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26 january 2015 | Sécurité Environnement | Éditorial

Éditorial (1/2015)

Des laboratoires très spéciaux
Selon un bilan de l’Organisation mondiale de la santé daté du 10 décembre dernier, l’épidémie d’Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest a fait plus de 6500 morts sur un total de quelque 18’000 cas enregistrés. Dans ce contexte, les risques de pandémies ainsi que la lutte contre le terrorisme ont conduit, ces dernières années, à multiplier le nombre d’installations manipulant les micro-organismes les plus pathogènes. Mais qu’en est-il de leur sécurité ?
Le 2 septembre dernier, suite à une erreur humaine, l’entreprise pharmaceutique GSK à Rixensart, en Belgique, a rejeté dans les eaux usées, 45 litres de liquide contenant le virus de la poliomyélite. Le risque est toutefois resté limité, étant donné le haut niveau de dilution et le taux élevé de vaccination de la population.
Au mois de juin, le Center for Desease Control d’Atlanta a exposé plusieurs de ses employés à l’anthrax et expédié à un autre laboratoire, des tubes contaminés par le virus H5N1. Le mois suivant, le National Institute of Health étasunien a retrouvé plusieurs lots de virus de la variole au fond d’un congélateur.
La multiplication des installations de classe P3 et P4 – il s’agit des niveaux de biosécurité les plus élevés, exigeant une enceinte hermétique et dépressurisée, ainsi que des tenues spéciales avec protection respiratoire – a certes pour conséquence une augmentation des risques, mais elle permet surtout de mieux connaître ces agents pathogènes dangereux et de les manipuler dans de bonnes conditions, alors qu’autrefois, cela se faisait hors de tout cadre technique et législatif. En l’absence de ces laboratoires de haute sécurité, il serait impossible de mettre au point des vaccins pour des virus tels que celui de l’Ebola.  
Et qu’en est-il en Suisse ? Selon certaines sources, on y trouverait une quarantaine d’installations de niveau 3. Un laboratoire de très haute sécurité a été mis en service en 2010 à Spiez. Comportant deux unités P4 et deux P3,il est le seul du pays susceptible d’abriter des agents pathogènes très dangereux, tels que les virus d’Ebola, de Marburg ou de Lassa.Une installation de haute sécurité, classée P4 D (D pour diagnostic), a été aménagée au sein du laboratoire central de virologie des Hôpitaux Universitaires de Genève. Il sert uniquement à effectuer des diagnostics et n’abrite aucune culture, ni entreposage de virus mortels.
Fort heureusement, on n’a eu à déplorer en Suisse, à notre connaissance, aucun incident grave impliquant la perte ou le rejet dans l’environnement, de micro-organismes dangereux.
 
Par Michel Giannoni