Subscriptions
for enrichment
26 may 2017 | La Revue POLYTECHNIQUE

Édito (2/2017)

Obsolescence durable
Les mots à la mode ainsi assemblés résonnent de manière contradictoire en liant la perspective durable avec une fin très probable.
La programmation de l’obsolescence n’est-t-elle pas l’acte abominable d’industriels peu scrupuleux ? Nous sommes tous des victimes d’un complot, si possible mondial, rien de mieux pour attirer le lecteur. Mais voilà, qui veut durablement rouler avec une Ford T ? Heureusement l’obsolescence intervient pour nous permettre de renouveler, d’inventer, de corriger nos réalisations.
Un regard sur la nature suffit pour se convaincre: c’est dans le cycle de vie et de mort que l’adaptabilité et le développement à long terme sont les mieux assurés. Pour le monde industriel, une bonne conception repose sur une maitrise de la durabilité des fonctionnalités. À quoi sert un pare-chocs de voiture indestructible si le reste est ruiné par la rouille en quelques années ?
La bonne conception des pièces passe par la maîtrise des fonctions et nombreuses sont celles qui concernent les surfaces. C’est alors le traitement de surface qui dicte l’obsolescence, à nous donc de proposer le meilleur en évitant le superflu. Réussir cet exploit impose une veille technologique constante; cette revue en est un vecteur car elle relaie l’innovation, elle collecte l’information de conférences ou informe sur les salons techniques.
Que cela soit dans les produits d’entrée ou de haut de gamme, la cohérence de l’obsolescence assure le bon positionnement du produit. Négliger durablement la défaillance connue d’un composant mineur peut alors devenir délictueux. À l’opposé, l’absence d’obsolescence de composants peut masquer une économie substantielle de ressources et de moyens; trop bien faire, mais partiellement est tout aussi incongru, voire délictueux en terme de gaspillage de ressources.
Finalement, vive l’obsolescence programmée durable ?
 

Dr Eric Rosset
Professeur HES-SO Genève
Membre du Comité central SGO-SST