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03 february 2016 | La Revue POLYTECHNIQUE 11/2015

Coup d’œil rétrospectif sur l’EMO 2015 – 1ère partie

Edouard Huguelet

La dernière édition de cette biennale s’est tenue à Milan du 5 au 10 octobre. L’occasion de faire le point et de décrire quelques réalisations d’exposants. Ceci constitue la première partie de ce compte-rendu. La suite paraîtra dans prochaine édition de La Revue Polytechnique (celle de décembre 2015).
Diffusé à la presse par les organisateurs de la manifestation, l’UCIMU (Association italienne des constructeurs de machines-outils – l’équivalent de notre Swissmem), le rapport final de l’EMO 2015 est évidemment empreint de louanges auto-proclamées quelque peu dithyrambiques. Il faut tout de même préciser que 155’362 visiteurs ont été enregistrés tout au long de la manifestation, ce qui représente un accroissement de 25 % par rapport à sa dernière tenue à Milan (édition 2009).
La surface d’exposition était de 120’000 m2 (en croissance de 26 % par rapport à 2009) et le nombre d’exposants 1600 (12 % de plus qu’en 2009). Rappel: l’EMO se tient en alternance toutes les années impaires, soit deux fois successivement à Hanovre et une fois à Milan. La précédente édition milanaise s’est donc tenue en 2009 dans la métropole lombarde. Les prochaines EMO auront lieu en 2017 et 2019 à Hanovre, puis en 2021 de nouveau à Milan.
Les visiteurs étrangers (51 % du total en provenance de 120 pays) sont essentiellement venus d’Allemagne (12 %), suivis par les Suisses, les Français et les Japonais.
 
Entrée principale du Centre d’expositions de Milan.
 

Des dièses et des bémols
Il faut d’emblée préciser que le Centre d’expositions de Milan, inauguré à Rhò (banlieue milanaise) en automne 2006, est particulièrement moderne, bien conçu et rationnel, parfaitement adapté à la tenue de cette manifestation, avec un déambulatoire central couvert donnant accès aux halles de part et d’autre. Contrairement à Hanovre, les visiteurs n’ont pas besoin de prévoir des parapluies pour se rendre d’une halle à l’autre.
En revanche, il convient de noter tout de même quelques points à améliorer. D’abord l’organisation: elle est pour le moins… plutôt latine ! De jeunes personnes, certes fort charmantes mais peu douées pour les langues, se languissaient aux points d’information tout en faisant preuve d’une efficacité discutable. Côté aptitudes linguistiques: l’italien, un peu d’anglais et c’est tout. Pourtant, un bon tiers des visiteurs étrangers venaient d’Allemagne, de Suisse romande, de France et d’autres régions francophones. Il y avait aussi quelques bornes interactives pour l’information des visiteurs: elles fonctionnaient de façon capricieuse ou pas du tout. A l’intérieur des halles, les numéros de stands et d’allées étaient quasiment impossibles à repérer. Il eût en outre été judicieux d’implanter à chaque entrée de halle un grand plan général d’implantation des stands avec répertoire alphabétique des sociétés exposantes, permettant de localiser les stands, comme cela se fait à Hanovre. Côté restauration (aussi bien pour les visiteurs que les journalistes), rien à reprocher en revanche.
Les dossiers de presse des exposants (contrairement à Hanovre) étaient peu nombreux à disposition des journalistes dans la salle de presse et quasiment tous rédigés uniquement en anglais ou en italien. En outre, se rendre au site de l’exposition depuis le centre de Milan était synonyme d’un parcours du combattant («treni affolati», comme on dit en italien), en l’occurrence le matin pour se rendre sur le site de l’EMO, il fallait prévoir depuis le centre de Milan un trajet de trois quarts d’heure debout dans un métro bondé, de même le soir pour la rentrée.
Plusieurs exposants ont témoigné que les conditions de montage des stands étaient plutôt folkloriques: «guère mieux qu’en Inde à l’IMTEX de Bangalore», confiait même l’un d’entre eux à un confrère). Mais finalement l’ambiance a été bonne et la plupart des exposants se sont finalement déclarés dans l’ensemble satisfaits, de même que les visiteurs.
 

Quelques nouveautés et produits présentés

Voici la description de quelques réalisations d’exposants à l’EMO 2015. Les constructeurs japonais, suisses et allemands étaient particulièrement inventifs.
 
Technique de production mixte et solution CNC «CN Smooth»
Yamazaki Mazak a mis en évidence sa technique de commande numérique appelée «CN Smooth» en présentant deux nouveaux produits de cette gamme.
En verve d’innovations, le constructeur japonais a réparti sur son immense stand pas moins de dix-huit nouvelles machines en exclusivité mondiale. Vu sa taille impressionnante, le stand Mazak constituait à lui seul une exposition !
 
Machine d’usinage intégral Mazak Integrex i-400AM alliant fabrication additive et usinage traditionnel.
 

Le stand comportait sept différentes zones: les machines multitâches, les réalisations à cinq axes, les tours, les centres d’usinage à broche horizontale et à broche verticale, la technique d’usinage hybride et enfin la technique dite «Smooth». Le centre du stand était un théâtre mettant en scène des présentations animées en 3D pour illustrer les possibilités des commandes «Smooth». Notamment la «Smooth X» laquelle, affirme son constructeur, serait la plus rapide au monde.
 
Commandes CNC Mazak «Smooth Technology».
 

L’autre point fort était constitué par la nouvelle machine Integrex i-400 AM («AM» pour Additive Manufacturing), qui démontrait son aptitude à générer des formes par ajout de matière, pour les finaliser ensuite par usinage classique multitâches par enlèvement de copeaux, tout ceci en une seule suite opératoire. Cette machine inclut également la possibilité d’un usinage complet en cinq axes simultanés, capable de produire des pièces de géométrie complexe dans une gamme de matériaux comprenant aussi bien l’acier au carbone, la fonte et l’acier inoxydable, que les alliages de nickel ou encore le cuivre, entre autres matériaux et alliages. La machine était évidemment équipée de la CNC «Smooth X», intégrant des fonctions pouvant gérer aussi bien la fabrication additive que l’usinage par enlèvement de copeaux.
 
En Suisse:
Wenk SA
2504 Bienne
Tél.: 032 344 98 00
www.wenk-ag.ch
 
Des machines et une voiture de Formule 1
Haas Automation a présenté non seulement ses machines-outils, mais également sa voiture de l’écurie Haas F1 qui fera ses débuts lors de la saison 2016 du championnat du monde de Formule 1 de la FIA.
Parmi les nouvelles machines présentées, les visiteurs ont pu découvrir le centre d’usinage UMC-750SS, lequel est en fait tout bonnement l’évolution en version à grande vitesse du centre d’usinage universel à cinq axes 750, répandu dans le monde entier à de nombreux exemplaires.
 
Centre d’usinage Haas UMC-750SS.
 

Cette machine comporte cinq axes et est équipée d’un moteur-broche à cône ISO-40 tournant à 15’000 tr/min. Ce centre d’usinage est doté d’un changeur d’outils latéral rapide à 40+1 positions et du logiciel Haas de commande d’usinage spécifique pour l’usinage à vitesse élevée. Il présente des courses de 762 x 508 x 508 mm, des avances rapides de 30,5 m/min aux trois axes et comporte une table sur tourillons à deux axes tournants (rotatif et basculant).
Le constructeur californien présentait également une petite machine de perçage/fraisage, en l’occurrence le modèle DM-1. Sa broche à entraînement direct (couplée au moteur), à cône d’outillage ISO-40, tourne à 15’000 tr/min et permet le taraudage numérique à grande vitesse. La machine, qui présente une surface de bridage de 508 x 406 x 394 mm, affiche des vitesses d’avance maximales de 30,5 m/min, convenant au fraisage à haute vitesse et est pourvue d’un changeur d’outils latéral à grande vitesse à 18+1 positions.
 
Petite machine de perçage/fraisage Haas DM-1.
 

Les visiteurs de l’EMO ont pu également découvrir le nouveau centre de tournage à grand alésage ST-15. Cette machine présente une capacité d’usinage maximale de Ø 356 mm pour une longueur de tournage de 406 mm, avec des passages pouvant atteindre 406 mm au-dessus du chariot et une capacité de passage de barres de Ø 63,6 mm. Une version à axe Y est également proposée pour les ateliers qui cherchent à augmenter leurs capacités pour des opérations accessoires. Cette machine présente le même encombrement et les mêmes caractéristiques que le modèle ST-15, mais assure une capacité de coupe maximale de 305 mm x 406 mm.
Mais la star la plus incontestée pour le «visiteur lambda» a été la voiture de l’écurie Haas F1. Comme le savent déjà les fans en effet, le partenaire technique du «Haas F1 Team» est la Scuderia Ferrari, hébergée à quelque 200 km de la Fieramilano.
 
En Suisse:
Urma AG – Haas Factory Outlet
5102 Rupperswil
Tél.: 062 889 20 20
www.urma.ch
 
Tournage et rectifiage en une seule et même machine
La famille de machines-outils de Schaublin Machines SA s’accroît avec le nouveau-né de sa gamme, le modèle 202-TG, une machine universelle multifonctionnelle qui associe tournage, fraisage et rectifiage. Elle ouvre de nouvelles possibilités aux utilisateurs, à savoir l’usinage complet en un seul serrage: semi-finition par tournage dur suivi d’un usinage par meulage. Cette solution représente un grand potentiel, notamment le maintien de la précision en évitant la reprise et évidemment la réduction du temps de passage des pièces en production. De plus, son carénage a été conçu de la même manière que celui d’une rectifieuse, ce qui déroute quelque peu les habitués. Cette machine garde la souplesse en équipement qui a fait la réputation du quasi séculaire tour 102, car l’outillage de ce dernier est compatible avec le nouveau produit. Diverses options répondent à des objectifs de production spécifiques, comme l’avance-barres, un convoyeur de copeaux, des équipements d’automatisation, etc.
 
Centre de tournage-fraisage-rectifiage Schaublin 202-TG.
 

Le centre de tournage-fraisage 142 qui fut également présenté à l’EMO fait partie de toute une famille modulaire qui comporte quatorze machines dotées de trois à sept axes linéaires. Clairement vouées aux deux domaines bien distincts que sont la production et la réalisation de petites séries ou de prototypes, ces machines de grande précision sont destinées à toutes les entreprises qui recherchent une solution de qualité avec une garantie de précision, ainsi que la répétitivité et la longévité. L’encombrement au sol est relativement faible tandis que le passage de barre en broche passe au diamètre 36 mm, respectivement 42 mm.
 
Centre de tournage-fraisage Schaublin 142.
 

Cette machine peut travailler aussi bien en barres qu’à partir d’ébauches. Dotée de deux tourelles motorisées comprenant chacune douze outils entraînés, elle permet le travail simultané sur les deux faces opposées de la pièce. Les deux tourelles, accueillent des outils tournants jusqu’à 12’000 tr/min (6 kW), sur chaque position si nécessaire. Le système de fixation des outils est une réalisation originale de l’entreprise Sauter Feinmechanik, partenaire de Schaublin Machines SA sur ce projet. Les puissances de la broche (24 kW – 8000 / 6000 tr/min) et de la contre-broche étant identiques, la répartition des opérations entre l’avant et l’arrière de la pièce est simplifiée. Pour assurer la précision des usinages, en plus du bâti, pas moins de quatorze composants structurels de la machine sont maintenus à température constante par un système isothermique basé sur un circuit de refroidissement à mélange eau-glycol. Ceci garantit l’homogénéité de la température de tous les éléments et évite ainsi les effets de dilatation pouvant influencer la précision d’usinage. Le fait que la machine soit compacte simplifie cette gestion tout en minimisant les temps improductifs.
Avec plus de 2000 machines 125-CCN et 180-CCN installées, Schaublin Machines démontre que sa solution originale CCN (Conventionnelle Commande Numérique) est toujours très appréciée par le marché, principalement pour la réalisation de prototypes et petites séries, ou encore pour la formation professionnelle d’opérateurs. Pour le transformer en machine de production et en complément au nouveau carénage qui lui assure une étanchéité parfaite, le tour 125-CCN peut-être équipé d’un système d’avance-barre automatique ou d’un robot de chargement et de déchargement. De plus, cette machine est asservie par la dernière génération de commande numérique Fanuc Oi-TF, intégrant toutes les dernières innovations en matière de CNC.
Pour compléter le tout, mentionnons encore la dernière version de l’increvable «tour à vis-mère», le 102 N-VM CF, qui est désormais disponible sur socle, avec un convertisseur de fréquence.
 
Schaublin Machines SA
2735 Bévilard
Tél: 032 491 67 00
www.smsa.ch