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13 june 2013 | La Revue POLYTECHNIQUE

Au rythme de la lumière

Les émissions lumineuses, en constante augmentation, ont une influence sur notre rythme biologique et les conditions de vie des animaux nocturnes. L’Office fédéral de l’environnement a formulé des mesures de prévention, afin d’en réduire les effets négatifs, tandis que la Société suisse des ingénieurs et des architectes vient de publier la norme SIA 491 sur la modération de ces émissions.
Le printemps est enfin là, les nuits sont courtes et nous sommes pleins d’énergie après un long hiver. Notre corps, réagissant à la lumière, dicte notre rythme biologique. La journée, la part de bleu dans la lumière naturelle augmente. Au crépuscule, le rouge domine et le corps se prépare à dormir. L’éclairage artificiel peut perturber le cycle du sommeil de l’être humain, soit parce que nous sommes exposés toute la journée, à l’intérieur, à une température de couleur trop faible (une ampoule a une température de couleur de 2700 K, au lieu de 6000 K), soit parce que nous sommes gênés par la clarté la nuit. Il en résulte des troubles du sommeil, des modifications du rythme cardiaque, ainsi qu’une production réduite de mélatonine.
 
 
Des émissions lumineuses en augmentation
L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) observe l’évolution de l’obscurité nocturne depuis 1994, à l’aide d’interprétations d’images satellite. La tendance montre que les émissions lumineuses moyennes ont augmenté de 70 % ces vingt dernières années. En Suisse, il n’y a plus un seul endroit où la nuit soit totale dans des conditions naturelles. Beaucoup d’animaux, surtout nocturnes, en souffrent. Par exemple, les oiseaux se repèrent aux constellations et aux motifs de polarisation de la lumière du Soleil. Si la visibilité est mauvaise, ils se dirigent souvent vers le point le plus clair (le «trou dans les nuages»). Le puissant éclairage à proximité des villes, leur faisant perdre l’orientation, ils peuvent mourir d’épuisement à force de voler en cercle ou s’écraser contre des façades. Un autre exemple bien étudié est celui des insectes qui, attirés par des sources lumineuses artificielles plus claires, quittent leur trajectoire de vol orientée vers la Lune.
 
Des mesures de prévention
En 2005 déjà, l’OFEV avait publié des recommandations pour la prévention des émissions lumineuses, afin d’en réduire les effets négatifs sur l’être humain et les animaux. Mais elles sont hélas restées sans succès. Le 13 février 2013, le Conseil fédéral a approuvé le rapport «Effets de la lumière artificielle sur la diversité des espèces et l’être humain», proposant des mesures en vue de gérer les émissions lumineuses, répondant ainsi à un postulat déposé en 2009. Le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) est chargé d’examiner s’il y a lieu de compléter l’ordonnance sur la protection de la nature et du paysage. En outre, il convient d’élaborer des valeurs indicatives permettant d’évaluer la perturbation occasionnée par la lumière artificielle.
Une nouvelle norme SIA
En avril dernier, la Société suisse des ingénieurs et des architectes (SIA) a publié la nouvelle norme 491 visant à éviter les émissions lumineuses inutiles à l’extérieur, notamment lors de la planification. Les propriétaires, concepteurs et autorités doivent assumer leurs responsabilités conformément au principe de causalité. Le plan en cinq points, dont la mise œuvre a débuté dans plusieurs cantons, demeure valable. La norme décrit les émissions possibles pour chaque type d’objet, leurs conséquences et les mesures à prendre.
 
Un séminaire spécialisé
sanu future learning sa, sise à Bienne, est en phase avec l’air du temps. Elle a organisé pour la première fois un séminaire sur le sujet. Les participants ont tout d’abord identifié les effets des émissions lumineuses sur l’être humain, le paysage et la biodiversité. Ils ont pu transférer l’intention visée par la nouvelle norme SIA dans leurs domaines d’application en mettant l’accent sur la pratique et déterminer la pertinence des solutions possibles dans leur environnement. Enfin, des mesures et acteurs ont été définis, qui puissent activement réduire les émissions lumineuses. Le cours a suscité un large intérêt. En raison de la forte demande, il sera reconduit prochainement en collaboration avec la SIA. Et peut-être pourrons-nous à nouveau, dans quelques années, montrer la Voie lactée à nos enfants des villes!
 
sanu future learning sa