18 december 2017 |
Sécurité Environnement |
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Éditorial (4/2017)
Si le Soleil ne revenait pas
Fatigués de jouer les Cassandre, 15’364 scientifiques de 184 pays viennent de lancer un avertissement à l’Humanité. Il sera bientôt trop tard pour la sauver, affirment-ils. Après l’appel de Rio en 1992, signé par quelque 1700 chercheurs, cette alerte, d’une ampleur exceptionnelle, veut attirer une nouvelle fois l’attention des gouvernements, des responsables politiques et de leurs électeurs, sur l’état de la planète. Sa santé va mal. Tous les indicateurs montrent une dégradation catastrophique de l’environnement due à la surpopulation humaine et à ses errements.
Aucun doute, la sixième extinction des espèces est en cours; celles-ci disparaissent à un rythme alarmant, mettant en péril notre propre survie – ou plutôt celle de notre descendance, sinon l’opinion publique se sentirait davantage concernée.
Des études démontrent que plus de la moitié des animaux ont disparu depuis 40 ans, alors que la population humaine ne fait qu’augmenter. Plus inquiétante encore est la disparition des insectes, car elle affecte la pollinisation, et donc la source de nourriture de nombreuses espèces, y compris la nôtre. Si en 30 ans, les populations d’insectes ont chuté de 80 %, les responsables en sont les néonicotinoïdes, ces «tueurs d’abeilles» qui agissent sur leur système nerveux et que l’on retrouve dans les miels. Sont en cause la dégradation de l’habitat due à l’agriculture, à la déforestation, à l’urbanisation massive, à la surpopulation, au changement climatique, à la pollution, ainsi qu’au recours accru aux pesticides.
Sans oublier les perturbateurs endocriniens, ces molécules qui, à très faibles doses, dérèglent le système hormonal; ils sont la cause d’anomalies physiologiques et sont responsables de la diminution des capacités cognitives, notamment de la chute du QI constatée au cours des dernières décennies, mais aussi de la baisse de la fertilité. En effet, ces agents omniprésents dans les objets quotidiens, notamment les cosmétiques, les plastifiants, les rembourrages de meubles, la vaisselle en plastique, certains vêtements, etc., sont susceptibles d’altérer le développement du cerveau lors de la grossesse, de la petite enfance et de la puberté, entraînant troubles de l’attention, hyperactivité et même autisme.
Le réchauffement climatique est une autre menace, d’autant plus grave qu’elle est contestée par des hurluberlus outre-Atlantique et même ailleurs. Et ce phénomène pourrait s’emballer, suite à la disparition du miroir réfléchissant qu’est la banquise, ainsi qu’à la décomposition des clathrates due à la fonte du permafrost, qui libérera dans l’atmosphère d’énormes quantités de méthane.
Si le soleil ne revenait pas, tel est le titre que Ramuz donna à l’un de ses romans. Le désespoir des habitants de New Dehli, plongés dans un brouillard de particules toxiques depuis des semaines, rappelle le sort des villageois de l’œuvre de l’écrivain vaudois.

Par Michel Giannoni