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16 avril 2021 | Sécurité Environnement 02/2021 | Éditorial

Un premier pas vers l’abandon du plastique

Par Georges Pop

Contrairement, par exemple, aux bouteilles en PET, aux piles ou aux déchets végétaux, il n’existe, en Suisse, aucune filière de recyclage des emballages en plastique. Cependant, cela pourrait changer, dès l’année prochaine. L’association Swiss Recycling, qui regroupe dix acteurs actifs dans le recyclage, envisage l’instauration d’une collecte à l’échelle nationale, en collaboration avec la grande distribution.

Annuellement, chaque Suisse consomme, en moyenne, 125 kg de plastique, dont un tiers sous forme d’emballages. Selon les initiateurs de ce projet, cette collecte, financée par un léger surcoût des produits, permettrait de réduire notablement les émissions de CO2, en recyclant, plutôt qu’en incinérant, chaque année, quelque 100 000 t de plastique.

Assurément, l’initiative de Swiss Recycling, pour autant qu’elle se concrétise, est louable, d’un point de vue environnemental. Elle ne constitue, cependant, qu’une solution partielle, et donc provisoire. Entre 1950 et 2015, selon la revue scientifique américaine Science Advances, 8,3 milliards de tonnes de plastique ont été produites dans le monde. Sur cette masse, 6,3 milliards, soit 79 %, sont passés à l’état de déchets, accumulés dans des décharges, les sols et les océans. Seulement 9 % de la production de plastique a été recyclée ou incinérée.

Actuellement, à l’échelle de la planète, entre 750 et 800 t de plastique sortent des usines chaque minute, dont une bonne part est destinée à l’emballage, et le mouvement s’accélère. Le plus gros de cette production finira dans la nature, en dépit des efforts de recyclage. Il est parfaitement utopique de songer à un bannissement des plastiques non biodégradables (qui se décomposent en plus de 400 ans), à court ou moyen terme, sans se priver de ressources essentielles pour l’industrie, le domaine médical ou le secteur informatique. En revanche, il est déjà possible de se passer des emballages plastique, notamment alimentaires, qui représentent une part substantielle de cette pollution.

Contraints de cuisiner des repas à l’emporter, en raison de la pandémie, de nombreux restaurateurs suisses se sont d’ores et déjà tournés vers des emballages et des couverts en bioplastique, à peine plus chers, à base de maïs, de canne à sucre, de feuille de palmier ou de cellulose. Le secteur est en pleine expansion et profite déjà à des entreprises spécialisées telles que Pacovis SA, à Stetten (SG). À Fribourg, le Plastic Innovation Competence Center (PICC), qui fait le lien entre la recherche universitaire et l’industrie, mène des expériences prometteuses pour composer des plastiques écoresponsables à base d’amidon, d’algues ou de plumes de poulet.

La voie de cette première étape vers l’abandon des plastiques polluants est ouverte. Reste que, pour le moment, aucune filière de recyclage des bioplastiques n’existe. Ils finissent tous à la poubelle. La balle est dans le camp du législateur !