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04 mai 2023 | Sécurité Environnement | Énergie & Environnement

Substances perfluorées et polyfluorées: le début de la fin ?

Le groupe des PFAS englobe des substances perfluorées et polyfluorées qui ne peuvent pas se dégrader de façon biologique, chimique ou physique dans la nature. Ces substances persistantes, toxiques et malheureusement très présentes dans l’eau menacent les ressources d’eau de manière durable – les distributeurs d’eau réclament donc l’interdiction de ces substances dans une nouvelle prise de position.

Le groupe des PFAS englobe des substances perfluorées et polyfluorées. (Image: ©adobestock)

Elles ne sont pas appelées «produits chimiques éternels» (forever chemicals) sans raison. Les substances produites depuis les années 1940 ne se dégradent plus dans la nature et menacent également les ressources d’eau des distributeurs d’eau. En raison de leurs bonnes propriétés dégraissantes, hydrofuges et antisalissantes, elles sont souvent utilisées pour les vêtements d’extérieur, les ustensiles de cuisines et les revêtements anti-adhérents. Lors de la production, mais également par abrasion et par évaporation, les PFAS parviennent dans l’environnement – on les trouve pratiquement partout, et malheureusement dans les ressources d’eau potable également.

Comment peut-on contrer ce problème? L’élimination des PFAS de l’environnement se révèle très compliquée. L’élimination des PFAS de l’eau brute est certes possible sur le plan technique, mais elle est énergivore et onéreuse et n’est pas durable. La SSIGE ainsi que les associations partenaires européennes sont conscientes de ce problème. Dans une nouvelle prise de position, la SSIGE réclame l’interdiction de ce groupe de substances, ce qui permettrait de faire cesser leur dispersion dans l’environnement. Parallèlement à une interdiction des PFAS, il faut prêter attention à leurs substituts potentiels: leur caractère inoffensif doit être avéré et ils ne doivent pas être persistants dans l’environnement. Si certaines applications ne permettent pas de renoncer aux PFAS, il faut garantir lors de la production et de l’utilisation que ces substances ne peuvent pas parvenir dans l’environnement. En outre, les services nationaux et cantonaux de l’environnement doivent mettre en place une surveillance irréprochable des PFAS afin de permettre la détection des sources d’émission et des voies d’apport.

Plus l’abandon des PFAS est adopté et effectif rapidement, moins les ressources d’eau sont polluées et plus la recherche de solutions est facilitée. L’exemple des PFAS montre également que la protection préventive des ressources est cruciale – et qu’elle ne commence pas seulement à la limite de la zone de protection! Il s’agit à présent d’une question politique. Que doit-il se passer pour que les décideurs politiques posent des jalons en ce sens ?

À propos de la SSIGE

Depuis 1873, la SSIGE est une organisation professionnelle à but non lucratif profitant actuellement d’un ancrage dans toutes les régions linguistiques. Elle fédère ainsi les connaissances et les compétences techniques des distributeurs de gaz, d’eau et de chaleur à distance et contribue largement à garantir une distribution irréprochable et durable du gaz, de l’eau potable et de la chaleur à distance.

Des distributeurs de gaz, de chaleur à distance et d’eau engagés ainsi que des personnes intéressées issues des milieux économiques, scientifiques et publics se sont regroupés au sein d’une organisation professionnelle nationale, la Société Suisse de l’Industrie du Gaz et des Eaux (SSIGE).

www.svgw.ch

À propos des PFAS

Les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sont des produits chimiques difficilement biodégradables qui ont été utilisés par l’industrie pendant des décennies. Elles sont encore présentes dans l’environnement et dans la chaîne alimentaire. La nouvelle évaluation réalisée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) servira de base à l’OSAV pour examiner de nouvelles mesures.
Substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS)

Les substances per- et polyfluoroalkylées, abrégées PFAS, sont un groupe de produits chimiques comprenant l’acide perfluorooctanoïque (PFOA), l’acide perfluorooctane sulfonique (PFOS), l’acide perfluorononanoïque (PFNA), l’acide perfluorohexanoïque (PFHxA) et des centaines d’autres substances. Les plus connues sont les PFOS et les PFOA.

Présence

Les substances perfluorées PFOS et PFOA sont des produits chimiques utilisés par l’industrie. Leurs propriétés techniques expliquent leur emploi pendant des décennies dans de nombreux processus industriels, comme la production de textiles, l’électronique, les enduits pour les papiers, les peintures, les mousses extinctrices et les farts. Elles sont très stables sur les plans biologique, chimique et thermique, et possèdent des propriétés qui empêchent l’eau ou les graisses de pénétrer.

Cette stabilité élevée et ces utilisations variées expliquent la longévité de ces substances dans l’industrie. L’utilisation des PFOS est interdite en Europe depuis 2010, celle des PFOA depuis 2020. En dépit de ces interdictions, ces substances sont toujours décelées dans l’environnement, dans la chaîne alimentaire et chez les êtres humains

Risques sanitaires par les aliments

L’être humain absorbe des PFAS par la nourriture et l’eau potable, entre autres. L’EFSA a réévalué, en 2020, les risques sanitaires liés à la présence des PFAS dans les aliments. Dans son évaluation, elle a redéfini la valeur de référence toxicologique, aussi appelée dose hebdomadaire tolérable DHT (en anglais TWI- tolerable weekly intake). La DHT est la quantité d’une substance donnée pouvant être consommée par semaine tout au long d’une vie humaine sans avoir d’effets observables sur la santé des consommateurs.

Il existait jusqu’à présent deux DHT distinctes, l’une pour les PFOS et l’autre pour les PFOA. Dans sa nouvelle évaluation, l’EFSA a fixé une DHT de groupe pour la somme des principales PFAS (PFOA, PFOS, PFNA et PFHxA) de 4,4 nanogrammes par kilo de poids corporel et par semaine. Les concentrations plus faibles en anticorps vaccinaux chez les enfants, qui présentent des taux plus élevés de ces quatre PFAS dans leur sérum, ont été déterminantes pour fixer la DHT.

Sur cette base, l’EFSA a calculé l’exposition de plusieurs groupes de la population et constaté que certains groupes dépassaient cette DHT. Selon l’EFSA, les nourrissons et les enfants présentent la plus forte exposition. Les denrées alimentaires qui contribuent le plus à cette exposition sont le poisson, les fruits et les produits à base de fruits, les œufs ainsi que les produits à base d’œufs.

Mesures et prochaines étapes

Jusqu’à présent, la Suisse avait fixé des limites maximales de résidus (LMR) pour certaines PFAS dans l’eau potable. Ces valeurs doivent être réexaminées sur la base de la nouvelle évaluation de l’EFSA. D’entente avec les organisations internationales et notamment l’UE, l’OSAV va examiner s’il y a lieu de fixer des LMR de ces substances dans les denrées alimentaires.