31 january 2018 |
La Revue POLYTECHNIQUE
Éditorial (1/2018)
Un florilège de découvertes en 2017
En ce début d’année, penchons-nous sur ce qu’a apporté à la science et à la technologie, celle qui vient de s’achever. Parmi les événements qui ont marqué les esprits, on retiendra d’abord le prix Nobel du Vaudois Jacques Dubochet – partagé avec l’Américain Joachim Frank et le Britannique Richard Henderson – récompensé pour la mise au point de la technique de cryomicroscopie électronique, qui permet d’observer à très basse température, la structure de virus, bactéries ou protéines sans les dégrader.
L’année 2017 a été marquée par un progrès majeur en physique quantique, avec la première téléportation intercontinentale, via le satellite Micius, qui a réussi une communication inviolable entre Pékin et Vienne. Cette nouvelle technologie, qui repose sur le phénomène d’intrication quantique, permet de mettre en œuvre des systèmes de communication hyper sécurisés, l’information étant transmise de façon instantanée et impossible à intercepter.
Au CERN, des physiciens de l’expérience ATLAS ont observé le premier signe direct de la diffusion lumière-lumière à haute énergie, un processus très rare dans lequel deux photons interagissent et changent de direction. Ce résultat, qui fera date, confirme l’une des plus anciennes prédictions de l’électrodynamique quantique. La collaboration LHCb a également découvert une nouvelle particule, qui permet de mieux comprendre la cohésion du noyau atomique. Il s’agit d’un baryon formé de deux quarks lourds, d’une masse de presque quatre fois celle du proton.
L’année dernière a vu la fin de l’aventure Cassini, la sonde de la NASA qui a observé pendant treize ans Saturne et ses satellites. Au cours de sa mission, elle a découvert que Titan et Encelade offrent des conditions propices à l’apparition de la vie. C’est également le cas d’un système formé de sept planètes rocheuses, situé à 39 années-lumière de la Terre, qu’ont découvert des astronomes belges. Au moins trois d’entre elles possèdent une zone d’habitabilité.
Mais la révélation de l’année, qui marquera sans doute l’histoire de l’astronomie, c’est l’observation de la fusion de deux étoiles à neutrons, qui a été détectée – à 130 millions d’années-lumière et en l’espace de deux secondes – à la fois par les ondes électromagnétiques et gravitationnelles émises par ce cataclysme. Grâce à cette découverte révolutionnaire, les astronomes disposent désormais d’une nouvelle méthode et de nouveaux instruments pour observer l’Univers.
Mais que nous réserve 2018 ? Nul doute que les «conquistadors» de l’infiniment grand et de l’infiniment petit s’attelleront sans relâche à la quête de la matière noire, de l’énergie sombre et de la neuvième planète. L’ordinateur quantique, quant à lui, est à portée de main. Et l’intelligence artificielle poursuivra ses fantastiques avancées, dont le but avoué est de surpasser l’homme dans toujours davantage de tâches, pour le meilleur et – parfois hélas – pour le pire.

par Michel Giannoni