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02 january 2020 | La Revue POLYTECHNIQUE

La planète croule sous les déchets : constats et solutions

L’humanité produit chaque année plus de deux milliards de tonnes de déchets solides municipaux; de quoi remplir plus de 822’000 piscines olympiques. Selon les données réunies à l’échelle de  la planète par Verisk Maplecroft, les premiers générateurs de déchets par habitant restent les Américains. La Chine et l’Inde, à elles deux, additionnent certes plus du quart de la production de détritus mais leur peuplement cumulé représente 37 % de la population mondiale.
Verisk Maplecroft est une société internationale de conseils en risques et stratégies basée à Bath, au Royaume-Uni. Ses expertises se rapportent à l’estimation des menaces dans des domaines aussi divers que la politique, l’économie, les équilibres sociaux ou l’environnement. Ses analyses sont notamment destinées aux entreprises et aux investisseurs actifs à l’échelle mondiale. Son enquête sur les déchets a porté uniquement sur les détritus solides ramassés par les collectivités publiques, y compris les plastiques et le gaspillage alimentaire. Son équipe a minutieusement collecté les données mondiales accessibles au public, notamment statistiques, ainsi que celles fournies par les universités.
 
Les déchets urbains produits en une année sur la planète pourraient remplir plus de 800’000 piscines olympiques.
 

 
Les États-Unis champions de la production de déchets par habitant
Les chiffres obtenus démontrent sans ambiguïté qu’en moyenne les Américains produisent trois fois plus de déchets que la moyenne mondiale. Chaque Américain génère près de 773 kg de déchets solides par an dont une part substantielle de plastiques. La production américaine de déchets par habitant est ainsi trois fois plus importante que celle de la Chine et sept fois supérieure à celle de l’Éthiopie. Les États-Unis représentent 4 % de la population mondiale mais génèrent 12 % des déchets solides de la planète.
De plus, selon Will Nichols, responsable du secteur environnement chez Verisk Maplecroft, «les États-Unis sont le seul pays développé dont la production de déchets dépasse sa capacité de recyclage, ce qui témoigne d’un manque de volonté politique et d’un défaut d’investissements en termes d’infrastructures».
Actuellement, les États-Unis ne recyclent que 35 % de leurs ordures contre 68 % pour l’Allemagne qui est désignée comme le pays qui obtient le meilleur résultat dans ce domaine. À l’échelle de la planète, seuls 16 % des déchets solides sont recyclés, ce qui est dérisoire compte tenu des quelque 21 à 22 milliards de tonnes générés annuellement.
 
La Suisse peut mieux faire…
Verisk Maplecroft place la Suisse dans la catégorie «peut mieux faire», au même titre par exemple que l’Autriche, les Pays-Bas ou le Canada. Les derniers chiffres de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV - Division Déchets et matières premières) portent sur 2017 (Liechtenstein compris). Cette année-là, chacun des  8’484’100  habitants de ce pays  (auxquels il faut ajouter les 37’800 de la petite principauté voisine) a généré en moyenne 703 kg de déchets «urbains» pour un total qui frise les 6 millions de tonnes. Si l’on en croit l’OFEV, 47 % ont été incinérés et près de 53 % ont été recyclés. Une statistique qui ne tient évidemment pas compte des décharges sauvages. La Suisse ne serait donc pas très loin des États-Unis en matière de production de déchets solides per capita; en revanche elle serait sensiblement plus performante qu’eux pour le recyclage, mais notablement moins que l’Allemagne.
 
Infrastructures et économie circulaire
Dans ses conclusions, Will Nichols constate que les pays asiatiques sont de moins en moins enclins à recevoir contre rémunération les déchets, souvent toxiques, des pays industrialisés pour les enfouir ou plus rarement pour les traiter. Au cours de cet été, l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines ou encore le Sri Lanka ont renvoyé à l’expéditeur (États-Unis, Royaume-Uni, France, Australie, etc.) des dizaines de conteneurs gorgés de déchets de toutes sortes.
Face à ce mouvement, le responsable du secteur environnement chez Verisk Maplecroft estime que les pays riches font désormais face à un dilemme: «la première option de l’alternative consiste à investir à grande échelle dans la gestion des déchets; à collaborer pour organiser des solutions de rechange et trouver des réponses dans l’économie circulaire. La seconde serait de chercher de nouvelles destinations pour exporter les déchets». Pour Will Nichols, entre ces deux options, un choix responsable s’impose d’urgence: «Nos recherches montrent que la seconde option est extrêmement risquée. Les exportations finiront par aboutir dans des pays incapables de gérer un afflux important de déchets, ce qui se traduira par davantage encore de pollution des sols, de l’eau, des mers et des océans».
 
Verisk Maplecroft
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