Quarante ans dans le rétroviseur
Par Cedric Favre, éditeur
Eh oui, les années passent. La revue que vous tenez dans les mains célèbre, cette année, ses 40 ans. Rien que ça ! Vous souvenez-vous – ou pas – d’il y a quarante ans ?
En 1982, date de la première publication de La REVUE SUISSE DE LA SÉCURITÉ, l’éditeur de l’époque, Marcel Meichtry, écrivait dans son éditorial : « Nous publierons régulièrement des articles de spécialistes traitant de la prévention et de la sécurité : dans les banques, dans le domaine de l’informatique, dans les usines, les industries, les laboratoires, les commerces divers, les villas, les résidences secondaires, les transports par rail, route, air et eau, etc. ». Nous étions alors bien loin de nous douter comment tous ces sujets allaient évoluer, en bien ou en mal.
Mais de quoi s’agissait-il alors ? En matière de sécurité, la votation du 30 novembre 1980 (entrée en vigueur un an après) sur le port obligatoire de la ceinture de sécurité, creusait déjà un fossé entre la Suisse latine et la Suisse alémanique. Le Tessin et la Romandie, ainsi que les cantons de Suisse centrale (Uri, Schwyz, Obwald et Nidwald), glissaient un non massif dans les urnes, envers et contre le reste du pays. Pour les Tessinois et les Romands, la « bagnole » relevait avant tout du domaine de la sphère privée et de la liberté individuelle. C’était le premier « Röstigraben ».
Cinq ans plus tard, en juillet 1987, on voit faiblement apparaître dans le titre de la revue : « … et de l’environnement ». À cette époque, la décharge à ciel ouvert de Kölliken (AG) était enfin décrite comme « une véritable catastrophe écologique, émettant des gaz nauséabonds, des poussières aux couleurs inquiétantes et recelant des substances aux noms barbares (chlorure d’ammonium, phénol, hydrocarbure chloré), mais aussi des batteries, des filtres, ainsi que d’autres résidus de combustion de produits hautement toxiques ». Le pays comptait alors 4000 gros sites contaminés.
Et maintenant ? On décortique son gobelet de yogourt en séparant bien l’étiquette (papier/carton), l’opercule (aluminium/métaux) et le contenant (plastique), qui risquent de tomber – in fine – dans le même container, puisque les usines de traitement des déchets se plaignent régulièrement de ne plus avoir suffisamment de matières à brûler.
Le territoire suisse ne représente que 0,03 % de la surface totale de la Terre. Et tout comme le coronavirus, la pollution ne tient pas compte des frontières.
En matière de sécurité informatique, on se méfie maintenant des liens frauduleux glissés dans des messages électroniques (de mieux en mieux faits), qui nous cryptent les données, rançon à la clé.
Alors pourquoi Sécurité Environnement ? Une brève réflexion logique met en adéquation les deux thèmes qui se rapprochent : une centrale nucléaire, est-ce un sujet lié à la sécurité ou à l’environnement ?
Trop précurseur, l’ami Marcel ? Toujours est-il que cette « pauvre » revue s’est vue placée, pendant quelques années, en tête-bêche avec La Revue POLYTECHNIQUE et finalement y être complétement intégrée, perdant par-là une partie de sa visibilité. Mais, avec courage et détermination, suivant l’air du temps, elle est redevenue, depuis l’année dernière, un magazine à part entière, couvrant les besoins d’une presse spécialisée qui fait défaut en Suisse romande.
Ce numéro spécial du quarantième anniversaire nous projette quatre décennies en arrière, un coup d’oeil dans le rétroviseur qui devrait nous faire du bien.
Je vous en souhaite une bonne lecture.