurs proposent un épandage plus régulier de compost ou de paillis, notamment.

Les analyses réalisées par Agroscope et l’Université de Zurich ont permis de recenser une énorme diversité d’organismes vivant dans le sol, avec plus de 18 900 espèces de bactéries et quelque 6500 espèces de champignons, prouvant que des millions de formes de vie peuplent chaque centimètre cube de sol. Outre les champignons et les bactéries, il s’agit notamment de collemboles, de pseudoscorpions, de cloportes et de nématodes. Ces organismes jouent un rôle important, en recyclant les matières organiques, telles que les feuilles mortes, l’herbe, le fumier, et même les dépouilles d’animaux, en les transforment en éléments nutritifs pour les plantes. Ils produisent donc de « l’engrais gratuit » pour les jardins et l’agriculture.