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06 janvier 2022 | Sécurité Environnement 01/2021 | Environnement

Le transport écologique par « baleines volantes »

Georges Pop

L’entreprise française FLYING WHALES (baleines volantes), basée à Suresnes, en Île de France, prévoit de lancer une nouvelle gamme de grands dirigeables écologiques et très peu polluants, destinés au transport lourd de marchandises. Le premier vol doit avoir lieu en 2024. Les travaux de construction de l’usine, d’où sortiront ces « baleines volantes », doivent démarrer cette année, à Laruscade, en Aquitaine. Le projet pourrait permettre la création de deux cents à trois cents emplois dans la région.

Dirigeables de FLYING WHALES

Les dirigeables de FLYING WHALES seront capables de convoyer 60 t de fret, comme des pales d’éoliennes, par exemple. © FLYING WHALES

Le pari est audacieux : créer un dirigeable géant, peu polluant, capable de convoyer et déposer 60 t de marchandises, notamment dans des lieux très difficiles d’accès. Créée en 2012, l’entreprise française FLYING WHALES est sur le point de relever ce défi. Elle annonce la construction, dès cette année, d’une usine de 250 m de long et 60 m de haut, où seront construits ces dirigeables, idéalement appelés à concurrencer le rail, la route, les avions, ainsi que les hélicoptères. Le site de 50 ha de la future usine, dont le coût est estimé à 75 millions d’euros, est situé dans la périphérie de Laruscade, à un peu plus de 40 km au nord de Bordeaux. La Région Nouvelle-Aquitaine est entrée à hauteur de 10 millions d’euros dans le capital de la société.

Une idée pour le transport du bois

Selon la presse française, tout est parti d’une discussion entre les concepteurs du projet et l’Office national des forêts (ONF), un établissement public chargé de la gestion des forêts publiques, placé sous la tutelle conjointe du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et du ministère de la Transition écologique et solidaire. L’ONF cherchait des solutions pour augmenter les prélèvements de bois en forêt, notamment dans les endroits les moins accessibles aux moyens de transports conventionnels. Libres de toute infrastructure, ces dirigeables, dotés d’hélices, pourront décoller à la verticale pour rejoindre les endroits isolés, à une vitesse de 100 à 150 km/h.  L’entreprise affirme que la viabilité économique, technique et opérationnelle de ces engins a fait l’objet d’études, qui se sont toutes révélées favorables.

Dotées de cellules d’hélium non pressurisé, un gaz inerte, parfaitement ininflammable, ces « baleines volantes » mesureront 154 m de long pour une hauteur de 42 m. Elles seront dotées d’une soute de 75 m de long, 8 m de large et de haut, destinée à l’entreposage d’une charge utile de 60 t. « Il s’agit d’une solution unique au monde, dotée d’une grande capacité de chargement et de déchargement en vol stationnaire », a expliqué Sébastien Bougon, PDG de FLYING WHALES. Il précise que ses dirigeables ne se contenteront pas de déplacer du bois : « Nous pourrons transporter des pales d’éoliennes, des maisons préfabriquées ou des pylônes à haute tension »,a-t-il ajouté.

baleines volantes

Les « baleines volantes » ont été initialement imaginées pour le transport du bois, dans les zones forestières difficiles d’accès. © FLYING WHALES

Des sites en France, au Canada, ainsi qu’en Chine

Le coût du projet est actuellement estimé à 250 millions d’euros. Selon Sébastien Bougon, la production industrielle devrait démarrer à partir de 2022. « C’est un petit marché de l’ordre d’une centaine d’unités. Au cours des dix premières années, nous construirons cent-cinquante dirigeables, puis, plus tard, de dix à vingt dirigeables par année », précise-t-il. Pour la construction, ainsi que pour le financement du projet, l’entreprise compte sur plusieurs dizaines de partenaires, y compris en Chine et au Canada où il est prévu, à terme, d’ouvrir des sites de production.

Pour la structure rigide de ses ballons, FLYING WHALES a sollicité l’entreprise Epsilon Composite, basée à Gaillan-en-Médoc, près de Bordeaux, spécialisée dans la production de pièces et autres sous-ensembles en matériaux composites. La société REEL SAS, basée dans la région lyonnaise, se chargera, quant à elle, des systèmes de levage.

Le seul obstacle à l’utilisation généralisée d’un dirigeable pour le transport, réside dans la météo, notamment le vent qui peut le clouer au sol. Mais les hélicoptères sont tout autant soumis à cette contrainte. À titre de comparaison, ceux chargés du transport, en France ou en Suisse, ne peuvent actuellement porter que des charges de l’ordre de 4 t. De plus, ils consomment en moyenne 50 fois plus d’énergie que celle qui a été calculée pour l’utilisation des « baleines volantes », dont l’envol est prévu l’année prochaine.