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25 may 2012 | La Revue POLYTECHNIQUE

Éditorial (5/2012)

Les promesses de l’infiniment petit
Les nanotechnologies se définissent d’abord par l’échelle spatiale, c’est-à-dire le nanomètre (10-9 mètre) ou milliardième de mètre. Il ne représente que quatre fois le diamètre d’un atome et il faut 1000 nanomètres pour faire un micron (10–6 mètre). On se représente mieux le rapport vertigineux entre le nanomètre et le mètre quand on comprend qu’il est le même que le rapport entre le millimètre et une distance de 1000 kilomètres! Si actuellement, nous humains disposions d’un appareil capable de manipuler un million d’atomes par seconde, il faudrait treize milliards d’années juste pour reconstruire une feuille de papier. Or, la nature fait beaucoup mieux, elle utilise des machines moléculaires, l’ADN, l’ARN et les ribosomes pour construire des êtres vivants. Les cellules se reproduisent par division cellulaire et se dédoublent une fois le modèle établi. Si l’on arrivait à faire des nanomachines utilisant ce principe, notre feuille de papier se ferait en deux minutes.
Actuellement, les nanotechnologies sont au croisement de plusieurs disciplines scientifiques comme la chimie, la biologie, l’électronique, la mécanique et l’optique. Leurs différentes applications peuvent être regroupées en trois grands domaines. Les nanomatériaux, qui ont pour objectif de travailler à l’échelle atomique pour créer ou améliorer les propriétés physiques ou chimiques des matériaux. La nanoélectronique, qui engendre des transformations et des miniaturisations dans le domaine de l’électronique. Il est possible, aujourd’hui, par exemple, de graver sur des puces informatiques des sillons de largeur inférieure au micromètre, c’est-à-dire 100 fois plus fins qu’une feuille de papier. La nanobiotechnologie est porteuse de promesses pour la santé humaine avec la mise au point de médicaments ou de matériaux de nature biologique, par exemple, pour traiter les maladies par ciblage au plus près des cellules. Le seul point obscur de ces sciences est qu’à ce jour, un nombre grandissant d’études scientifiques sur l’évaluation des dangers de ces nanoproduits démontrent qu’ils présentent des risques pour les consommateurs, les travailleurs et l’environnement.
A mon avis, les nanotechnologies vont représenter le nerf de la prochaine révolution technologique, avec des avancées et des innovations qui vont radicalement transformer nos habitudes et notre manière de vivre. Elles vont aussi représenter d’énormes enjeux commerciaux et des défis intellectuels et scientifiques de taille. De plus, elles vont nous conduire à de nouvelles représentations de la réalité, en poussant la matière dans ses derniers retranchements... C’est peut-être, l’ultime développement du pouvoir de l’Homme sur la Nature. Actuellement, il est encore difficile, au plan scientifique et sociétal, d’en prévoir les impacts. Tout ce que j’espère, c’est que l’évolution de ces sciences se fasse dans le respect de l’Humanité et de l’environnement.
 
par James Dettwiler