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11 février 2022 | Sécurité Environnement 01/2022 | Environnement

Un emballage en cellulose pour les fruits et légumes

Des chercheurs du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) annoncent avoir mis au point une pellicule de protection en cellulose pour les fruits et légumes, ceux vendus en grande surface, notamment. Ce nouveau revêtement est fabriqué à partir d’épluchures pressées de fruits et de légumes. Cette couche protectrice innovante doit, selon ses concepteurs, permettre de limiter la pollution générée par les emballages en plastique, tout en évitant le gaspillage alimentaire.

En collaboration avec l’entreprise de distribution Lidl Suisse, des chercheurs du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) sont parvenus à créer, en un peu plus d’un an de recherche, une pellicule de protection en cellulose pour les fruits et légumes, à base de marc, autrement dit d’épluchures végétales pressées. Selon ses concepteurs, cette pellicule protectrice transparente, inoffensive pour l’environnement et les consommateurs, doit permettre de limiter la pollution générée par les emballages en plastique, tout en évitant le gaspillage alimentaire.

Cellulose utilisée fabriquée à partir d’épluchures pressées de fruits et de légumes.

La cellulose utilisée par les chercheurs de l’Empa est fabriquée à partir d’épluchures pressées de fruits et de légumes. © EMPA

Une fraîcheur prolongée

La couche en cellulose développée par les scientifiques du laboratoire Cellulose & Wood Materials de l’Empa présente un autre avantage : les fruits et légumes qui en sont recouverts restent frais plus longtemps, ce qui permet de réduire sensiblement le gaspillage alimentaire. Des essais ont permis de prolonger la durée de conservation des bananes de plus d’une semaine, par exemple. « Notre objectif est de remplacer de nombreux emballages, fabriqués à partir de pétrole, par des couches de protection naturelles », souligne Gustav Nyström, qui a dirigé ces recherches. Selon lui, le processus mis au point à l’Empa est relativement simple. Il consiste d’abord à extraire le jus des épluchures. La purée solide qui en résulte est ensuite lavée et blanchie, avant d’être broyée pour obtenir une solution de fibres de cellulose qui peut être vaporisée sur les produits à protéger.

La couche en cellulose développée par le laboratoire de l’Empa doit encore être testée et améliorée au cours des deux prochaines années, en poursuivant les essais avec l’entreprise de distribution partenaire et un fournisseur de fruits et légumes dont l’identité n’a pas été révélée. Ce projet sera soutenu financièrement par Innosuisse, l’Agence suisse pour l’encouragement de l’innovation. L’objectif des chercheurs est de rendre cette nouvelle technologie utilisable dans les quelque cent-cinquante points de vente de Lidl Suisse.

Par vaporisation ou immersion

En fonction des résultats des recherches en cours, cette couche de protection sera soit vaporisée sur les fruits, comme c’est le cas actuellement, soit appliquée sur les produits par immersion. Dans tous les cas, elle sera facilement solvable et ne présentera aucun danger pour les consommateurs. Elle pourra également être consommée avec le produit, sans en altérer le goût. La possibilité d’y ajouter des éléments tels que des vitamines ou des antioxydants est à l’étude. Actuellement, les résidus solides issus du pressage des fruits, des légumes ou des plantes sont éliminés dans des installations de biogaz ou simplement jetés ou répandus sur les champs.

Empa
Gustav Nyström
Laboratoire Cellulose & Wood Materials
Tél. +41 58 765 45 83
www.empa.ch

À propos de la cellulose

La cellulose est un glucide présent dans la paroi des cellules végétales, notamment le bois, dont elle est le principal constituant. Naturellement biodégradable, elle représente 35 à 50 % de la biomasse végétale présente sur Terre. La quantité de cellulose synthétisée par les végétaux est estimée à quelque 100 milliards de tonnes par année. Outre les applications en cours de développement à l’Empa pour produire des emballages, ce polymère fait l’objet de recherches pour le transformer en biocombustible, sous forme d’alcool ou de gaz. Il existe une grande variété de techniques pour transformer la cellulose dérivée des arbres ou des déchets issus de la pâte de bois. Lorsqu’ils sont décomposés en nanoparticules, les matériaux à base de la cellulose peuvent se transformer en matériaux flexibles, imperméables et résistants à l’air, ainsi qu’à la chaleur. À l’heure actuelle, il existe trois variétés de nanocellulose : la cellulose nanofibrillée, obtenue par traitement mécanique, la cellulose nanocristalline, produite par des procédés chimiques, ainsi que la nanocellulose bactérienne, synthétisée par des bactéries. Il existe déjà une vaste gamme d’emballages en cellulose. Dans le cas de l’Empa, la grande nouveauté réside dans la récupération et le recyclage de déchets (épluchures) végétaux destinés à être jetés, ainsi que dans le procédé de fabricaion, la finesse et les propriétés de conservation de la membrane obtenue.