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30 septembre 2025 | Sécurité Environnement | Énergie & Environnement

Présence de 1,2,4-triazole détectée dans l’eau potable alimentée par le lac Léman

Des analyses effectuées à l’été 2025 par les cantons de Genève et de Vaud dans le réseau de distribution d’eau potable alimentée par le lac Léman ont mis en évidence une teneur en 1,2,4-triazole supérieure aux prescriptions fédérales en matière de qualité des eaux potables. Ces prescriptions, qui reposent sur un principe de précaution et n’engendrent pas, dans les concentrations mesurées, de risque pour la santé des consommateurs. L’eau du robinet peut être consommée sans danger pour la santé humaine ou animale à la lumière des preuves scientifiques à disposition des services cantonaux concernés. Les services cantonaux de la consommation et des affaires vétérinaires, ainsi que de l’environnement et de l’eau ont immédiatement organisé des prélèvements additionnels. Les cantons de Genève, du Valais et de Vaud collaborent dans la poursuite des investigations, ainsi que pour le déploiement de solutions rectifiant cette situation.

De récentes analyses réalisées par les chimistes cantonaux genevois et vaudois dans le réseau de distribution d’eau potable prélevé dans le Léman ont mis en évidence une teneur moyenne en 1,2,4-triazole de 0,7 microgramme par litre (µg/l). Le 1,2,4-triazole entre dans la composition de produits pharmaceutiques et agrochimiques. Il peut également provenir de la dégradation de pesticides, de biocides ou de médicaments.

Aux concentrations mesurées, selon les preuves scientifiques à disposition des services cantonaux concernés, cette substance ne représente pas de risque avéré pour la santé. Cette évaluation se base notamment sur le rapport de l’Agence nationale française de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) publié en 2025, fixant une valeur de consommation sans risques pour la santé, de 51 µg/l de 1,2,4-triazole sur une période de six ans. Cette limite, plus que cinquante fois supérieure aux quantités mesurées, indique que l’eau du robinet reste consommable. Afin de pouvoir confirmer cette appréciation à la lumière des dernières mesures, un mandat d’évaluation a été commandé au Swiss Centre for Applied Human Toxicology (SCAHT), qui devrait rendre ses conclusions dans les prochaines semaines. Ces résultats feront l’objet d’une communication le mois prochain.

Cependant, bien qu’inférieures à la norme sanitaire préconisée par l’ANSES, les dernières mesures dépassent la limite de 0,1 µg/l fixée dans l’Ordonnance du DFI sur l’eau potable et l’eau des installations de baignade et de douche accessibles au public (OPBD). Cette valeur applicable à l’eau potable pour tous les pesticides et métabolites pertinents constitue un principe de précaution appliqué par la Confédération dans le cadre de la législation fédérale sans bases toxicologiques et preuves d’impact sur la santé humaine.

La formule du 1,2,4-triazole

En concertation avec les autorités cantonales, les distributeurs exploreront les options de modification de la méthode de traitement des eaux potables afin de garantir une eau conforme aux valeurs fédérales.

Concernant la qualité des eaux de surface, le Service de l’environnement du canton du Valais a entrepris des démarches afin de déterminer de manière plus détaillée les sources d’émission de cette substance. Les analyses hebdomadaires effectuées dans le Rhône, à la Porte du Scex, ont détecté du 1,2,4-triazole sur tous les échantillons prélevés au mois d’août 2025, à des valeurs proches ou supérieures à 0,1 µg/l.

Les analyses effectuées le long du Rhône, ont indiqué que les apports en 1,2,4-triazole se produisent principalement à partir du site chimique de Monthey. Le Service de la consommation et affaires vétérinaires du Canton du Valais a effectué des prélèvements sur différents réseaux d’eau potable dans la plaine du Rhône de Viège à Collombey-Muraz. Leurs résultats montrent que les réseaux de distribution ne sont pas touchés par cette substance. La concentration en 1,2,4-triazole dans le Rhône à la hauteur de Monthey n’a aucun impact sur les communes du Bas-Valais, toutes alimentées par les bassins versants des sources de montagne.

Les entreprises industrielles valaisannes ont été contactées pour réaliser un état de situation de leurs rejets dans le Rhône, après traitement de leurs eaux usées, et pour faire un historique des substances rejetées au travers de leurs stations d’épuration des eaux usées (STEP) et de leur potentielle dégradation en 1,2,4-triazole. Les entreprises vaudoises susceptibles d’utiliser ou de rejeter cette substance dans le bassin versant du Léman ont également été contactées et aucune d’elles n’utilise ou ne rejette cette substance.

Selon les données recueillies par le canton du Valais et fournies par les entreprises locales dans le cadre de cet état des lieux, les valeurs détectées seraient en grande partie de provenance industrielle et non pas agricole. Le service valaisan de l’environnement a exigé de la part des entreprises responsables des rejets de cette substance et celles pouvant se dégrader en 1,2,4-triazole, la mise en place de mesures pour éviter de dépasser le seuil fixé par la Confédération pour l’eau potable, afin de diminuer les apports dans le Rhône et dans le Léman.

Les services cantonaux concernés suivent la situation de façon continue et travaillent de manière concertée. Les cantons de Genève, du Valais et de Vaud poursuivront pleinement leur collaboration dans la poursuite de ce travail, ainsi que la recherche de solutions permettant d’aligner les valeurs mesurées de l’eau prélevée dans le Léman pour la production d’eau potable avec la norme prescrite par la Confédération.

Dans l’intervalle, à la lumière des preuves scientifiques à disposition des services cantonaux concernés, l’eau du robinet peut être consommée sans risque pour la santé humaine et animale.

Des informations actualisées sont disponibles sur les sites Internet des services cantonaux. Les autorités tiendront la population informée de l’évolution de la situation de manière régulière.

Informations destinées à la population :

Canton de Vaud :

www.vd.ch/124triazole

Canton de Genève :

www.ge.ch/124-triazole

Courriel: sante.eau(at)etat.ge.ch

Canton du Valais :

www.vs.ch/124-triazole

Le 1,2,4-triazole

Le 1,2,4-triazole est une molécule utilisée comme intermédiaire pour la préparation d'agents antifongiques, comme le fluconazole. Il entre dans la composition de produits pharmaceutiques et agrochimiques, mais peut également provenir de la dégradation de pesticides. Il fait partie d'une paire de composés isomères de formule brute C₂H₃N₃, qui possèdent une molécule cyclique de cinq chaînons, composée de deux atomes de carbone et de trois atomes d'azote. Deux de ses atomes d’hydrogène sont liés aux atomes de carbone, le troisième à un atome d’azote. C’est ce dernier qui  fixe l’origine de la numérotation 1,2,4, comme indiqué sur sa formule développée  : Structural_formula_of_1,2,4-Triazole.svg