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06 janvier 2021 | Sécurité Environnement 03/2020 | Sécurité

Un masque suisse transparent et biodégradable

Georges Pop

La jeune entreprise suisse HMCARE, basée au Campus Biotech de Genève, annonce avoir mis au point un masque fiable, biodégradable et entièrement transparent, qui révèle l’expression du visage. Les concepteurs de ce masque disent vouloir restituer à ses utilisateurs le langage non verbal de leur visage, afin de permettre une meilleure communication entre soignants, mais surtout avec les patients, car les masques traditionnels dissimulent les expressions d’empathie qui contribuent à rassurer les malades.

Un masque suisse transparent et biodégradable

Selon ses concepteurs, le nouveau masque chirurgical transparent libère les expressions du visage et « rend le sourire » à ceux qui le portent. © EPFL

Afin de « libérer » les expressions du visage, la jeune entreprise suisse HMCARE compte commercialiser, dès le début de l’année, un nouveau type de masque chirurgical transparent, biodégradable, à la fois filtrant et poreux, capable de bloquer virus et bactéries, tout en étant perméable à l’air. Le projet HelloMask, rendu possible grâce aux recherches menées conjointement par le Centre EssentialTech de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa), à Saint-Gall, est antérieur à la pandémie de Covid-19. La crise sanitaire l’a, cependant, grandement accéléré.

Imaginé par une conteuse pour enfants malades

Selon l’EPFL, l’idée d’un masque médical transparent a été imaginé, il y a plusieurs années déjà, par Diane Baatard, une conteuse pour enfants hospitalisés, travaillant souvent en soins palliatifs, ainsi que par Sacha Sidjanski, chef de projet à la Faculté Sciences de la Vie de l’EPFL. À l’initiative de ce dernier, le projet s’est progressivement mis en place dans l’unité EssentialTech de l’EPFL. Klaus Schönenberger, directeur du programme, a très vite été convaincu par l’idée : « J’ai tout de suite été frappé par l’aspect très concret de ce projet et par son impact positif sur la vie de tous les patients. Mais j’ai aussi réalisé que ce type de masque innovant apporterait également un bienfait dans les pays du Sud, là où sévissent des épidémies telles qu’Ebola ou d’autres fièvres hémorragiques. » Lors de l’épidémie Ebola de 2014 en Afrique de l’Ouest, par exemple, le personnel médical de Médecins Sans Frontières (MSF) exprimait sa frustration de ne pas pouvoir accompagner des malades gravement atteints autrement qu’avec des tenues dissimulant complètement le corps et le visage.

L’équipe de départ a soumis le projet HelloMask au « Challenge Debiopharm-Inartis 2016 », dont le thème était « la qualité de vie du patient en cours de traitement ». Ce concours annuel, organisé par des acteurs économiques romands et par la Fondation Inartis, a pour vocation de promouvoir l’innovation en Suisse. Sur un total de trente-cinq projets en lice, le jury a attribué le 1er Prix du concours à HelloMask. Cette reconnaissance a propulsé le projet dans sa véritable phase de démarrage. C’est à ce moment, précise l’EPFL, que Thierry Pelet, le fondateur de HMCARE, fort de ses dix ans d’expérience industrielle dans le développement de masques médicaux, a rejoint l’équipe pour prendre en main les rênes du projet, auquel plusieurs fondations et mécènes ont apporté leur soutien.

Les fibres polymères à 99 % biodégradables, dont sont faits les HelloMasks, donnent à leur membrane une apparence transparente, tout en protègeant l'utilisateur contre les virus. © EPFL

Un matériau à 99 % biodégradable

Véritable défi technologique, un nouveau type de matériau transparent, capable de filtrer l’air a ainsi été mis au point. Les masques chirurgicaux traditionnel sont fabriqués à partir de polypropylène, un dérivé du pétrole qui n’est pas biodégradable. Jetés dans la nature après usage, comme c’est déjà trop souvent le cas aujourd’hui, ils contribuent à la pollution de l’environnement. Le HelloMask est, quant à lui, fabriqué avec des fibres polymères, étirées et soumises à un champ électrique. Issu de la biomasse, le matériau obtenu est biodégradable à 99 %, selon ses concepteurs.

Sur son site, l’entreprise HMCARE souligne que son nouveau masque se révèlera très utile dans la communication « entre un médecin et un patient anxieux ; entre une infirmière et un malade, notamment en fin de vie ; entre soignants soumis à une situation de stress ; entre des parents et leur enfant hospitalisé ; entre un dentiste et son client, etc. » Le HelloMask sera très utile aussi, pendant toute la durée de la pandémie, pour permettre aux sourds et aux malentendants de communiquer entre eux.

L’entreprise prévoit que le HelloMask sera mis sur le marché en 2021. Produit en Suisse, il devrait coûter 15 à 20 % de plus que les masques conventionnels jetables.