Faire face sereinement à la menace des drones
Le système intégré de lutte contre les drones AARTOS est fondé sur la fusion de capteurs : détection radiofréquence, radar et optronique fournissent une image de situation complète, de l’alerte initiale à la vérification visuelle. Le cœur RF couvre de 10 MHz à 8 GHz avec des portées pouvant atteindre 80 km, permettant de localiser la plateforme et parfois l’opérateur. Une fois l’identification établie, des contre-mesures légalement encadrées peuvent être appliquées, dont un brouillage sélectif « 360° Smart Jammer » destiné à limiter les effets collatéraux. Déployé depuis 2015, fabriqué et calibré en Allemagne, le système revendique plus de 650 installations et une intégration prête à l’emploi pour sites sensibles et configurations mobiles.
Les récents incidents en Europe du Nord et la multiplication des survols d’infrastructures critiques en Allemagne illustrent une tendance nette : la menace posée par des aéronefs sans pilote progresse et se complexifie. À contre-courant de certaines idées reçues, la protection efficace ne repose pas sur une technologie isolée, mais sur une architecture de capteurs complémentaires capable de fournir une image de situation complète et vérifiable. C’est dans ce contexte qu’AARTOS, système de détection et d’entrave de drones développé par Aaronia, expose une approche fondée sur la transparence technique et la maturité opérationnelle.
Fusion de capteurs : du premier indice à la décision
Un dispositif moderne combine en temps réel trois piliers : la détection radiofréquence, le radar et l’optronique. La première fournit généralement l’alerte la plus précoce ; le radar confirme la position et la trajectoire indépendamment de tout signal émis ; la caméra assure la vérification visuelle qui fonde la décision d’intervention. Cette gradation, de l’indice initial à l’identification, évite les faux positifs et prépare des contre-mesures proportionnées.
Le cœur radiofréquence : large spectre, longue portée, métrologie fine
Parce que nombre de drones échangent en continu avec leur opérateur, l’analyse du spectre est centrale. AARTOS couvre de 10 MHz à 8 GHz, plage qui recoupe les bandes civiles et une partie des usages militaires. Dans de nombreux scénarios, des détections sont possibles jusqu’à 80 km, distance compatible avec la protection d’aéroports ou de sites industriels étendus. Les signaux reçus ne sont pas seulement repérés : ils sont caractérisés, localisés et, lorsque c’est possible, partiellement décodés afin d’extraire des paramètres tels que la position de la plateforme et de l’opérateur, l’altitude, la vitesse, voire la série de l’appareil, le tout en temps réel. Cette combinaison d’étendue spectrale, de portée et de traitement avancé explique que la détection radio fournisse souvent l’alerte bien avant que le drone soit visible.
Radar et caméra : les étages de vérification
Lorsque le canal radio est absent ou intermittent — par exemple pour des vecteurs autonomes — le radar confirme indépendamment la présence, la localisation et la cinématique. La caméra apporte ensuite la preuve visuelle, dernier verrou avant décision. L’enchaînement de ces trois étapes constitue le socle d’une doctrine de protection robuste, fondée sur des mesures concordantes.
De la détection à l’entrave : localiser pour agir
Une intervention n’a de sens que si la localisation est précise, non seulement de la plateforme, mais aussi potentiellement de la source de contrôle. Le système transmet alors en temps réel les informations utiles, y compris vers les forces d’intervention. Trois familles d’actions existent, encadrées par la loi : le brouillage sélectif de canaux pour rompre le lien de commande, le leurrage de navigation (spoofing) et, dans certains cas d’emploi, la prise de contrôle. La capacité de brouillage dite 360° Smart Jammer permet de cibler finement chaque fréquence dans un très large spectre, y compris hors des bandes standard, afin d’éviter les perturbations inutiles sur des pans entiers du spectre. L’objectif est double : efficacité technique et minimisation des effets collatéraux.
Un cadre juridique strict
Les mesures actives de neutralisation ne peuvent être mises en œuvre que par des autorités ou des entités dûment habilitées, conformément aux réglementations nationales. La chaîne « détection-vérification-action » doit donc s’inscrire dans des procédures documentées, avec traçabilité des décisions, pour garantir la proportionnalité et la conformité.
Maturité opérationnelle : références et intégration
Avec plus de 650 systèmes déployés, AARTOS revendique une maturité de terrain, notamment sur des sites aéroportuaires majeurs et lors d’événements internationaux de haut niveau. Le système est proposé sous forme intégrée et mobile, combinant détection radio, radar, optronique et capacités d’entrave dans une architecture prête à l’emploi. Cette intégration vise la réactivité, la cohérence des données et la facilité de déploiement sur des configurations variées.
Chaîne industrielle et évolution
Conçu, fabriqué, testé et calibré en Allemagne, l’écosystème AARTOS est en service depuis 2015 et en est à sa sixième génération. La stratégie affichée est celle d’une amélioration continue, afin de suivre l’évolution rapide des menaces et des protocoles radio, tout en documentant les performances et en harmonisant les interfaces avec les systèmes de commandement et de contrôle existants.
Points d’attention pour l’ingénieur
Pour un lecteur technique, trois éléments ressortent : d’abord, l’importance d’une couverture spectrale large, couplée à des algorithmes de classification et de localisation robustes ; ensuite, la nécessité d’une chaîne de vérification multi-capteurs, indispensable pour la qualité décisionnelle ; enfin, la capacité à appliquer des contre-mesures sélectives, juridiquement maîtrisées et techniquement ciblées, de manière à neutraliser sans dégrader inutilement l’environnement électromagnétique. Ces principes, articulés dans une architecture intégrée, forment le socle d’une protection fiable de sites sensibles face à des vecteurs en constante évolution.