Pollution microplastique : 100 % des lacs suisses étudiés sont concernés
Pascal Hagmann, Association Oceaneye
Loin du cliché des cartes postales, nos lacs suisses sont menacés par une pollution inquiétante aux microplastiques. La surface du Léman et du lac de Zurich sont aujourd’hui autant pollués que les océans, et la situation s’aggrave. Oceaneye appelle à une action
immédiate.
L’association genevoise spécialisée dans la surveillance de la pollution microplastique des eaux, Oceaneye, révèle les résultats préoccupants de sa dernière étude dans huit lacs suisses. Les données montrent une omniprésence de microplastiques à la surface de ceux-ci, avec une dégradation continue de ces écosystèmes.
Les concentrations relevées en 2024 sont inquiétantes, avec certains lacs, comme le Léman et le lac de Zürich, présentant des niveaux de pollution plus élevés qu’en 2014 lors de la dernière étude menée par l’EPFL. Alors que cette étude avait déjà signalé une situation préoccupante, les résultats actuels indiquent que les efforts pour réduire l’utilisation du plastique n'ont pas suffi à inverser la tendance, au contraire.
Cent dix-sept échantillons ont été récoltés notamment grâce à une collaboration avec l’association La Venturière. Trois jeunes étudiants en biologie, en sciences de l’environnement et en sciences humaines ont sillonné le pays avec leur petite barque et un filet manta, afin de collecter des échantillons d’eau. Leur analyse dans le laboratoire genevois d’Oceaneye a ensuite permis de quantifier et d’identifier les types de microplastiques présents dans nos lacs. Les particules retrouvées sont majoritairement des fragments d’emballages, des mousses non recyclables, des pellets issus directement de l’industrie, ainsi que des fibres de textiles synthétiques.
Les lacs des Quatre-Cantons, de Bienne, de Brienz, Léman, de Morat, de Neuchâtel, de Thoune et de Zürich ont été passés au crible. Les résultats montrent que, malgré la réputation de pureté des lacs suisses, ces derniers sont loin d’être épargnés par cette pollution. Les concentrations mesurées dans le Léman et le lac de Zürich sont particulièrement préoccupantes, atteignant des niveaux comparables à ceux des océans, un fait qui souligne l’urgence de la situation.
« Ces résultats sont un signal d’alarme », déclare Pascal Hagmann, directeur et fondateur d’Oceaneye. « La Suisse, elle aussi, est confrontée à une crise silencieuse qui menace ses ressources en eau douce. Nous appelons les autorités à prendre des mesures urgentes pour freiner la consommation de plastique et renforcer la surveillance de cette pollution dans tous les compartiments des lacs. »