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25 october 2018 | La Revue POLYTECHNIQUE

Énergie & Environnement (10/2018)

L’humanité vit à crédit depuis le 1er août
Des organisations non gouvernementales, dont le WWF, font chaque année un calcul de l’épuisement des ressources de la planète. Le «jour du dépassement» était le 3 août l’an passé, il survient trois jours plus tôt cette année. Car l’humanité a consommé, au 1er août 2018, l’ensemble des ressources que la nature peut renouveler en un an et vivra «à crédit» pendant cinq mois, selon l’ONG Global Footprint Network, qui souligne que cette date survient de plus en plus tôt. Elle est, en effet, la plus précoce jamais enregistrée depuis le lancement du «jour du dépassement» au début des années 1970, où la date retenue était celle du 29 décembre.
«Le 1er août est la date à laquelle nous avons utilisé plus d’arbres, d’eau, de sols fertiles et de poissons que ce que la Terre peut nous fournir en un an pour nous alimenter, nous loger et nous déplacer et émis plus de carbone que les océans et les forêts peuvent en absorber», explique Valérie Gramond du WWF, partenaire du Global Footprint Network, qui propose un calculateur d’empreinte carbone. «Il nous faudrait aujourd’hui l’équivalent de 1,7 Terre pour subvenir à nos besoins», souligne le WWF dans un communiqué.
 
«Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité»
Quelques jours après la démission du ministre français de l’écologie Nicolas Hulot, plus de 200 artistes, écrivains et scientifiques ont lancé un appel à une action politique ferme et immédiate face au changement climatique. Paru dans Le Monde du 4 septembre 2018, voici le texte de leur déclaration.
«Face au plus grand défi de l’histoire de l’humanité, le pouvoir politique doit agir fermement et immédiatement. Nous vivons un cataclysme planétaire. Réchauffement climatique, diminution drastique des espaces de vie effondrement de la biodiversité, pollution profonde des sols, de l’eau et de l’air, déforestation rapide: tous les indicateurs sont alarmants. Au rythme actuel, dans quelques décennies, il ne restera presque plus rien. Les humains et la plupart des espèces vivantes sont en situation critique. L’effondrement est en cours. La sixième extinction massive se déroule à une vitesse sans précédent. Mais il n’est pas trop tard pour éviter le pire.
Nous considérons donc que toute action politique qui ne ferait pas de la lutte contre ce cataclysme sa priorité concrète, annoncée et assumée, ne serait plus crédible Nous considérons qu’un gouvernement qui ne ferait pas du sauvetage de ce qui peut encore l’être, son objectif premier et revendiqué, ne saurait être pris au sérieux.
Nous proposons le choix du politique – loin des lobbys et des mesures potentiellement impopulaires qui en résulteront. C’est une question de survie. Elle ne peut, par essence, pas être considérée comme secondaire. De très nombreux autres combats sont légitimes. Mais si celui-ci est perdu, aucun autre ne pourra plus être mené.»