25 january 2013 |
La Revue POLYTECHNIQUE
Éditorial (1/2013)
Pour en finir avec la fin du monde
L’Apocalypse ayant été reportée à une date ultérieure, j’ai le plaisir de vous présenter, chères lectrices et chers lecteurs, mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année qui verra, j’en suis sûr, la Terre continuer de tourner!
Tout a été dit ou presque sur cette fin du monde psychédélique, eschatologique et commerciale: alignement d’astres, trous noirs gloutons, explosion de supernovæ, collision de planètes, inversion des pôles magnétiques, bombardement de rayons cosmiques, éruption d’un super volcan, arrêt de la photosynthèse, disparition de l’atmosphère, désintégration de l’Univers, virus foudroyants, et j’en passe. Il ne s’agissait, selon l'historien Luc Mary, que de la 183e fin du monde annoncée par des prophéties depuis la chute de l'Empire romain! On avait même oublié le trou noir du LHC qui devait engloutir la Terre entière, au grand dam du boson de Higgs…
Il n’y a toutefois guère de doute, la fin du monde aura bien lieu. Elle n’est plus la chasse gardée des religions, des mythologies et des arts, du millénarisme ou d’Armageddon. En effet, les scientifiques savent parfaitement nous décrire comment tout cela finira, d’ici un ou deux milliards d’années.
Mais au fait, de quelle fin du monde parle-t-on? De celle de l’humanité, de la Terre, du Système solaire, de la Voie lactée ou de l’Univers tout entier? Pour certaines îles émergeant à peine de l’océan ou pour les zones inondées du Bangladesh, la fin du monde n’est plus très loin. Au cours de l’année écoulée, ce fut aussi la fin du monde pour les enfants de l'école Sandy Hook de Newtown, pour les victimes new-yorkaises de l’ouragan Sandy, ou encore pour celles des avalanches du Mont Manaslu et du Mont Maudit.
Pour notre planète, qui a déjà survécu à cinq extinctions des espèces, la plus forte probabilité de fin du monde dans un avenir à échelle humaine, c’est l’hiver nucléaire ou la chute d’un astéroïde. Les nombreux documents d’archives montrent que nous sommes passés tout près de l’embrasement lors de la crise des missiles de Cuba en 1962. Quant à la chute d’un astéroïde ou d’une comète, l’évènement de la Toungouska, le 30 juin 1908, nous rappelle que ce bolide d’une centaine de mètres de diamètre, qui a explosé avec une puissance de 600 fois la bombe d'Hiroshima, dévastant une zone de 2000 km2, aurait détruit Saint-Pétersbourg s’il était tombé quatre heures plus tard.
Concernant le risque du feu nucléaire, les moyens de prévention sont des plus évidents; ils sont même totalement entre les mains de l’homme: il suffit de détruire et d’interdire toute arme atomique. Pour éviter que le ciel nous tombe sur la tête, des solutions existent, mais aucune n’a encore pu être testée dans le réel.
Il est rassurant de savoir que parmi les multiples scénarios de fin du monde que nous décrivent les scientifiques, ceux dont la probabilité est la plus forte sont aussi ceux pour lesquels nous sommes les mieux armés.

par Michel Giannoni