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25 november 2015 | Sécurité Environnement | Uncategorized

Éditorial (4/2015)

Le visiteur d’Halloween
Une inquiétante citrouille s’est approchée de la Terre le 31 octobre dernier, jour d’Halloween. Baptisé 2015 TB145, ce géocroiseur n’a pas revêtu le costume effrayant de sorcière, de fantôme ou de vampire, mais ses dimensions et sa proximité avaient de quoi donner froid dans le dos !
C’est la NASA qui a découvert ce monstre. L’agence américaine a estimé à quelque 300 à 600 m le diamètre de ce bolide, qui filait à 125’000 km/h pour passer à 500’000 km de notre planète – soit 1,7 fois la distance de la Terre à la Lune. Sa vitesse anormalement élevée pour un astéroïde et la particularité de son orbite pourraient indiquer qu’il serait de nature cométaire.
Toutefois, la NASA nous a rassurés. La visite de 2015 TB145 ne pouvait en aucun cas gâcher la Toussaint; par ailleurs, il ne repassera aussi près de notre planète que dans plusieurs siècles. Mais ce qui est préoccupant, c’est que cet astre n’a été détecté que le 10 octobre, trois semaines seulement avant son face à face avec la planète bleue.
Alors, puisqu’Halloween est propice pour jouer à se faire peur, posons donc la question: un objet de cette taille percutera-t-il un jour la Terre ? Oui, bien sûr, il n’y a aucun doute ! L’étude des cratères d’impact sur la Lune montre que la chute d’un astéroïde d’une centaine de mètres se produit tous les 10’000 ans. Sur Terre, la plus récente que l’on connaisse remonte à 60’000 ans, mais les géocroiseurs qui se sont abimés dans les océans n’ont, quant à eux, laissé aucune trace.
Les conséquences d’un tel impact seraient, on s’en doute, catastrophiques: un cratère de plusieurs kilomètres ou une vague gigantesque, détruisant des régions entières. Quant aux objets de plus d’un kilomètre de diamètre, ils sont capables d’anéantir la plupart des êtres vivants. Bonne nouvelle, il n’en tombe qu’un tous les 500’000 ans ! Plus de 90 % d’entre eux sont connus et ne présentent pas de danger immédiat.
Ce qui n’est pas le cas des astéroïdes de la taille de 2015 TB145, dont on n’en connaît que 10 à 15 %. Aussi la NASA a-t-elle entrepris, dans le cadre du programme Spaceguard, un recensement ayant pour objectif d’identifier 90 % d’entre eux, d’ici à 2025. Il s’agit d’une mission de première importance, car si l’on pouvait détecter suffisamment tôt des objets de cette dimension, on pourrait modifier leur trajectoire. Ainsi, le projet Aida des agences spatiales européenne et américaine envisage-t-il d’envoyer, en 2022, un «impacteur» destiné à dévier l’astéroïde (65803) Didymos potentiellement dangereux. La mission est actuellement en phase d’évaluation à l’ESA et à la NASA.
 
Par Michel Giannoni