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16 octobre 2022 | Sécurité Environnement 05/2022 | Éditorial

Le photovoltaïque : une énergie encore largement sous-exploitée !

Georges Pop

Nos voisins français ironisent souvent sur la supposée lenteur des Suisses. Cette idée reçue se fonde notamment sur la façon subjective dont ils perçoivent le débit de la parole des Romands, lorsqu’ils font traîner en longueur certaines syllabes. Cette opinion n’est cependant pas fondée. Une étude réalisée en 2008 dans le cadre du laboratoire d’analyse et de traitement du langage de l’Université de Genève a prouvé, chronomètre en main, que même les paisibles Vaudois ne parlent pas plus lentement que les Parisiens. En vérité, les Helvètes sont tout aussi vifs et réactifs, voire plus, que leurs voisins.

Il existe cependant bel et bien un domaine où la Suisse avance à rythme de sénateur sclérosé : celui de la transition énergétique, en particulier dans le secteur photovoltaïque ! Alors que la crise énergétique fait peser un risque de pénuries, les Suisses, appelés à réduire leur consommation d’électricité cet hiver, ne s’y trompent pas : un sondage publié au mois de septembre par l’institut Sotomo, à la demande de la société bernoise BKW, révèle qu’ils sont 75 % à penser que la transition traîne en longueur.

Pour se convaincre des occasions perdues, il suffit d’exhumer le rapport réalisé par l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), en avril 2019. Il y est écrit que le potentiel d’énergie solaire exploitable sur les seuls bâtiments du pays est de… 67 milliards de kWh ; l’équivalent, cette année-là, de 110 % de la consommation totale d’électricité en Suisse. D’autres études de l’entreprise Swissolar montrent même un potentiel de 15 milliards de kWh supplémentaires de production annuelle, en dehors des bâtiments. Le photovoltaïque, à lui seul, pourrait ainsi fournir la majeure partie de l’électricité dont la Suisse a besoin pour renoncer progressivement à l’énergie nucléaire, tout en se passant des combustibles fossiles.

Assis sur les lauriers de la dominante production d’électricité hydroélectrique domestique qui assure, à elle seule, quelque 70 % de notre consommation, et alors que s’accélère la disparition des glaciers qui, pour une bonne part, les alimentent, nos planificateurs n’ont, jusqu’ici, que trop timidement regardé vers le Soleil. Entre 2020 et 2021, la part des énergies renouvelables, solaire comprise, n’a progressé que de 1,2 %, passant de 10,3 % à 11,5 %. La puissance photovoltaïque supplémentaire, installée l’année dernière est estimée à 683 MW. C’est certes un peu mieux que les année précédentes, mais on pourrait faire beaucoup mieux !

Trop de contraintes administratives, trop peu d’incitations, ainsi que des aides insuffisantes, découragent encore les entreprises et les particuliers qui voudraient franchir le pas. Les solutions techniques existent, mais le labyrinthe bureaucratique qui y mène reste encore très souvent dissuasif. La crise énergétique est-elle de nature à stimuler la volonté politique de dégager la voie ? Osons être optimistes ! Avec modération…