Le premier calculateur de l’humanité

Un jour de printemps 1900, des pêcheurs d’éponges découvrent l’épave d’une galère romaine, longue d’une trentaine de mètres, tout près des côtes de la petite île grecque d’Anticythère, entre Cythère et la Crète. Le navire, à destination de Rome, aurait sombré lors d’une tempête. L’ex ministre Spiridon Stais s’aperçoit alors qu’un agglomérat rapporté du site recèle des inscriptions et des engrenages incrustés. Un examen révèle qu’il s’agit d’un mécanisme oxydé, dont il reste trois morceaux importants et 82 fragments plus petits. Quelques mois plus tard, l’État grec organise la première grande expédition archéologique sous-marine des temps modernes. L’épave est datée d’environ 60 av. J.-C., tandis qu’une grande partie de sa cargaison est antérieure au II^e siècle av. J.-C. On y retrouve également des amphores provenant de Rhodes et de l’île de Kos, qui ont pu être datées de la même époque que celle des pièces, ainsi que des verreries et de nombreuses sculptures de bronze et pierre, évoquant un butin.

Parmi les trouvailles remontées à la surface, un petit objet en bronze, comprenant des rouages et des inscriptions, est daté de 250 à 200 av. J.-C. Appelé «la machine d’Anticythère» ou «le mécanisme d’Anticythère», il est classé dans la grande famille des instruments astronomiques. Les spécialistes ont depuis, déterminé qu’il s’agit d’une machine à calculer astronomique et calendaire, considérée comme le premier calculateur analogique de l’humanité.

Depuis 2014, un projet de recherche international a repris les recherches subaquatiques qui ont apporté des résultats particulièrement importants ces deux dernières années. C’est pourquoi, le lundi 22 janvier l’Unité d’archéologie classique de la Faculté des lettres de l’Université de Genève (UNIGE) a organisé une conférence publique, intitulée «Nouvelles recherches à Anticythère», qui a exposé les défis technologiques et les dernières découvertes de la fouille subaquatique en profondeur d’Anticythère.