Subscriptions
for enrichment
28 january 2019 | La Revue POLYTECHNIQUE

Éditorial (1/2019)

Les explorateurs de l’an neuf

L’année 2019 démarre en trombe dans le domaine de l’exploration spatiale. À peine remis du réveillon de la Saint Sylvestre, le monde apprend que deux exploits retentissants ont marqué les premiers jours de l’an: le 2 janvier, la sonde New Horizons de la NASA frôle l’astre le plus éloigné jamais visité par un vaisseau terrestre et quelques heures plus tard, la Chine parvient à poser un atterrisseur sur la face cachée de la Lune, une performance que nul n’avait réalisée auparavant.

Lancée le 19 janvier 2006, New Horizons avait pour objectif d’étudier Pluton et ses cinq satellites, qu’elle a survolés en juillet 2015. Les concepteurs de cet engin de 478 kg, avaient prévu qu’il se dirige ensuite vers d’autres corps de la ceinture de Kuiper, cette zone située bien au-delà des plus lointaines planètes du Système solaire. Et c’est trois ans après avoir révélé la morphologie et les caractéristiques de l’atmosphère de la planète naine, que New Horizons écrit une nouvelle page de l’histoire de l’astronomie en s’approchant à une distance de 3500 km de l’astéroïde Ultima Thulé – un fossile de la formation du Système solaire – et en le photographiant.
La sonde américainea ainsi révélé au monde que cet astre, éloigné de 6,6 milliards de kilomètres – plus de 44 fois la distance Terre-Soleil –, n’est pas double, mais qu’il s’agit d’un objet binaire, tout comme la comète Tchouri que la sonde Rosettaa explorée en 2015. Avant de poursuivre sa route aux confins du Système solaire, à la recherche d’autres astéroïdes, New Horizons a aussi dévoilé les dimensions de cette sorte de cacahuète ou de bonhomme de neige, long de 31 km et dont les deux sphères, probablement réunies depuis l’aube du Système solaire, ont un diamètre de 14 et 19 km.
Le deuxième exploit spatial de ce début d’année a été réalisé quelques heures seulement après la prouesse de New Horizons. En effet, c’est dans la nuit du 2 au 3 janvier, que la Chine a réussi à déposer sur la face cachée de la Lune, l’atterrisseur Chang’e-4 chargé d’un petit rover – au joli nom de Lapin de Jade 2 –, ce que ni les Américains, ni les Russes n’étaient parvenus à faire jusqu’à présent. L’Empire du Milieu a ainsi, pour la première fois, accompli une première spatiale. Une dizaine d’expériences sont prévues à l’aide d’instruments mis au point par des universités européennes, leur objectif étant notamment de capter des signaux encore inconnus venus de l’espace, grâce à la position du rover à l’abri des perturbations électromagnétiques provenant de la Terre.
Les deux exploits de ce début d’année posent de nouveaux jalons dans notre compréhension du Système solaire et de ses origines, mais aussi dans la perspective de mettre le pied sur Mars, la Lune pouvant faire office d’escale dans ce long voyage, ainsi que lors d’expéditions vers d’autres destinations plus lointaines, seules issues de secours lorsque l’humanité aura fini par détruire son biotope.
 
par Michel Giannoni