La taxe au poids plus « écologique » que la taxe au sac
Georges Pop
Une étude comparative réalisée par l’entreprise OptiWaste SA, basée au Mont-sur-Lausanne, dans le canton de Vaud, le révèle : les communes qui ont fait le choix de la taxe au poids ont réduit, en moyenne, de près de la moitié la masse totale des ordures ménagères incinérées, en comparaison avec celles qui ont opté pour la taxe au sac. Cette entreprise, spécialiste des infrastructures de collecte des ordures ménagères, dit s’être fondée sur l’ensemble des données communales sur la production de déchets ménagers.

Le système de collecte des déchets de l’entreprise OptiWaste SA permet le pesage individuel de chaque sac, ainsi que la gestion à distance de ses conteneurs. © OptiWaste SA
Plus de dix ans après l’introduction des premières taxes sur les déchets dans les communes suisses, l’entreprise OptiWaste SA a dressé le bilan des deux systèmes existants. Première constatation : seules 10 % des communes suisses ont choisi la taxe au poids, toutes les autres ayant opté pour la taxe au sac. Seconde observation : les communes, très minoritaires, qui ont consenti à investir dans les installations indispensables pour gérer la taxe au poids, ont vu, en moyenne, la quantité d’ordures ménagères destinées à l’incinération baisser de 47 %. L’entreprise OptiWaste cite en exemple le canton de Vaud, où les communes équipées d’un système de pesée, d’un contrôle d’accès, ainsi que d’une plateforme de gestion connectée, sont parvenues à réduire de plus de 45 % la masse totale des ordures ménagères incinérées, en comparaison avec les autres. D’autre part, leur taux de tri global s’est révélé être de 10 % supérieur à celui des communes soumises à la taxe au sac.
Une gestion « intelligente » des déchets
Le rapport de l’entreprise vaudoise n’est certes pas « innocent ». Distributeur officiel des conteneurs semi-enterrés de la marque Molok® pour la Suisse depuis 2001, OptiWaste SA se présente un comme spécialiste en « solutions écologistiques » pour une gestion « intelligente » des déchets. Cette société offre toute une gamme de produits qui sont à même de gérer la taxe au poids, notamment un éventail de conteneurs sécurisés, ainsi que la plateforme informatique WISE (Waste Information System by EcoWaste), capable, grâce à ses algorithmes, de maîtriser l’ensemble des services liés au remplissage, puis à la collecte des ordures. OptiWaste revendique plus de cinq mille installations en Suisse et en Europe.
Au-delà du « plaidoyer pro domo » que constitue cette étude, l’argumentaire qui l’accompagne paraît, cependant, parfaitement convaincant. L’entreprise estime, expérience faite, que le système de la taxe au poids responsabilise davantage les usagers, en introduisant plus équitablement le principe du « pollueur-payeur » ; que la mesure individuelle du poids des poubelles incite les usagers à mieux trier, ce qui réduit la masse des ordures ménagères ; que le contrôle d’accès empêche le dépôt de déchets par des personnes non autorisées ; que le verrouillage de la porte du conteneur permet de sécuriser l’accès aux collectes séparées, notamment les biodéchets, etc.
La plateforme de gestion connectée, quant à elle, accorde à la commune équipée, la possibilité de gérer à distance sa « flotte » de conteneurs (statut, remplissage, etc.), afin notamment de rationaliser les tournées de collecte en fonction du remplissage. Elle permet encore de facturer les usagers au poids, tout en délivrant des statistiques précises d’utilisation. L’usager, pour sa part, a accès aux chiffres de sa propre « production » ce qui l’incite à la réduire.

La société OptiWaste offre toute une gamme de produits à même de gérer la taxe au poids, notamment un éventail de conteneurs sécurisés.
© OptiWaste SA
Les réticences de certaines communes
En dépit de tous ces avantages, seule une commune sur dix a fait le choix de la taxe au poids. Pourquoi ? « Au risque de paraître politiquement incorrect, il faut admettre qu’au début, nous avons été soumis à un véritable tir de barrage. Les communes sont actionnaires des usines d’incinération. Or ces usines veulent du “poids” pour tourner. Ceci explique en partie cela ! À quoi il faut ajouter que les infrastructures pour l’introduction de la taxe au sac sont plus faciles à mettre en place. Enfin, l’investissement pour une taxe au poids n’est pas négligeable. Pour une commune de cinq mille habitants, il faut compter un demi-million de francs pour l’équipement complet. Mais les communes qui ont fait ce choix y ont gagné, notamment en coûts d’exploitation », explique Maximilian Schlaeppi, adjoint de direction de l’entreprise.
Jean-Luc Schlaeppi, directeur général et fondateur d’OptiWaste SA se montre, quant à lui, relativement optimiste : « Pour beaucoup de communes, le choix de la taxe au sac constitue une première étape. Il arrivera un moment où elles passeront à la seconde étape : la taxe au poids ». Les communes d’outre-Sarine sont- elles, proportionnellement, plus nombreuses que celles de Suisse romande à avoir fait le choix de la taxe au poids ? « Pour le moment, oui ! Mais la Suisse romande ne vas pas tarder à suivre », promet le fondateur de l’entreprise vaudoise.