27 february 2018 |
La Revue POLYTECHNIQUE
Énergie & Environnement (2/2018)
Les lauréats du Watt d’Or 2018
L’Office fédéral de l’énergie (OFEN) a décerné, pour la onzième fois, le Watt d’Or, le prix suisse de l’énergie. Des entreprises et hautes écoles suisses innovantes concrétisent depuis longtemps l’avenir énergétique avec succès et détermination. Afin de récompenser leurs prestations exemplaires, l’OFEN a créé en 2006 le Watt d’Or, label de l’excellence énergétique, dont l’objectif premier est d’inciter les milieux économiques et politiques, mais aussi le grand public, à découvrir les atouts de technologies énergétiques prometteuses. Purement honorifique, le Watt d’Or n’est pas doté de prix en espèces.
À la fin juillet 2017, pas moins de 71 dossiers avaient été déposés pour le Watt d’Or 2018. Ces projets ont ensuite été évalués par un comité d’experts qui en a retenu trente. Le jury a ensuite désigné les quatre vainqueurs dans les quatre catégories. Il a également décerné un prix spécial Watt d’Or «Efficacité énergétique».
Les lauréats se sont vu remettre leur trophée à l’occasion de l’apéritif du Nouvel An organisé par l’OFEN, le 11 janvier 2018 à Berne. Voici les projets qui ont été récompensés.
Catégorie «Technologies énergétiques»
EKZ – Elektrizitätswerke des Kantons Zürich et Schréder Swiss SA pour un éclairage d’avant-garde
Le système innovant de commande de l’éclairage mis au point par ces deux entreprises réinvente la «lumière intelligente». Grâce à un système de capteurs intelligents, les lampadaires s’adaptent facilement et en douceur au volume du trafic, dans l’intérêt des riverains, de la faune nocturne et de l’efficacité énergétique. La diminution de la consommation d’énergie pour l’éclairage routier peut atteindre 70 %.
Catégorie «Énergies renouvelables»
Institut Paul Scherrer et Energie 360°: «Quand les déchets mettent les gaz»
Le biogaz issu des déchets est précieux. Jusqu’ à présent, séparer le CO2du biogaz brut était une opération particulièrement difficile. La nouvelle technologie de méthanisation directe développée par l’Institut Paul Scherrer PSI et testée avec succès dans le cadre d’un projet pilote en collaboration avec Energie 360° rend cette séparation superflue et peut augmenter le rendement du bio-méthane de 60 %.
Catégorie «Mobilité économe en énergie»
ABB, HESS, tpg, SIG, OPI pour le bus TOSA
Le bus électrique TOSA n’a pas besoin de caténaire et peut recharger ses batteries à certains arrêts en quelques secondes. Cette technologie a été développée par ABB Suisse SA en collaboration avec Carrosserie HESS SA. Les partenaires du projet sont les Transports publics genevois (tpg), les Services industriels de Genève (SIG) et l’Office de promotion des industries et des technologies (OPI) de Genève. Le projet est soutenu par le canton. Depuis décembre 2017, les bus TOSA circulent sur la ligne 23 des tpg.
Catégorie «Bâtiments et espace»
Dietrich Schwarz Architekten AG: «Mettre le cap sur l’urbanisme de demain»
Le projet de construction et de transformation mené à la Hohlstrasse 100 à Zurich doit relever les défis urbanistiques de notre époque: compactage, efficacité énergétique, protection contre le bruit et optimisation de l’exploitation. L’équipe chargée de la planification de ce projet pilote au sein de Dietrich Schwarz Architekten AG, soutenue par EK Energiekonzepte AG, mise donc sur des solutions innovantes. Des panneaux en bois préfabriqués, recouverts d’un aérogel au pouvoir ultra isolant, permettent de disposer de façades extérieures très minces et d’optimiser ainsi la surface utile. En outre, le vitrage est constitué de verre isolant sous vide, une première en Suisse.
Prix spécial «Efficacité énergétique»
Services industriels de Genève – éco21 et energo: «Genève, le canton au chauffage efficient»
Le programme éco21 mené par les Services industriels de Genève, chasse le gaspillage d’énergie dû aux chaufferies mal réglées. éco21, en partenariat avec l’association energo, a mis en place des contrats d’optimisation énergétique pour que les propriétaires et les régies immobilières bénéficient d’un réglage optimal de leurs chaufferies. Il s’agit d’un service unique en Suisse, qui ne nécessite aucun investissement. Depuis 2014, ce programme permet non seulement des économies d’énergie de l’ordre de 20 GWh, mais aussi une diminution des émissions de CO2, estimée à 4300 t.
Le trou dans la couche d’ozone se rebouche
En 1985, la découverte d’un important trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique a mis en alerte la communauté scientifique. C’est pourtant en 1974 déjà, que les chimistes Frank Rowland et Mario Molina avaient compris que les émissions de chlorofluorocarbones (CFC) détruisent la fine couche d’ozone stratosphérique qui protège la Terre des rayonnements ultraviolets.
En effet, le contact des CFC avec le rayonnement ultraviolet libère un atome de chlore, qui réagit avec une molécule d’ozone pour former une molécule de monoxyde de chlore et une d’oxygène (Cl + O —-> ClO + O2). Le monoxyde de chlore réagit alors avec un atome d’oxygène, provoquant la formation d’une molécule d’oxygène et d’un nouvel atome de chlore, provoquant ainsi une réaction en chaîne, si bien qu’un seul atome de chlore peut détruire plus de 100’000 molécules d’ozone.
Cette prise de conscience des risques pour les écosystèmes et pour la santé humaine a abouti à la signature du protocole de Montréal, qui fut ratifié en 1987 par la plupart des pays producteurs et utilisateurs de CFC, qui ont rapidement mis sur le marché des produits de remplacement. Les chercheurs ont ensuite effectué des simulations afin d’étudier plus en détail l’impact réel du protocole de Montréal. Il est apparu que si la variabilité naturelle du climat avait, elle aussi, un rôle important à jouer dans la dynamique du trou d’ozone, sa taille record en octobre 2015 pouvait aussi s’expliquer par l’injection massive d’aérosols soufrés dans l’atmosphère de l’hémisphère Sud. En effet, six mois auparavant, le volcan Calbuco au Chili avait fait une importante éruption.
Suite aux mesures réalisées depuis le sol, ainsi que par des satellites et des ballons, les résultats semblent établir de façon convaincante, que le trou de la couche d’ozone est bien en train de se stabiliser, le rétablissement complet étant annoncé pour l’horizon 2050-2060.
Toutefois, les substituts des CFC, les hydrochlorofluorocarbones (HCFC), comme ceux commercialisés sous le nom de Fréon, sont de redoutables gaz à effet de serre. C’est pourquoi la communauté internationale a décidé, en 2016 à Kigali, de les inclure dans le protocole de Montréal, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique lancée par l’accord de Paris en 2015.