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25 september 2015 | La Revue POLYTECHNIQUE

Éditorial (9/2015)

Le virage des techniques nouvelles

L’édition 2015 de l’EMO (Exposition euromondiale de la machine-outil) se déroulera durant six jours à Milan au début du mois prochain, sous le slogan «Let’s build the future». Cette manifestation biennale se définit comme étant une vitrine intégrale de l’évolution des solutions d’usinage, qu’il s’agisse de machines-outils, d’outillage, de composants d’automatisation, d’accessoires, de systèmes de commande et d’entraînement ou d’équipements périphériques. Lors de la dernière édition qui s’est tenue en automne 2013 à Hanovre, 2100 exposants provenant de 43 pays ont présenté leurs produits et solutions à près de 150’000 visiteurs venus du monde entier, sur près de 180’000 mètres carrés de surface de stands répartis dans seize gigantesques halles d’exposition.
Tout cela pour décrire le contexte concurrentiel dans lequel évolue l’industrie «mem» (machines, électrotechnique et métallurgie) de la Suisse, qui, selon les statistiques de Swissmem, occupe quelque 334’000 personnes et génère un chiffre d’affaires annuel de plus de 85 milliards de francs, pour les trois-quarts à l’exportation, ce qui représente près d’un tiers de notre commerce extérieur.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’industrie suisse de la machine-outil a bénéficié d’un statut privilégié, car épargnée par le conflit, alors que toute la concurrence (États-Unis mis à part) avait pratiquement été anéantie. Il n’était donc à cette époque pas nécessaire de développer des prodiges d’imagination pour créer des produits convenables, en raison d’une demande insatiable. Mais l’économie des pays traditionnellement producteurs de machines-outils s’est redressée, leur industrie a été reconstituée sur de nouvelles bases et dès le début des années 1960, la concurrence étrangère s’est faite de plus en plus vive, en particulier celle venant du Japon, d’Allemagne, des États-Unis, de France et d’Italie, puis de Corée du Sud et de Taïwan.
Ces derniers temps, la technique des machines-outils a beaucoup évolué, en particulier en ce qui concerne leur conception scientifique, en Suisse notamment, suite aux recherches des professeurs de l’EPFL François Pruvot, Pierre Pahud et Georges Spinnler au début des années 90. Jusqu’alors les machines-outils, aussi bien en Suisse qu’à l’étranger, étaient conçues de façon empirique et donnaient satisfaction pour les besoins de l’époque. Mais avec l’apparition des machines à commande numérique et en raison également des progrès réalisés dans le domaine des matériaux de coupe, une approche scientifique s’est avérée indispensable pour éviter la disparition pure et simple de notre industrie de la machine-outil. Les entreprises suisses nouvellement créées et les anciennes qui ont su prendre à temps le virage des techniques nouvelles, se profilent désormais favorablement sur la scène internationale.
 
par Edouard Huguelet